Qui n'a pas encore fait grève ? A tort ou à raison. Cela devient un sport national. Aucun secteur d'activité n'y a échappé. La croissance n'a pas dépassé 1,7% en ce premier trimestre 2015. Le chef du gouvernement vient de ce fait d'annoncer que toute grève, légale ou illégale, implique retenue sur salaire en nombre de journées de travail perdues. Autant dire, les jours du débrayage ne seront plus, désormais, payés. Toutefois, cette mesure ne semble pas être entendue de cette oreille par les grévistes. Ce qui remet en cause l'autorité de l'Etat. Il n'y a pas un jour qui passe sans assister à un défilé de protestataires demander mille et une revendications, dont certaines paraissent illusoires à tous les égards. D'autres sont même anecdotiques, relevant du dérisoire. Entre-temps, l'économie continue à en subir de plein fouet les contrecoups. Combien d'entreprises et d'unités de production saignent à blanc, et voient leurs pertes se chiffrer en milliards. Le cas de la CPG de Gafsa est l'exemple édifiant quant à une certaine mauvaise gestion de ses crises professionnelles internes. Sinon, son manque à gagner cumulé au fil des mois depuis la révolution aurait dû lui couvrir tous les frais. A condition que soit bel et bien honoré l'engagement pris, à maintes fois, au sujet des revendications de son personnel. Et que les promesses de recrutements affluant de toutes parts soient pleinement tenues, sans détours. Empêcher de travailler Aujourd'hui, tout site censé productif, faisant pression, tente de jeter un pavé dans la marre et de rentrer dans un bras de fer interminable avec le gouvernement, sur fond de chantage à n'en plus finir. Certes, il est vrai que la grève est un droit constitutionnel, mais son caractère abusif n'est pas, non plus, tolérable. Une grève de trop risque de verser dans l'anarchie. Et là, toute situation démesurée est en passe d'échapper à tout contrôle. Et il est peu probable d'y apporter, aisément, la solution appropriée. Quitte à s'engloutir dans le statu quo persistant. Tel fut l'état des lieux quasi généralisé. Du nord au sud du pays, les machines de production sont presque en panne. Outre les chemins de fer, l'école, l'hôpital, voilà que les centres de formation relevant de l'Agence Tunisienne de la Formation Professionnelle viennent de fermer, ces derniers jours, leurs portes face à des centaines de stagiaires. Selon des témoins, l'appel à la grève du secteur de la formation professionnelle semble être forcé. Cela dit, leur syndicat de base a tout fait pour pousser à débrayer de la sorte. L'ATFP, à Lafayette dans la capitale, a vu son siège carrément cadenassé. Ceux qui ont rejeté ce drôle de comportement se sont trouvés empêchés de travailler. Il est scandaleux d'agir ainsi, comme si l'agence était un bien acquis propre à lui, s'étonne un des employeurs. D'autres ont dit que le syndicat n'en a fait qu'à sa tête, voulant imposer son mot d'ordre. Bref, cette grève n'a pas été en règle, vu la manière dont elle a été observée. De son côté, le syndicat de base défend sa cause, réclamant que ses revendications soient satisfaites. Des revendications qu'il qualifie de légitimes, en tête desquelles un statut organisant le secteur, la restructuration de l'ATFP et l'octroi des primes au titre des nouvelles promotions professionnelles. Faute de quoi, la probabilité d'escalade n'est pas écartée, avertit le même syndicat.