Un programme de protection de la frange côtière financé par la Banque allemande de développement L'écosystème de l'archipel des îles Kerkennah est devenu de plus en plus fragile, menacé, à la fois, par des facteurs d'origine naturelle et anthropique. Paradoxalement, c'est le déterminisme naturel qui est en grande partie responsable de la dégradation progressive de l'île. En effet, l'archipel se caractérise, d'une part, par une faible pluviométrie (climat semi-aride toute l'année) et, d'autre part, par la dominance de sols meubles, qui favorisent l'érosion marine, ainsi que par la prépondérance de sols salés qui couvrent la moitié de la superficie de l'île. Ce biotope naturel a encouragé l'activité salinière au détriment de la palmeraie de l'île, menacée d'extinction dans l'indifférence totale. L'activité humaine a accéléré la dégradation du littoral de l'archipel, favorisant, ainsi, l'érosion du littoral. Plusieurs pratiques ont endommagé l'écosystème de l'île, déjà fragilisé par des facteurs naturels défavorables. L'aménagement de plusieurs terrains sans étude d'impact sur l'environnement, l'extraction illicite de sable pour les besoins des chantiers en construction, le développement de l'activité salinière, source de revenus pour les autochtones, et le surpâturage ont considérablement agressé et fragilisé l'écosystème naturel de l'archipel, provoquant des dommages irréversibles. La topographie molle du sol a, d'un autre côté, facilité l'infiltration du sel dans la nappe ainsi que la contamination de la majorité des terrains meubles, facilitant, ainsi, le travail de l'érosion. Dépérissement des palmiers Le phénomène le plus apparent de cette érosion est le recul des côtes, observable notamment au niveau des micro-falaises limoneuses qui accusent un degré de dégradation sévère. C'est la palmeraie directement exposée au phénomène qui a subi l'impact le plus dur. Le recul des côtes a accéléré la destruction des palmiers exposés aux courants marins et aux vents forts. Mais c'est le climat semi-aride qui est en grande partie responsable de la salinisation des terres et de la disparition d'une partie de la palmeraie. L'érosion est plus importante sur la côte nord-ouest que sur la côte sud-est. Au cours de l'été qui s'étend sur plusieurs mois, le sel de la nappe phréatique remonte à la surface, s'évapore sous l'effet de la chaleur et forme de grosses plaques rendant le sol toxique et inapte à la culture agricole. Ne supportant pas la forte teneur en sel du sol, de nombreux palmiers ont dépéri en bordure des immenses étendues de sel, appelées «sebkha». Protection étanche contre l'érosion marine Aujourd'hui, la principale source de revenu des habitants de l'archipel, qui provient de l'activité agricole, est menacée par la dégradation de l'environnement. Afin de valoriser et protéger la frange côtière de l'érosion marine pour promouvoir le tourisme écologique, l'Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral a mis en place le programme de protection du littoral tunisien, grâce à des fonds de la Banque allemande de développement d'une valeur de 30 millions d'euros, délivrés, à raison de 75%, sous forme de dons. Ce nouveau programme prévoit notamment la protection d'une bretelle de dix kilomètres, tout le long de la côte de l'archipel, contre l'érosion marine. Six zones sont concernées par les travaux qui comprennent la réalisation de cavaliers en enrochement, incluant des rampes d'accès afin de permettre aux estivants d'accéder à la mer, la réalisation d'une protection étanche contre l'intrusion marine, l'aménagement de parcours pour piétons et vélos ainsi que la mise en place de bancs et de poubelles et la plantation d'une végétation adaptée au milieu littoral. Les travaux devront être achevés d'ici trois ans.