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C'est quoi au juste ?
Le 13 août pour les Femmes rurales
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 08 - 2015

L'idée de voir ce qu'une femme rurale peut penser de la journée du 13 août nous est venue en passant du côté d'un champ de tomate dans la campagne de Mdjez El Bab où des ouvrières étaient là, trimant dur pour gagner leur vie. Un petit échantillon de ces combattantes a permis que nous nous arrêtions sur une réalité en décalage avec celle de la ville. Jeunes et moins jeunes ont peu de connaissances sur ce qu'est cette fête et sa signification. Sur le Code du statut personnel, elles ne savent presque rien, sauf que l'homme n'a pas droit à plus d'une épouse. Ces femmes ont besoin d'être éclairées et initiées sur leurs droits, d'autant qu'elles sont les premières défenses contre la déferlante obscurantiste.
L'œuvre de Bourguiba me semble aujourd'hui qu'elle n'a que très peu atteint ses grands objectifs, sur le plan de la transformation de la mentalité des Tunisiens. Il a misé et investi dans le savoir pour donner à son peuple les moyens de voir autrement le monde et d'avoir cet esprit critique qui permet de mieux cerner le fond des choses, dont son existence. Mais il (Bourguiba) n'a pas réussi ce grand virage historique tant escompté. Aujourd'hui, avec une certaine réalité que nous vivons, nous nous rendons amèrement compte qu'un long, très long chemin reste à accomplir au niveau d'une société qui a peu évolué et qui demeure dans une large proportion ignorante même de certains de ses droits, sans parler de leur essence. C'est ainsi que j'ai pu découvrir dans un coin qui n'est pourtant pas loin de Tunis et qui n'est pas tout à fait rural que la plupart des femmes n'ont presque aucune idée sur la signification du 13 août. Elles ne savent pas que c'est la journée de la femme tunisienne et que c'est une fête chômée ! Pourtant, ces Tunisiennes auxquelles j'ai parlé n'étaient pas si âgées que cela. Parmi elles se trouvent au contraire de très jeunes encore pas mariées et qui sont allées, comble de l'ironie, à l'école.
Ces femmes font partie de celles qui vivent toute l'année dans les champs agricoles. Elles travaillent la terre et elles gagnent honnêtement leur vie. C'est du côté de la campagne de Mdjez El Bab que j'ai cherché à savoir ce qu'elles peuvent me dire en ce 13 août 2015 sur leur fête et après quatre ans et demi de ce qui était supposé être une révolution!
Et quelle fut ma surprise en constatant que dans leur majorité, elles sont ignorantes de tout ce qui peut se rapporter de près ou de loin à cette journée qu'on fête chaque année.
Une journée comme
les autres!
Pour elles, c'est une journée qui ne diffère en rien des autres. Pour Selma, mère de famille, qu'est-ce que cela peut lui rapporter de rester chez elle pour fêter cette date. Pour elle, c'est un salaire de perdu par ces jours difficiles. Même son de cloche du côté de Hayet, jeune femme qui est allée pourtant à l'école, mais qui n'a pu dépasser le seuil du primaire. Elle est mieux instruite que sa collègue sur ce que Bourguiba avait fait, pour la femme, mais ce ne sont que des bribes d'informations qu'elle a pu saisir par-ci par-là, sans être sûre de rien, car quand Bourguiba a été destitué elle n'avait que quatre ans et même à l'école elle n'a pas eu l'occasion de connaître l'homme et son œuvre. Idem pour Meriem, la quarantaine, et qui traîne derrière elle une famille de six personnes, le mari et cinq enfants, dont deux en bas âge. Pour elle, l'essentiel est de garantir de quoi vivre à cette famille d'autant que son époux rechigne à faire certains travaux et préfère rester chez lui ou aller au café jouer aux cartes, tout en puisant dans ce que sa femme gagne. Cette dernière, consciente de son état, affirme qu'elle est doublement exploitée, elle fait tout ce qui a trait au ménage et elle travaille à l'extérieur. Elle affirme qu'elle n'a que cinq à six heures de répit. Juste pour dormir. La télévision, elle la regarde rarement sauf pendant le mois du carême où elle suit les feuilletons. Quant à ses droits, elle n'en connaît que très peu. Elle sait que l'homme n'a droit qu'à une seule épouse, mais elle ignore que cela fait partie du fameux Code du statut personnel promulgué en ce jour du 13 août 1957. Elle ignore aussi que l'initiateur de cette loi n'est autre que H. Bourguiba qu'elle affirme aimer parce que son père le vénérait ou presque pour l'avoir assez connu avant et après l'Indépendance. Frida qui était là à écouter la petite discussion que j'ai engagée avec ses voisines, ne s'est pas privée de remarquer que l'interdiction de la polygamie est contraire à la religion. Une remarque qui, je l'avoue, «m'a sidéré», d'autant qu'elle venait de la plus jeune de ces femmes laborieuses. Et la suite ou presque de toute la discussion a tourné autour du sujet où j'ai suffisamment usé de la sourate dont l'interprétation des oulemas de l'époque de la mosquée Zeïtouna avait permis de trouver les fondements charaïques pour promulguer le statut du Code du personnel.
Sans prétendre avoir convaincu mon interlocutrice, je peux dire que toutes celles présentes étaient toute ouïe et étaient avides de savoir et de connaître leurs droits et leurs devoirs.
Tout ouïe !
Mais n'étant aucunement qualifié en la matière , je me suis contenté de quelques généralités, d'autant que mon but était de savoir de ces femmes ce qu'elles peuvent connaître de cette fête et de voir si elles sont conscientes de sa grande signification pour elles et pour les générations futures qui risquent de succomber comme Frida aux sirènes des rétrogrades obscurantistes qui sillonnent le pays pour attirer dans leurs filets le plus de gens, en jouant sur la fibre religieuse. C'est dire qu'il y a un grand danger qui guette les acquis de la femme de ce côté-là, bien sûr, mais aussi et surtout de l'ignorance de beaucoup d'entre elles de leurs droits dont elles n'ont que quelques vagues connaissances.
En fin de cette petite expérience tentée ce jour de fête auprès de ces combattantes qui nous permettent de nous nourrir, la conclusion que j'ai tirée a trait à l'impératif d'entreprendre un grand travail auprès de la gent féminine dans le milieu rural pour les sensibiliser et les mobiliser afin de pouvoir défendre leurs acquis devant cette déferlante obsurantiste qui cherche à tout remettre en question avec, en premier lieu, le réasservissement de la femme dont la réussite les dérange et leur fait des complexes.
J'en appelle au ministère de la Femme, à Mme la ministre de la Culture, cette militante politique et de la cause féminine et j'en appelle à toutes les organisations féminines et à la société civile éclairée d'aller vers la ruralité pour parler à ces femmes et à ces filles pour les convaincre de leurs droits et en faire un rempart contre toute atteinte à leurs acquis.


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