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La formation professionnelle et le secteur informel
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 06 - 2015


Par Hédi Dami (*)
La formation professionnelle en Tunisie ne répond plus aux besoins économiques et sociaux du XXIe siècle. Compte tenu des déperditions scolaires et universitaires qui se chiffrent à des centaines, voire des milliers d'élèves et d'étudiants qui quittent prématurément l'école ou la faculté sans diplôme et donc sans qualification, la formation professionnelle doit, en principe, leur assurer un recyclage et une formation complémentaire qui leur permettraient d'entrer dans la vie active. Cependant, avec les moyens du bord, il est quasiment impossible d'accueillir tous les jeunes en quête de recyclage. A peine le 1/3 de la demande sociale de formation professionnelle est satisfaite en Tunisie. Cette demande est également à la baisse à cause de l'augmentation du rendement réel du système éducatif indépendamment des besoins du marché du travail après la période de l'ajustement structurel en 1987. Elle a diminué aussi par l'allongement des cycles d'enseignement et par la nouvelle politique des redoublements dans les institutions universitaires toute la vie. Cette stratégie vise à « frapper trois oiseaux avec une seule pierre» :
- Maintenir les élèves jusqu'à l'âge de 16 ans dans le cycle primaire jusqu'à ce qu'ils sachent lire et écrire. Une fois alphabétisés, ils n'auraient plus besoin de demander une formation post-scolaire pour lutter contre l'analphabétisme : une politique d'éducation à moindre coût.
- Allonger les durées d'enseignement dans le même cycle pour ne pas augmenter les effectifs des élèves et des étudiants dans le cycle suivant.
- Maintenir autant que possible les élèves et les étudiants dans le système éducatif pour réduire autant que possible la demande d'emploi sur le marché du travail face au mythe du chômage.
Telle qu'elle fonctionne actuellement la formation professionnelle est incapable de «produire» des ouvriers hautement qualifiés, des diplômés capables de suivre l'évolution technologique dans les différents domaines. Par conséquent, les diplômés de la formation professionnelle n'ont pas beaucoup de chances de s'insérer dans la vie active car leur formation n'est pas conforme aux besoins des entreprises et ils risquent de rejoindre «l'armée de réserve» des chômeurs. En d'autres termes la formation professionnelle est en train d'échouer dans sa mission de passerelle entre l'école et le marché du travail. Dans le milieu rural, où il y a une grande proportion de déperdition scolaire pour diverses raisons, souvent à cause de l'absence de moyens ou pour des raisons strictement économiques, la formation professionnelle souffre de pas mal d'insuffisances :
- Les spécialistes dans les différents domaines scientifiques et techniques et originaires des milieux urbains boudent le Centre et le Sud si bien qu'on est obligé de recruter localement des maîtres et des techniciens dont le niveau scientifique et technique est loin du niveau souhaité. Mais puisque l'on vit dans une situation de chômage latent, beaucoup de jeunes diplômés des milieux agglomérés acceptent de s'installer dans les milieux déshérités moyennant des incitations dans le cadre d'une meilleure politique des revenus.
- La formation obsolète offerte aux élèves ne permet pas d'accéder au marché du travail et par conséquent le recyclage dans le milieu rural —et la formation professionnelle d'une manière générale— démobilise et décourage les jeunes à demander une formation complémentaire.
- Une meilleure formation dans le milieu rural pourrait répondre aux exigences des différentes entreprises dans les différents domaines de l'agriculture comme par exemple la protection animale et végétale, l'élevage moderne, les insecticides...
- Les programmes d'enseignement dans le milieu rural doivent être de niveau scientifique identique à ceux dispensés dans les milieux urbains. Cependant, les manuels et les textes doivent tenir compte de l'environnement dans lequel vivent les jeunes dans le milieu rural. Ceci s'inscrit dans le cadre de l'égalité des chances et pour que les élèves dans les milieux non agglomérés ne vivent pas comme des étrangers dans leur propre milieu avec des textes qui traitent le problème de la conquête de l'espace, du supersonique, de l'électronique... alors que dans leur quotidien ils ne voient que des arbres et des animaux.
Sur le plan politique on considère à tort que le milieu rural est un milieu urbain sous-développé et qu'un enseignement de type urbain réduirait les écarts de développement entre le milieu rural et le milieu urbain. Dans le milieu agricole, il conviendrait plutôt de mettre en place des classes ateliers pour réparer des pompes pour l'irrigation, réparer et entretenir les moteurs des tracteurs et des camions, se familiariser avec les insecticides... ce qui permettrait aux jeunes de se maintenir sur place et d'éviter l'exode rural avec tous les problèmes qu'il engendre. Dans le milieu agricole il y a un quasi-consensus qui s'établit facilement entre les partenaires sociaux : le travailleur accepte un petit salaire que le patron accepte de le lui donner. Les centres de formation professionnelle de type urbain, avec des machines sophistiquées, c'est d'abord très coûteux et ensuite c'est synonyme de refus de développement équilibré du milieu rural. C'est un choix politique qui risque, à la fois, d'intensifier la mobilité sociale et d'augmenter le chômage urbain qui se traduit, souvent, par une immigration clandestine difficilement contrôlable.
Notre marchandise doit être conforme aux normes
internationales
Une espèce de certification qui donnerait l'aval à l'accès à nos divers produits pour les marchés européens et américains. Pour cela, il faut une main-d'œuvre qualifiée et des formations spécifiques que le système éducatif doit préparer. Il faut, donc, changer de cap et transformer les «usines de chômage» en des facultés ou des écoles supérieures capables de préparer les hommes de demain pour suivre les évolutions techniques et technologiques du monde industrialisé et retenir nos diplômés sur le sol national pour être au service de notre économie.
En Tunisie, le chômage devient un mythe. A l'heure actuelle, il dépasse les 16% de la population active qui est de 3 millions 600.000 travailleurs en âge actif. Autrement dit, selon les statistiques officielles, un Tunisien sur six est au chômage. En réalité une bonne partie de ces citoyens recensés comme des chômeurs travaillent et font travailler. En effet, beaucoup de chômeurs dans les villes «s'investissent» dans le secteur informel et d'autres trouvent du travail dans le secteur formel. Il s'agit donc des mouvements d'intégrations/marginalisations, de flux et de reflux de main-d'œuvre dans les deux secteurs, ce qui rendrait le marché du travail difficilement saisissable.
Le secteur informel augmente parallèlement à l'augmentation du chômage. Il a, certes, des mérites : il réduit le choc social de l'ajustement macroéconomique, il insère des centaines, voire des milliers de jeunes dans la vie active, il augmente la consommation par la baisse des prix suite aux marchandages, et le plus grand mérite du secteur informel c'est qu'il assure une formation sur le tas pour les exclus des écoles primaires. Selon l'enquête que nous avons menée sur place, 35 à 40% des patrons dans les garages de mécanique, d'électricité, de plomberie, de menuiserie... étaient eux-mêmes des apprentis pendant 10 à 15 ans avant de se mettre à leur propre compte. Mais le secteur informel commence à nuire à limage du pays où les revendeurs de légumes, de fruits, de poissons, de piles, de lunettes de soleil, de vêtements usagés... perturbent la circulation des voitures puisqu'ils occupent une bonne partie de la chaussée, mis à part le danger que cela peut provoquer. Il n'est pas étonnant de voir un jour des revendeurs de vêtements usagés ou vendeurs de poissons devant nos facultés. L'accroissement systématique du volume de chômage multiplie les intermédiaires, ce qui fausse l'équilibre du circuit de distribution dans les marchés informels des poissons, des légumes, des fruits, des vêtements, des chaussures, des produits détergents... : chaque nouveau venu extorque un reliquat de bénéfice si bien qu'on a tendance à aligner les prix sur le secteur institutionnel. En outre, la concurrence imposée par les activités non contrôlées par l'Etat commence à réduire les chiffres d'affaires et la dynamique amorcée par les entreprises dans le secteur moderne. Cette situation risque de faire renvoyer une partie des travailleurs dans les entreprises, ce qui augmenterait le chômage urbain et réduirait la cadence de la production des entreprises qui, jusque-là, sont à l'abri de la crise. En d'autres termes, le secteur informel n'a pas que des mérites, il a aussi des inconvénients puisqu'il est, à la fois, générateur de plein emploi et, en même temps, générateur de chômage. Dès lors, le problème du chômage reste intact : il s'amplifie au fil des jours et il commence à devenir menaçant pour l'équilibre économique et social. Il est aussi à l'origine des activités terroristes.
Au moment où le chômage fait des ravages dans notre pays, beaucoup de citoyens accomplissent une double fonction : il est enseignant dans un lycée ou dans une école supérieure et en même temps il est courtier dans les immobilisations, il est enseignant dans une faculté et il assure des cours privés ce qui est strictement interdit par la loi en vigueur, il est retraité et revendeur de fruits, de légumes, de poissons, il est médecin, Doyen et... armateur, il est architecte et armateur, il est cycliste et armateur, il est bijoutier et armateur autant d'exemples pour affirmer que la réalité économique et sociale dans notre pays est très complexe et difficile à saisir. Il faut, donc, adapter de nouveaux rapports sociaux dans le monde du travail, ce qui est très difficile en période de crise au moment où la productivité marginale du travail est quasiment nulle. Appliquer le salaire d'efficience et mettre en place «des armées de réserve» peut apporter des solutions adéquates aux différentes entreprises dans les activités publiques et privées.
(*)Hédi Dami est docteur d'Etat ès sciences économiques.


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