La politique néolibérale imposée à la Tunisie depuis l'instauration en 1987 de la dictature de Ben Ali, à accéléré l'endettement du pays au point de le rendre quasi-dépendant des créanciers par le truchement des intérêts. Selon des données de la Banque mondiale, l'accélération de l'endettement a conduit au faux miracle économique qu'on connait par la mise en place du mirage de la croissance basée sur la dette et non sur la réelle économie. Comment se fait-il que la Tunisie a eu recours à un endettement croissant, alors que le FMI (Fonds monétaire international) n'a cessé de vanter le miracle économique tunisien et de présenter le pays comme un exemple à suivre partout en Afrique et en particulier au Maghreb ? La réponse réside dans le fait que le miracle était un mirage : si la Tunisie a connu une période de croissance soutenue c'est parce qu'elle s'est financée au travers d'un endettement soutenu qui, non seulement créé le mirage de la croissance, mais au contraire est de nature contreproductive. Pour analyser de manière objective et rigoureuse ce que représente l'endettement de la Tunisie, il convient d'étudier l'évolution du stock de la dette avec et sans les intérêts. On peut alors constater, pour l'année 2009, que les créanciers réclament à la Tunisie 28 426,7MTND de dette dont 8 802,7 MTND (30,97% du stock de la dette) pour le capital et 19 623,9 MTND (69.03% du stock de la dette) pour les intérêts. Avec la méthode alternative, on peut prendre conscience de l'évolution réelle du stock de la dette et s'apercevoir alors de la différence qu'apporte le paiement des intérêts sur celle-ci en l'évaluant en TND plutôt qu'en %. La différence est immense : en 2009, la Tunisie devait payer 2,23 fois le capital de sa créance uniquement pour honorer les intérêts sur sa dette; autrement dit, sur les 40 dernières années, les intérêts ont englouti plus de deux fois la somme qui a été prêtée à la Tunisie. Si on compare le cumul des paiements des intérêts de la dette depuis 1990 à 2009, on s'aperçoit qu'il dépasse les dépenses réalisées par l'état et ce depuis 1998. Ceci illustre le frein au développement que représente le paiement des seuls intérêts de la dette extérieure sur les investissements intérieurs qu'aurait pu être réalisé par l'état tunisien. Depuis, 1990, année initiale correspondant à l'existence des données de dépenses de l'Etat à la banque mondiale, la Tunisie a payé 16 715,7 MTND pour le paiement des intérêts uniquement. Comment dans ces conditions peut-on dire que l'endettement d'un pays permet son développement ? L'endettement est un outil pour spolier les économies et les richesses d'un pays, par l'intermédiaire des intérêts qui sont appliqués par les créanciers et qui s'enrichissent avec chaque nouvelle dette contractée.