Par M'hamed JAIBI Les commentaires critiques fusent de partout à l'égard du gouvernement, y compris parfois de l'intérieur de la majorité de coalition qui lui a accordé sa confiance à l'Assemblée. Mais aucun n'assortit ses mises en cause de la moindre proposition concrète. Ce qui est nouveau, cependant, c'est que plusieurs parmi les groupes parlementaires critiques affirment ne pas souhaiter le départ de Habib Essid et de son équipe. Hamma Hammami, porte-parole de la gauche radicale, est de ceux- là. Il reproche au chef du gouvernement de ne pas avoir pris certaines décisions pouvant clarifier ses objectifs aux yeux des couches populaires et les rassurer quant à l'avenir. Mais de quelles décisions précises veut-il parler ? Il évoque, de manière générique, le pouvoir d'achat, la fiscalité, la couverture sociale, la santé, le développement régional, l'investissement... qui sont effectivement à réformer, mais tout en justifiant, comme beaucoup, les «légitimes» mouvements de protestation et grèves multiples qui déstabilisent le pays et décrédibilisent autant le site que la destination Tunisie. Mais, pas plus que les autres oppositions, il ne suggère nulle réelle décision salutaire évidente que le Premier ministre aurait pu ou dû prendre. Les caisses sont vides et le pays se trouve contraint de s'endetter chaque jour davantage, sachant que les emprunts servent désormais à contenter les appétits grandissants de la revendication salariale, dont le signal a été donné par le bras de fer «fructueux» des enseignants du secondaire. Ce alors que le blocage du phosphate puis la campagne sur le pétrole ne manquent pas d'inquiéter les investisseurs. Au point que plusieurs compagnies pétrolières sont déjà parties. Dans ces conditions, que peut-on attendre du gouvernement? D'abord qu'il en appelle à la responsabilité de tous, au rassemblement le plus large. Et qu'il trouve auprès de toutes les forces patriotiques l'écho nécessaire. Afin de pouvoir engager le pays sur la voie de réformes, parfois douloureuses, et exigent la patience de tous. Le pays est désormais à la croisée des chemins. Le gouvernement refuse catégoriquement le moindre recours à la poigne de fer, que de plus en plus de facebookers privilégient désormais, face au chaos que suggère la folle campagne «Winou el petrol?» et à la poussée irrésistible des grèves revendicatives. De sorte que la balle est, en fait, dans le camp des syndicats et des partis non gouvernementaux. Face aux dangers qui guettent, tout ce beau monde doit mettre fin au délire et s'engager dans la voie consensuelle du salut. Celle du sauvetage du pays par sa remise au travail et l'arrêt de la folie revendicative. A l'heure où la démocratie républicaine est en place, une déstabilisation des régions et du pays ne pourrait profiter qu'aux ennemis de la démocratie et de la volonté populaire. Les gens complaisants à l'égard de cette folie doivent concrètement se prononcer sur les mesures et politiques concrètes que va annoncer Habib Essid, ou rendre public leur contre-programme, plutôt que d'alimenter et encourager davantage le délire.