Le constat est évident et, de l'avis de tout le monde, les coûts de la villégiature sont très élevés. Ce point de vue est partagé, que l'on soit à la Goulette et la Marsa, à Sousse, à Kélibia, ou encore à Djerba, Tabarka et Yasmine Hammamet. Pourtant, et si l'on se réfère à l'affluence, ces lieux paraissent très prisés et il arrive de ne point trouver de table vide sur la terrasse d'un café ou de chambre vide dans un hôtel... C'est donc ce véritable paradoxe entre les coûts élevés d'un côté, et la grande affluence de l'autre, et c'est ce contraste qui mérite d'être analysé. A première vue, il ressort des commentaires des uns et des autres que c'est une spirale où tous les éléments sont enchevêtrés : D'une part, les professionnels évoquent le loyer cher, l'amortissement du fonds de commerce, le coût des ingrédients, les frais d'entretien et même la couverture sociale des employés. D'autre part, les clients font une approche comparative et dénoncent la chèreté de la villégiature en Tunisie en comparaison avec les autres places sur la Méditerrannée. Ils prétendent qu'il est possible de séjourner à Charm Cheikh à un coût beaucoup moins cher que Djerba. Ils disent que louer un bungalow en Espagne est, encore faut-il connaître les circuits, aussi cher que Hammamet. Sans oublier, bien-sûr, les annexes de la distraction et notamment les restaurants, les cafés, les bars et les boites de nuit. Et pour ces services, aussi, les avis sont partagés. Si les uns trouvent que ces prix sont en harmonie avec les prestations présentées, les autres pensent que les professionnels n'ont pour seul objectif que renflouer leurs caisses.
L'équilibre recherché Pour tout observateur avéré, les loisirs représentent désormais une marchandise et qui répond, par conséquent, à la loi de l'offre et de la demande. Donc, les professionnels réagissent en fonction de la réaction de leur clientèle. Or, cette clientèle connaît une affluence record pendant ces deux mois. Donc, « comment voulez-vous que les prix baissent alors que les clients s'arrachent les sièges et les tables ? Comment voulez-vous qu'il révise ses prix alors que les clients s'arrachent des pizzas médiocres à dix dinars la pièce à Yasmine Hammamet ? Seul le client peut réguler les coûts de la marchandise. Et ce client est actuellement emporté par la frénésie du désir de se défouler. », constate un père de famille, en tournée avec ses enfants à Hammamet. Il poursuit : « J'ai casqué soixante dinars pour une petite soirée au bord de la plage pour quatre personnes. Il n'y avait pas de boissons alcoolisées. ». Les citoyens ont des soucis de recherche de loisirs de qualité, d'une part, et des réserves quant aux dépenses. Mais, est-ce possible ? Mourad SELLAMI
Du côté de la clientèle : « Il n'est plus possible de se permettre les grandes sorties familiales »
Autant le constat de l'affluence est évident. En effet, il est rare de trouver une chaise vide sur toutes les terrasses des cafés de toutes les plages tunisiennes de Tabarka à Zarzis. Autant ce public conteste les prix pratiqués : « La courbe des prix n'est point en harmonie avec le rythme du coût de la vie. La Tunisie dispose de plus de 1300 kilomètres de côtes. C'est un producteur de poissons nobles et pourtant, les 100 grammes de poisson sont proposés à plus de cinq dinars. Un plat de poisson grillé revient à plus de trente dinars. Cette remarque est aussi plausible pour les crustacés, les autres grillades et, même, pour les « briks ». Rien n'est plus à la portée. C'est pourquoi, on ne peut plus se permettre les grandes sorties familiales. Histoire de changer de goût. Maintenant, il est préférable d'aller dans les cafés. Là, au moins, c'est plus abordable. D'ailleurs, ce sont les jeunes qui font monter les enchères. Comme ils dépensent un argent qu'ils n'ont pas sué pour le gagner, ils se permettent de le dépenser facilement. » M.S.
Du côté des professionnels : « les charges sont très lourdes alors que les recettes sont saisonnières »
Le mécontentement ne se limite pas aux clients. Les professionnels ne sont pas, eux-aussi, satisfaits. Malgré l'affluence notable sur les terrasses de leurs commerces respectifs, ils ne paraissent pas satisfaits et crient à la hausse des charges : « Le client n'a aucune idée sur les charges subies par le gestionnaire des lieux. Il voit uniquement le coût de la pizza comme s'il l'a préparée chez lui. Or, il oublie qu'il n'a pas de loyer à payer, ni de taxes municipales à régler. La couverture sociale n'est pas son souci. Et ce n'est pas lui qui se lève tôt le matin à la recherche des fruits de mer pour cette pizza. Il ne sait pas qu'en été, le poisson et les fruits de mer sont quasi-inexistants sur les sites touristiques. Et puis, honnêtement, je dois gagner pendant la saison estivale le bénéfice de toute l'année car, pour les autres mois, il s'agit de se limiter à couvrir ses frais si on ne ferme pas. Sans oublier que le loyer de cette gargote s'élève à plus de deux mille dinars qu'il faut débourser. Donc, notre gestion est annuelle et plusieurs, parmi nous, vivent des difficultés en raison de la rude concurrence et des mois de vaches maigres en hiver. Il ne faut jamais juger sur les apparences. ». Ce constat de professionnel reflète leur point de vue général.