On a beau le savoir, il y a tout de même des moments où l'on trouve cette situation plus ou moins insupportable. La crise est là, bien là, indéniablement présente dans la vie quotidienne de centaines de millions de personnes à travers tous les continents. Il est assez évident que cette crise est le fruit des excès d' un système financier porté aux nues par une mécanique ultralibérale , une culture du résultat immédiat au détriment de toute logique de développement et de croissance durable au sens générationnel du terme, le genre d'excès qui érige la dette en vertu, qui favorise la création d' instruments financiers détachés du monde réel dans le seul but de générer des profits en dehors de toute activité entrepreneuriale, par le miracle de l' ingénierie financière . Bien que cette logique ait prouvé ses limites lors de l'implosion des dérivés toxiques en 2007, les principaux acteurs de ce marché sont parvenus à s'extraire du bourbier dans lequel ils ont entrainé les économies occidentales par le biais de mécanismes de sauvetage mis en place par les banques centrales sous l'égide de la Fed. Nos banquiers centraux ont donc inflaté les masses monétaires à un rythme exceptionnel pour combattre cette crise, ont sauvé le secteur bancaire ( enfin....la crème du secteur, uniquement les plus toxiques) via différents programmes comprenant à la fois recapitalisation, rachat d'actifs toxiques, prises de participation, ZIRP, et autres joyeusetés qui ont très concrètement abouti à un seul résultat concret; le transfert de la dette privée vers le secteur public, ce que d' aucuns ont encore traduit par la privatisation des gains et la socialisation des pertes. Wall Street est ultra libérale quand elle est dans le vert, et vire au socialisme quand il faut éponger ses pertes. Hausse des faillites bancaires. Il ne reste désormais à l'ensemble des contribuables qu'à payer les frais des erreurs du système, ce qui n'est pas un fait nouveau dans l'histoire économique moderne . Mais au fait qu'a-t-on sauvé ? Officiellement, les Etats ont sauvé le secteur bancaire, pilier incontournable de notre système économique. La réalité est plus nuancée, surtout aux US. Quels ont été les principaux bénéficiaires des plans de sauvetage US ? Les organismes de crédit immobilier qui ont effectivement un rôle de courroie de transmission vers les ménages, mais surtout, le sauvetage du secteur financier s'est concentré sur les principales banques d'investissement, les primary dealers, et la plupart des principaux émetteurs de produits dérivés, pour une double raison. Primo , ces acteurs travaillent directement avec la Fed ou le Trésor US dans la plupart des cas , et secundo , l' implosion de ces dérivés toxiques , CDO , CDS et consorts , créait un véritable trou noir susceptible d' aspirer l 'ensemble des structures de Wall Street dans la déflation . Désormais, ce trou noir ne menace plus ces Big Banks, qui ont bénéficié des largesses de la Fed, mais il continue à aspirer des pans entiers de l'économie réelle, y compris de nombreux acteurs du secteur bancaire, les petits poucets régionaux qui n' ont pas eu accès à la manne céleste réservée à la nomenklatura financière . La reprise n'est que le fruit de la monétisation de la dette. Le transfert de la dette vers le secteur public n'a rien résolu pour l'économie réelle, mais c'est le contraire qui est arrivé. Seule l'élite bancaire a bénéficié de ce transfert. Durant la crise , la Fed a mis en place un réseau destiné à fournir les liquidités suffisantes à la majorité des banques centrales pour assurer la liquidité des marchés , tout en réduisant ses taux à zéro ( ou presque ) , et en appliquant la politique du Quantitative easing précédemment utilisée au Japon afin d'inverser la course des indices , bien que l' expérience du Nikkei n' ait pas été concluante . Peu importe ! Aux yeux de la Fed, les USA disposent d'une artillerie lourde qui leur permettra d'échapper aux lois de la pesanteur ...
La dette souveraine, un problème européen, américain et japonais. Il ne faut pas pour autant se voiler la face. L'Europe a de sérieux problèmes, et un manque de cohésion dans sa gouvernance, ce qui handicape sérieusement toute prise de décision. La Grèce en paie le prix fort, et l'effet de domino joue en défaveur du secteur bancaire européen, gorgé de ces dettes à haut risque. Néanmoins, comme le souligne une récente étude de Scotia Capital, toute progression de la crise souveraine se traduira par un effet direct de contagion vers les USA et la Grande Bretagne, également en situation délicate. A terme, le $ en fera à nouveau les frais, car l'aversion au risque ne connait pas les frontières... Une reprise économique ? Qu'il est beau le miracle de l'économie virtuelle..... Aussi, pour achever cette chronique, je voudrais simplement signaler que le sauvetage organisé du secteur financier aux USA n'a eu pour seul effet réel que de préserver les émetteurs de produits dérivés, sans améliorer les conditions de survie des ménages et des entreprises. A peine tirés d'affaires, ces gros acteurs se sont empressés de souligner les faiblesses structurelles de l'Europe, dans le cadre d'une lutte institutionnelle entre les principaux blocs commerciaux, destinée à réorienter les flux de capitaux vers les USA. La manœuvre a réussi, mais il était temps qu'elle prenne fin, la contagion ayant commencé à atteindre les rives de plus en plus polluées de l'Amérique. Quelqu' un a soulevé le couvercle de la boite de Pandore du risque souverain. Celui-ci ne se refermera pas de sitôt. Désormais, au fil des trimestres, de nouvelles inquiétudes, de nouvelles poussées d'angoisse emporteront des pans du marché vers les abimes, Etat après Etat, toutes zones économiques confondues. Allemagne: l'institut IfW réduit les prévisions de croissance 2011 L'économie allemande va rebondir plus vigoureusement cette année que prévu au départ, mais l'affaiblissement de l'économie mondiale et le retrait des mesures de relance vont limiter la croissance en 2011, a indiqué jeudi l'institut d'études allemand IfW. L'institut table aujourd'hui sur une croissance du PIB de 2,1% en 2010, et de 1,2% en 2011. Au mois d'avril, un groupe d'instituts, parmi lesquels IfW, a annoncé qu'il prévoyait une croissance de 1,5% en Allemagne en 2010, et dans une étude séparée publiée en mars, IfW a déclaré miser sur une hausse de 1,8% du PIB pour 2011. "Les mesures budgétaires vont avoir un effet modérateur [l'an prochain] et l'économie mondiale va s'affaiblir davantage qu'on ne le pensait auparavant", a expliqué IfW. Ces commentaires font suite à la présentation la semaine dernière, par le gouvernement allemand, d'un plan d'austérité de 80 milliards d'euros pour les quatre prochaines années. France: Malgré la reprise, l'économie devrait-elle rattraper son retard? Malgré le redémarrage de la croissance française après la récession, le produit intérieur brut (PIB) du pays ne devrait pas rattraper le retard pris avec la crise, selon le scénario privilégié par l'Insee et détaillé il y a deux semaines. Selon ce scénario, la croissance finirait par retrouver son rythme d'avant crise, mais une partie du "terrain perdu" ne serait jamais rattrapé. En dehors de toute intervention des pouvoirs publics pour réduire la dépense, le ratio dette sur PIB serait accru de 40 points à l'horizon 2018. Une envolée qui s'expliquerait par la perte de recettes pendant la crise et la hausse des intérêts de la dette qui en découle. "Il ne s'agit pas d'une prévision", mais d'une hypothèse, a toutefois précisé Didier Blanchet, chef du département des études économiques de l'Institut national de la statistique, lors d'une conférence de presse. Dans ses dernières prévisions, le gouvernement français s'attend à ce que la dette progresse jusqu'en 2012 (à 83,2% du PIB en 2010, 86,1% en 2011 et 87,1% en 2012), puis reflue à 86,6% en 2013. "La crise a fait perdre à la France, irrémédiablement, environ 3 points de PIB de recettes fiscales et sociales", a chiffré Jean-Philippe Cotis, le directeur général de l'Insee. "La croissance redémarre assez normalement mais il reste une cicatrice", a-t-il ajouté. Selon lui, le déficit structurel des finances publiques s'est ainsi dégradé de 3 points de PIB de manière permanente et les pouvoirs publics vont devoir corriger ce déséquilibre. Royaume-Uni: pas d'intégration à la zone euro en vue Au placard l'Euro! Le nouveau ministre britannique des finances, Georges Osborne, a annoncé il y a une semaine que le service chargé de travailler sur une future adhésion du Royaume-Uni à l'euro, serait purement et simplement dissous. L'annonce ne constitue pas vraiment une surprise, après le retour des conservateurs, traditionnellement eurosceptiques, au pouvoir à Londres. Elle prend cependant une dimension particulière dans le contexte actuel de crise de la dette grecque, qui a déclenché une crise confiance des marchés vis-à-vis de l'euro. Crise accentuée par les difficultés des pays de l'Union à s'accorder sur des règles budgétaires commune pour prévenir le risque de contagions à d'autres pays. Rappelons que Londres s'est engagé à ramener son déficit budgétaire de 11% de son PIB en 2010 (exercice à fin mars) à 1,1 % du PIB d'ici 2015-2016, grâce à un plan d'économies draconien de 84 milliards de livres sur 5 ans, soit 100 milliards d'euros. Zone euro : La Grèce voit le bout du tunnel selon son ministre des finances Contrairement aux marchés, qui étaient encore très inquiets du cas de la Grèce il y a quelques semaines, le ministre des finances grec estime que son pays parviendra à surmonter sa crise budgétaire sans avoir recours à une restructuration de sa dette. George Papaconstantinou, qui s'exprimait dans le cadre d'un entretien accordé au journal allemand Handelsblatt, a toutefois reconnu que la Grèce doit faire face à ''un problème de crédibilité'', malgré les mesures d'austérité mises en place. Rappelons à ce sujet qu'une délégation de l'UE, du FMI et de la BCE a estimé la semaine dernière que la Grèce mettait correctement en place les réformes économiques auxquelles elle s'est engagée en échange du plan d'aide de 110 milliards d'euros sur trois ans accordé par l'UE et le FMI. Papaconstantinou a également déclaré voir ''le bout du tunnel'', et que la Grèce devrait terminer l'année ''mieux que prévu'', mais que la reprise ne devrait pas être au rendez-vous avant le milieu de l'année 2011.
Afrique: rôle des Etats dans l'économie du marché - La BAD comme éclaireur Face à la crise financière, le débat autour du rôle des Etats africains dans l'économie s'est fait de façon discordante. Dans cet état de fait, la Banque africaine de développement (BAD) a choisi d'orienter les différents Etats africains sur leur fonction fondamentale. Le rôle de l'Etat dans l'économie a toujours été un sujet prêtant à controverse. Pendant la crise économique mondiale l'on a vu et constaté les limites du capitalisme qui depuis plusieurs décennies a été la voie idéale pour atteindre le développement durable. Aujourd'hui, même si les Etats africains ont livré une résistance héroïque face à cette récession mondiale, il est de plus en plus manifeste que l'ère du néolibéralisme pur et dur est révolue. A ce titre, la conception conventionnelle du rôle de l'Etat dans l'économie de marché fait l'objet d'une importante remise en question. D'où la nécessité pour le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) de définir ces responsabilités en éclairant les Etats africains sur leur rôle prépondérant. Ainsi pour la BAD, les Etats et décideurs africains doivent être informés sur le type de fonction qu'il convient de laisser au secteur privé et les autres responsabilités pouvant revenir à l'Etat. Pour l'institution financière, l'Etat doit, s'engager, en fournissant, en prêtant main forte, en assurant et en servant d'arbitre ou en attirant différents acteurs dans le secteur. Car il existe des activités dans lesquelles l'intervention de l'Etat est préjudiciable, indésirable ou même inefficace. Dans la mesure où elle entrave les efforts des entités privées. Selon la BAD, il est alors inopportun de s'appesantir sur des concepts idéologiques ou faire des déclarations à l'emporte pièce en faveur de l'économie libérale ou de l'économie dirigée. La solution pour la BAD, réside plutôt dans l'instauration d'un environnement porteur, propice à maximiser les complémentarités entre secteur public et privé à travers des partenariats entre entreprises publiques et privés pour la réalisation de certains grands projets de développement. Et aussi trouver des options en matière de gestion du secteur public qui maximise également la contribution de celui-ci tout en optimisant les synergies avec le secteur privé. Ceci sous la houlette de la Banque en tant que principal acteur de développement en Afrique.