Par M'hamed JAIBI La pression qu'exercent les frondes revendicatives et protestataires sur le gouvernement que dirige Habib Essid est de nature à déconcentrer et à désorienter les titulaires des divers départements et l'ensemble de l'équipe, ainsi que les diverses administrations publiques, au moment où, au terme de quatre années de marasme, d'hésitations et de «romantisme révolutionnaire», est à l'ordre du jour l'établissement d'une réelle stratégie nationale de relance et de développement devant remettre en ordre les divers fondamentaux du pays et introduire une batterie de réformes appelées à satisfaire graduellement les attentes économiques et sociales spécifiques de la révolution. Après la grève de la Transtu qui aurait dû être évitée, celle des enseignants aurait bien pu faire, à temps, l'objet de concertations pragmatiques efficaces et de médiations passantes, à l'image de celle engagée, hier, à l'initiative du président de l'Assemblée, connu pour ses atomes crochus avec l'Ugtt. Une chose est sûre, c'est que la rigueur doit enfin s'inviter en Tunisie, aux lieu et place du laxisme et du jusqu'au-boutisme qui ont prévalu ces dernières années, dans un environnement révolutionnaire qui ne savait manifestement ni comprendre ni compter. Le fait est, comme l'a bien fait remarquer le président de la République, que l'Etat n'a en fait pas les moyens matériels de satisfaire toutes ces revendications, fussent-elles logiques ou même légitimes. Car, et le ministre de l'Education le reconnaît volontiers, les enseignants sont effectivement mal payés. Mais, était-il vraiment utile d'en arriver à ce déplorable bras de fer entre professeurs et ministère, à cette piteuse implosion de la semaine bloquée, à ce spectacle d'enseignants humiliés par leurs élèves..., alors qu'il était question de rétablir l'autorité et le prestige de l'Etat, et de rétablir le rôle républicain de l'école publique ? La situation du pays exige, aujourd'hui, que tout le monde se remette au travail et que l'on tourne sérieusement le dos au surendettement et aux surcoûts. Que l'on fasse redémarrer la machine en mettant de son côté tous les facteurs de la pleine réussite, dont une meilleure pénétration technologique, une meilleure valeur ajoutée nationale, une bien meilleure productivité... Des paris qui nécessitent des investissements onéreux et la garantie de toutes les conditions pouvant booster de nouveau la sécurité, la stabilité et l'attractivité du site de production et de la destination Tunisie. Et des paris qui exigent que l'on relâche la pression sur le gouvernement.