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La Tunisie démocratique dérange !
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 08 - 2015


Par Moez LABIDI
Les terroristes ont voulu détruire un exemple de réussite dans le monde arabe. Une success story de transition démocratique : avec une Constitution moderne, des élections libres et crédibles, une culture de consensus, un statut de la femme très avancé dans le monde arabe... Bref une volonté d'étouffer la dernière lueur d'espoir de tolérance et de liberté dans la région. Pourquoi les orientations économiques des gouvernements post-révolution n'ont pas réussi à atténuer la vulnérabilité de l'économie tunisienne et à produire suffisamment d'anticorps pour éliminer le virus du terrorisme ? Le choc encaissé par l'économie tunisienne suite à la multiplication des actes terroristes impactant le secteur touristique impose l'examen des répercussions économiques de ces attentats. Dans ce billet, nous nous penchons, d'abord, sur l'essoufflement du business model du tourisme tunisien. Ensuite, notre regard portera sur les implications macroéconomiques du dernier attentat terroriste dont le secteur touristique était le théâtre.
Face à la multiplication des actes terroristes autour du mont Chaâmbi, les professionnels du tourisme tunisien ont opté pour une stratégie de communication qui reposait sur la sécurité qui régnait sur la côte. Mais l'attentat du Bardo a bouleversé la donne. Les zones côtières ne sont plus épargnées des actions terroristes. Un choc déstabilisant pour la profession, qui a renforcé la ruée vers un business model basé sur le « All inclusive », où le touriste peut profiter de tous les services au sein de l'unité hôtelière. Un tourisme bas de gamme qui s'enracine, avec des effets d'entraînement très minces, sur le reste de l'économie. L'attentat de Sousse est venu ébranler aussi la stratégie de communication de ce modèle, dévoilant au grand jour les défaillances sécuritaires au sein des unités et surtout la fragilité du secteur touristique et de l'économie tunisienne. Une perte estimée à 515 millions de dollars sur l'année 2015. Les derniers chiffres du ministère du Tourisme, publiés avant l'attentat terroriste de Sousse, révèlent une baisse de 21.9%, du nombre de touristes en comparaison avec la même période de l'année dernière et de 28.3% par rapport à son niveau de 2010. L'industrie du tourisme reste la plus exposée à l'industrie du terrorisme. L'histoire récente de la Tunisie le prouve [Djerba (11 avril 2002), Sousse Monastir (deux tentatives d'attentat dé- jouées - 30 octobre 2013), Le Bardo (18 mars 2015), Sousse (26 juin 2015)]. En effet le secteur touristique demeure fréquemment la cible privilégiée des actes terroristes. La Tunisie est une économie fort dépendante des recettes touristiques et des 400.000 emplois générés directement (dans les unités hôtelières) et indirectement (taxis, restauration, ..) par l'industrie du tourisme.
Le canal des recettes touristiques : la multiplication des actions terroristes entraîne la baisse des réservations et la montée des annulations, engendrant du coup l'effondrement des recettes touristiques , le creusement du déficit courant et la montée des pressions baissières sur les réserves de change et la parité du dinar. Plus le nombre de nationalités touchées par les actes terroristes est élevé, plus l'évènement est ressenti au niveau international, et plus la chute des recettes sera significative. De même, les craintes sur la chute des recettes alimentent la défiance des investisseurs à l'égard du placement boursier (chute des indices et du volume des transactions).
Le canal de la qualité du service : la montée de l'insécurité retarde le démarrage du processus de modernisation du secteur, plombe l'industrie du tourisme dans le bas de gamme et renforce la mainmise des TO internationaux sur son business model. Bref, le All inclusive fait la pluie et le beau temps dans le secteur,et du coup les effets d'entraînement de l'activité touristique sur le reste de l'économie (restauration, artisanat, taxis, locations de voitures, visite de musées et des sites archéologiques, ...) se tassent..
D'autres effets indirects peuvent être enregistrés
Le canal de l'investissement étranger : le climat d'insécurité sera néfaste pour l'investissement étranger (IDE et investissements de portefeuille). Les impératifs de sécurité priment, chez les investisseurs internationaux, sur la législation fiscale, l'état de l'infrastructure, la liberté d'entreprendre... D'une part, un tel contexte décourage les investisseurs étrangers à visiter le pays pour une éventuelle implantation. Comme c'est le cas des annulations des visites programmées pour le mois de juillet 2015 par de grands investisseurs internationaux, enregistrées récemment par l'Agence de promotion de l'investissement extérieur (Fipa). D'autre part, les entreprises étrangères installées en Tunisie (3220 entreprises) trouveront des difficultés pour convaincre leurs maisons mères de tout projet d'extension. Au total, un comportement de « wait and see » dominant chez les investisseurs étrangers et, du coup, un manque à gagner en terme de réserves de change, de points de croissance et de création d'emplois pour la Tunisie. Rappelons que les entreprises étrangères génèrent aujourd'hui 342.000 postes d'emploi.
Le canal du commerce extérieur : d'une part, les exportations tunisiennes encaissent le choc des attentats via la chute des IDE, puisqu'une bonne partie de ces exportations est assurée par les entreprises étrangères implantées en Tunisie. La chute des exportations creuse davantage le déficit commercial et alimente ainsi les tensions sur le stock de réserves de change et les pressions baissières sur le dinar. D'autre part, la montée de l'insécurité renchérit les primes d'assurance sur les opérations d'importations et nourrit les pressions inflationnistes dans l'économie.
Le canal du bilan des banques : le choc encaissé par le secteur touristique va peser sur la situation de certaines banques tunisiennes, très engagées dans le financement du tourisme. Ainsi, la détérioration des bilans des sociétés hôtelières est à surveiller, car elle pourrait fragiliser davantage un secteur bancaire largement affecté par les créances accrochées des hôteliers tunisiens, et de ce fait elle pourrait peser sur la reprise du crédit de moyen et long termes indispensable pour débloquer l'investissement.
(Professeur à la faculté des Sciences économiques et de gestion de Mahdia, conseiller économique auprès de MAC SA)


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