Le festival de Boukornine a choisi pour son ouverture d'effacer les frontières entre le malouf tunisien, libyen et algérien Ouverture samedi soir du festival de Boukornine avec une soirée très spéciale dédiée au malouf. Un malouf qui ne vient pas seulement de Tunisie mais aussi d'Algérie et surtout de Libye, un malouf libyen très peu connu par les Tunisiens et qui a sa propre école et ses propres maîtres. Début de soirée avec Zied Gharsa qui a ouvert le bal avec deux morceaux du malouf bien de chez nous et qui ont charmé le public. Un public moyen mais qui a une particularité : il est venu pour écouter le malouf. C'est à croire que c'est un public connaisseur venu pour découvrir et savourer. Ensuite, c'est le Libyen Habib el balazi qui se présentera avec «Bedeitou bi dhikr El Habib». Le public découvrira alors la note libyenne du malouf assez différente de la nôtre et de celle de l'Algérie. Mais cette différence ne semble pas avoir effrayé le public, même si le morceau interprété était assez long. Puis on a apprécié l'algérien Hamdi Bannani, surnommé l'ange blanc sur son violon blanc justement, et qui a interprété quatre morceaux dans le style du malouf algérien, dont la note est très proche de la nôtre, devant un public très attentif. C'est, semble-t-il, la note libyenne du malouf qui a le plus donné du fil à retordre aux musiciens tunisiens qui devaient accompagner le chanteur Habib El Balazi, entendra-t-on dans les coulisses. Une note à laquelle les tunisiens ne sont pas habitués et qui a nécessité cinq jours de répétitions. Habib El Balazi finira par appeler du renfort avec trois de ses compatriotes pour donner le tempo. Notons que cette soirée qui a uni le Maghreb par le malouf était une idée et une conception de la directrice du festival, Salma Baccar : «C'est le spectacle qui nous a coûté le plus cher en numéraire et en énergie car c'est une vraie création pour le festival de Boukornine, nous déclare-t-elle. Je me suis obstinée à créer ce spectacle pour éviter de faire une simple soirée de malouf. Derrière toutes les soirées du festival, il y a une thématique et la thématique de cette soirée c'est malouf sans frontières pour dire à tout le monde que nous avons toujours été liés à ces deux pays frères par l'art et la musique et non par la violence et les actes barbares et terroristes. Je voulais rappeler que nos pays sont liés par la culture et le langage de la musique. J'ai eu toutes les difficultés du monde à monter ce spectacle, mais ce soir je peux pousser un soupir de soulagement. C'est comme sur le tournage d'un film, le plus difficile c'est la préparation. Et quand on fait une bonne préparation, généralement le résultat est positif».