La crise économique a freiné l'activité touristique. Les touristes dépensent moins. Il suffit de sillonner certaines stations touristiques du pays pour voir des rangs de chaises longues clairsemés sur les plages, des tables vides aux terrasses de café à Hammamet, à Sousse ou à Djerba. Pourtant ils sont plus de 7 millions à visiter notre pays. Pourquoi nos recettes sont en baisse ? Le profil du client a-t-il changé ? La crise a-t-elle eu un impact sur le pouvoir d'achat de nos visiteurs ? La baisse du pouvoir d'achat de la clientèle n'a pas contribué à renflouer les caisses des professionnels durant la saison 2010. On estime une moyenne de dépense oscillant entre 400 et 500 dollars par touriste en Tunisie contre 700 à 1200 euros au Maroc. Pourquoi cette faiblesse des recettes ? L'heure est aussi aux économies. Sur nos plages les touristes louent un parasol mais ils apportent des sandwiches pour manger sur place. Les vacanciers ont modifié leurs habitudes. « Les clients prenaient le temps de réfléchir avant de consommer, même pour des tarifs préférentiels » nous dit Abdelatif, un directeur d'hôtel. Tarak, un hôtelier ajoute que « l'all inclusive a tué la consommation. La clientèle qui a payé tout son séjour avant de débarquer à Hammamet ou Sousse se contente des prestations offertes à l'hôtel. Certains touristes préfèrent acheter l'eau voire même les boissons de l'extérieur. Chose ce qui répercute sur nos recettes. Personnellement, si ce n'était pas les tunisiens, nous aurons du fermer nos bars et cafés » Les touristes comparent les prix avant d'acheter. Avec des petits budgets, ils ne sont portés sur la consommation. « On comprend mieux les origines des vacanciers majoritaires qui viennent chez nous. Ce tourisme de masse ne pourra contribuer à augmenter nos recettes » « La demande est très forte témoigne Mehdi, un animateur. Mais les clients consomment moins de services annexes. Ils sont toute la journée en train de se bronzer sur nos plages. A midi et à 19 heures, ils attendent leur tour pour déjeuner ou pour dîner. Nos barbecues et restaurants à la carte sont particulièrement désertés le midi et le soir ». Fini l'âge d'or des clients dépensiers ! Il est vrai que les bars, restaurants et cafés sont de moins en moins intégrés dans le circuit touristique, du fait de la qualité de touristes démunis qui viennent en Tunisie. Les dépenses des touristes ne suivent pas la même courbe que la fréquentation. Tous ces facteurs font que nos recettes stagnent. Pourtant, notre pays offre de bons produits avec un bon rapport qualité-prix. Le comportement du client a changé. Sollicité par toutes les destinations, courtisées par de prix de plus en plus bas, le client se croit tout permis. Certes disait Afif Kchouk hôtelier « le client est roi. Il voyage, désormais, plus d'une fois par an. Mais à chaque fois, il reste moins longtemps et dépense moins d'argent. Aujourd'hui, le touriste est averti. Fini les temps où il achetait n'importe quoi à n'importe quel prix. Il compare d'un magasin à l'autre et d'un pays à l'autre. Dans les souks, les commerçants n'ont pas encore compris cette nouvelle mentalité, ou plutôt ils ne veulent pas l'accepter. Ils sont stressés, énervés et énervants, car ils veulent vendre à tout prix leurs grands stocks de produits. Et ils confondent entre agressivité commerciale et harcèlement. Dans les hôtels, le sourire a disparu avec le pourboire. Et le personnel est désabusé de voir sur les terrasses des piscines des clients se partager un magnum de coca cola acheté chez l'épicier du coin. Fini l'âge d'or des clients distingués qui dépensent beaucoup d'argent. » Donc à nos professionnels de changer de stratégie et d'opter pour cette clientèle à haute valeur ajoutée. Nos voisins sont en train de faire mieux, d'aller plus vite et de réviser leurs choix. Ce que nous faisons, n'est en fait, pas assez. Il est opportun de revoir e chapitre des dépenses et des recettes de notre tourisme. Il est surtout temps de commencer à agir. Les idées sont claires. Il ne reste qu'à les concrétiser !