Les grands maîtres de ce patrimoine maghrébin, à l'honneur On a célébré, jusqu'à dimanche dernier, l'anniversaire de la Rachidia : les 80 ans de cette prestigieuse institution, ses grands maîtres et le patrimoine musical commun des pays du Maghreb. L'ambiance était purement tunisienne, aux couleurs locales ; tout se passait dans la médina, dans ses écoles, ses cafés... des tables rondes, des expositions documentaires, des concerts et même des karaokés. Mais la direction du festival n'a pas oublié d'inviter des troupes de pays voisins avec lesquels on partage les origines et les influences de ce genre musical. Le mercredi 27 mai, c'était la troupe nationale du malouf de Constantine de Abbès Righi qui a meublé la soirée, au local de la Rachidia. A 18h00, de nombreux spectateurs ont déjà pris place. On affluait encore et encore, le malouf a toujours son public. Après quelques instants d'attente, la troupe est apparue, et le voyage vers l'univers arabo-andalou a commencé. Un morceau long, exécuté par un solo de violoncelle, nous a été offert. Il nous ramène, d'emblée, à une véritable exploration de la musique vouée au malouf constantinois et algérois. Abbès Righi, chanteur et luthiste, a présenté le programme du concert, en précisant qu'ils allaient proposer des pièces extraites du patrimoine algérien. «C'est avec une grande joie que je me trouve ici parmi vous à partager avec les Tunisiens l'anniversaire de cette grande école qu'est la Rachidia. Une école qui est devenue, depuis sa création, une grande référence musicale dans le monde maghrébin et même arabe», a-t-il dit, avant d'enchaîner avec la première partie du spectacle qui est composée entièrement de tabaâ «Zaydan» avec l'ouverture en Jazal, œuvre réalisée par le poète Abdelmoula Kacem. Le récital était varié. Des extraits de Nouba, des pièces en mode sika... L'interprète, soutenu par les sonorités denses de son luth et les autres instruments de la troupe, a choisi des airs qui reflètent le patrimoine algérois local aux mélodies simples et aux rythmes étalés. Dirigée par le violoniste Samir Boukridira, la troupe a regroupé une formation de percussion (tar et darbouka), avec d'autres à cordes : le qanun, le violon et le luth. Ils ont ainsi proposé, dans la seconde partie du concert, un tableau musical sur le tabaâ d'El Housein. «Un mouwachah très connu dans la région de Constantine et qui comporte quatre séries. Pour terminer, on vous propose des morceaux qui chantent la nature, du même poète algérien Abdelmoula», expliquait encore le luthiste et chanteur. Le concert de la troupe algérienne puise dans les profondeurs de la musique classique du malouf, héritage arabo-andalou aux influences maghrébines. Il a ainsi rendu hommage à une histoire commune d'un patrimoine vivant et innovant.