En ayant ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) le 15 juillet 1993 et le Protocole de Kyoto le 22 janvier 2003, la Tunisie se doit donc, de mettre en œuvre des politiques et mesures visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De ce fait, notre pays a désormais la possibilité de monter des projets éligibles au titre du Mécanisme de Développement Propre (MDP) visé à l'article 12 du Protocole de Kyoto. C'est dans ce contexte que la Société Tunisienne d'Electricité et du Gaz (STEG) a organisé, le vendredi 24 décembre 2010, dans son siège social à Tunis, un séminaire de consultation des parties prenantes sur son projet MDP de distribution gratuitement d'un million de lampes à basse consommation (LBC) au profit de 400.000 clients résidentiels de faible niveau de vie (2 à 3 lampes par famille), souscrivant au tarif économique 1 à 2kVA et consommant moins de 50 kWh par mois. Ce programme de distribution comprendra également des actions de récupération des lampes à incandescence à remplacer par les LBC, le principe étant qu'une lampe à incandescence est récupérée pour une LBC livrée. D'autre part, un programme de destruction des lampes récupérées sera également mis en place ainsi qu'un système de monitoring afin de prouver les émissions évitées. Toutes ces exigences sont préconisées par la méthodologie de ligne de base qui sera utilisée par le projet. Un projet à vocation socioéconomique Selon M. Othman Ben Arfa, P-DG de la STEG, ce projet s'inscrit dans le cadre du Programme de maîtrise de l'énergie 2008-2011 décidé par son Excellence Monsieur le Président de la République Zine El Abidine Ben Ali, lors du Conseil Ministériel du 15 janvier 2008, appelant à réduire la consommation nationale d'énergie de 2% à l'horizon 2011, et dans le cadre du mécanisme pour un développement propre (MDP). Il a déclaré : « Soucieuse d'apporter le maximum de contribution à cet effort national, la STEG a opté pour la mise en œuvre d'un ensemble de moyens d'actions dont la réduction de consommation de l'énergie dans l'éclairage des ménages par l'acquisition d'un million de Lampes à Basse Consommation et les distribuer gratuitement aux clients résidentiels de faible niveau de vie et ayant de très faibles prédispositions à acquérir des LBC aux prix actuels du marché… La base de données de la STEG recense actuellement 400.000 clients résidentiels dans cette catégorie. Cette puissance souscrite, et le niveau de consommation correspondant, sont le reflet du niveau de vie modeste des ménages composant cette catégorie de clients, conséquence d'un faible taux de possession d'équipements électroménagers. Cette consommation provient donc principalement des besoins d'éclairage, et de quelques autres équipements comme la radio et la télévision. » Atteindre un gisement d'économie d'énergie M. Ben Arfa a rappelé que les pouvoirs publics ont toujours mis en place plusieurs actions d'envergure encourageant l'utilisation des LBC (contrats programmes, exonération de TVA, paiement du droit de douane minimum de 10%, compagnes de communication au près du grand-public), entrainant une baisse significative de leurs prix sur le marché national. Sauf que les prix des LBC demeurent encore assez élevés pour la catégorie des clients ciblés les empêchant d'accéder à cette technologie, et par la même écarter la possibilité d'atteindre un gisement d'économie d'énergie. Selon M. Laroussi Chebbi, Directeur Commercial de la STEG, ce projet dont les coûts sont estimés entre 2,7 et 3 millions serait mené par la Société Tunisienne d'Electricité et du Gaz, qui dispose de toutes les informations nécessaires pour cibler les clients, et leur distribuer les LBC dans les meilleurs conditions techniques et logistiques. M. Chebbi a d'ailleurs présenté lors de son intervention des statistiques sur l'état des lieux des points d'éclairage entre 2004 à 2009 qui ont évolué de 15 000 000 à 17 000 000 avec 85,40% de lampes à incandescence en 2009 contre 92,80% cinq ans avant. Avec une consommation par point d'éclairage en 2004 évalué à 70kWh diminué à 57kWh cinq ans après. Des revenus estimés à 3,9 millions de dinars sur 10 ans Concernant la structure de la consommation de l'électricité des ménages tunisiens en 2009, selon M. Chebbi, celle-ci nous offre les statistiques suivantes : Réfrigérateur (38%, en baisse), Télévision (23%, en augmentation), éclairage (17%, en baisse), chauffe eau (4%, en baisse), chauffage (3%, en baisse), Climatisation (4%, en hausse) et Autres (11%, en hausse). Il a souligné aussi que la Tunisie souffre d'une pointe d'éclairage aux alentours de 2325MW tous les soirs (enregistrée à 18h, comme l'attestent les mesures du 16/12/2010) et que ces dernières années une forte consommation de l'électricité cause par une utilisation massive des climatiseurs en été (une consommation de plus de 2325 MW à partir de 7h00 du matin jusqu'à 1h00 du matin, enregistrée le 23 juillet dernier). C'est dans ce contexte que la STEG a entamé son projet MDP d'acquisition d'un million de lampe à basse consommation (LBC) au près de trois fabricants tunisiens : SIAME (600.000 unités de 18W), FAWANIS (100.000 unités de 20W) et DLU (300.000 unités de 21W) : une démarche qui va sans aucun doute contribuer dans la promotion du marché tunisien de LBC et renforcer la pérennité des unités industrielles opérant dans le secteur tout en ayant des répercussions très positives sur l'emploi. Sur le plan économique, le projet permettra de générer des revenus MDP (revenus de la vente des crédits carbone qui permettront de financer le projet : acquisition des LBC par la STEG, distribution, préparation du projet, logistique, personnel, etc.), provenant de sources extérieures et en devises, équivalent à 3,9 millions de dinars sur les 10 années de durée de crédit. Quant aux économies d'énergie réalisables sur la période 2009-2019, elles sont estimées à 354 GWh (un gain aux alentours de 55 W par lampe) ; équivalent à 88.000 tep d'énergies primaires, ce qui permettrait un gain net de l'ordre de 48 millions de DT sur toute la durée de vie du projet en valeurs non actualisées (c'est-à-dire en considérant un prix international du gaz de l'ordre de 50DT/tep en 2009, et une croissance annuelle de ce prix de 2,5% par an, durant les années suivantes).