Le gouvernement de Tripoli proteste, via Internet, contre la construction par la Tunisie d'un mur pour se protéger contre les terroristes et les contrebandiers. Le droit international est du côté de notre pays qui a raison d'assurer sa propre protection en respectant l'accord sur le tracé des frontières déjà conclu avec la Libye Comment se présente la situation sur le plan du droit international pour ce qui est de la construction par la Tunisie d'un mur de protection sur ses frontières communes avec la Libye? On se pose les questions suivantes : La Tunisie a-t-elle le droit d'édifier ce mur sans consulter ou avoir l'accord de la partie libyenne? Qu'en est-il des affirmations libyennes selon lesquelles les frontières communes commencent maintenant à la suite de l'édification de ce mur qui est construit à une distance de 8 km (dans le territoire tunisien) du tracé des frontières ? La Presse a posé ces deux questions au Pr Abdelmajid Abdelli, professeur de droit international à l'université El Manar I et expert en droit international. Il n'y a plus de traités secrets ou verbaux Le Pr Abdelli précise : «Sur le plan du droit international, le tracé des frontières est fixé par des accords bilatéraux internationaux contraignants pour les Etats signataires. Ils sont enregistrés au secrétariat des Nations unies. L'Organisation onusienne publie chaque année un annuaire des traités, ce qui fait que les traités secrets ne sont plus de mise. Plus encore, la Convention de Vienne, en date de 1969, sur les traités exige que ces traités soient écrits. Ainsi, les traités verbaux ou oraux ne sont plus reconnus. Juridiquement, la Tunisie a le droit de construire des murs dans son territoire pour se protéger. Mais l'on se demande pourquoi on a décidé de reculer de 8 km pour édifier le mur en question alors qu'on pouvait le faire en reculant de deux ou trois mètres». Qu'en est-il des Libyens qui proclament que les frontières commencent maintenant à partir du mur quand il sera finalisé ? «L'exécution du mur ne constitue pas le tracé des frontières comme le prétendent les Libyens», explique le Pr Abdelli. Il ajoute : «En décidant de reculer de 8 km de largeur, la Tunisie va perdre une surface énorme qui dépasse celle de plusieurs pays comme le Liban, le Koweït, Bahreïn ou Qatar. Reste à savoir si les Libyens permettront aux Tunisiens d'exploiter cette grande surface (qui sépare la Libye du mur tunisien)». Pour le moment, le gouvernement non reconnu de Tripoli (soutenu par les milices de Fajr Libya) fait monter les enchères et multiplie les déclarations de provocation. Le gouvernement de Tripoli réagit Et la réaction du gouvernement basé à Tripoli se proclamant «le gouvernement du salut national» parlant en réalité au nom de Fajr Libya de tomber hier. Un communiqué signé de ce gouvernement reproche à la Tunisie d'avoir construit le mur sans lui en référer et dénonce ce qu'il appelle «la campagne de dénigrement orchestrée par le gouvernement tunisien à l‘encontre du gouvernement de Tripoli, accusé d'être à l'origine des attentats terroristes perpétrés à Sousse et au Bardo du fait que leurs auteurs se sont entraînés librement en Libye». Le gouvernement de Tripoli s'en prend également aux médias tunisiens qu'il accuse d'être à la solde de parties étrangères connues pour leur hostilité «aux révolutionnaires libyens». Quant à la diplomatie tunisienne, elle se contente jusqu'ici de positions de réaction à ce que publient les journaux ou à ce que les milices de Fajr Libya passent sur Facebook ou Twitter. Hier, Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères, a indiqué que le gouvernement n'a toujours pas reçu de document écrit explicitant la position du gouvernement de Tripoli à propos de l'édification du mur sur les frontières communes. Mokhtar Chaouachi, porte-parole du ministère, essaye, de son côté, de détendre l'atmosphère de tension et s'aligne sur les déclarations, préférant attendre un document écrit. Maintenant qu'ils sont servis, à travers le communiqué lu sur les réseaux sociaux par le ministre de l'Intérieur de Tripoli, on se demande ce qu'ils vont nous produire dans les heures ou les jours à venir ou préfèrent-ils, peut être, attendre, cette fois, que les jours de l'Aïd passent? Qui sait ? L'Aïd passé, la situation pourrait évoluer selon les attentes du gouvernement Essid qui aurait fait l'économie d'une crise.