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Ode à la femme tunisienne
Reportage
Publié dans Le Temps le 15 - 08 - 2012

«Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées.", Antoine de Saint-Just, de L'esprit de la révolution
Le 13 août 2012, une journée tout à fait exceptionnelle pour la femme tunisienne. Cette citoyenne qui milite depuis des lustres côte à côte avec son semblable, l'homme, qui, par signe de gratitude, était présent dans la nuit du 13 août, partageant avec elle ces moments de bonheur et de militantisme. En attendant le 8 mars.

Oui, militantisme, parce qu'à l'heure actuelle, les acquis du statut de la femme sont menacés.

Main dans la main, femmes et hommes sont sortis en ce lundi 13 août célébrer la journée nationale de la femme et réclamer les droits de cette dernière. Ils étaient par milliers, dans les 8 mille personnes à squatter la grande avenue de Mohamed V et la Place du 14 janvier.

Tous en chœur et en une seule voix, fredonnant tantôt l'hymne national, tantôt des slogans militant pour l'application des normes internationales pour les droits de la femme.

La «reconquête» de l'horloge

Il était 20h30. Une horde humaine colorée de rouge et blanc s'avançait vers la grande horloge du centre ville de Tunis. Une aura de fête habitait les lieux. On avançait dans une sorte de procession religieuse. On se rassemblait. On s'embrassait et s'enlaçait. L'ambiance était à la fête avec un arrière goût amer.

Ce soir-là, les manifestants n'étaient pas là uniquement pour célébrer la femme tunisienne mais pour clamer haut et fort ses droits qui sont, désormais, mis en péril au sein de la Constituante.

On avançait souriants et sûrs de soi malgré le spectre du fameux article 28 hantait les esprits.

Sur place, banderoles auréolées de slogans révolutionnaires et porteurs d'espoir, les femmes tunisiennes, jeunes et moins jeunes étaient drapées par le drapeau national et serties de jasmin. A leurs côtés, leurs maris, leurs conjoints, leurs pères, frères ou amis étaient là pour les porter sur leurs épaules, les supporter et montrer qu'ils sont fiers d'elles. Ce soir-là, la grande horloge était illuminée par ces lanternes humaines, ces fées de la Révolution et ces militantes de toujours.

Minuit trente. Les manifestantes et leurs égaux étaient encore sur place. Une ambiance festive et révolutionnaire habitait encore les lieux. Subitement, des voix provenant de nulle part, criaient en chœur « Allah Akbar » en non-stop.

Pris au dépourvu dans un premier temps, les manifestants se ressaisissent vite et se rassemblent tous autour de la grande horloge intimant « ces troubles fêtes » à déguerpir, en criant le célèbre «Dégage corrompus !». Prenant la poudre d'escampette, cette petite foule d' «obscurantistes» s'évapora dans la nature. La grande horloge est reconquise.

Abrogation du projet de loi 28 ! Mme Saloua, 38 ans : «Non ! On ne sera pas une offrande à ces obscurantistes !»

«Aujourd'hui, c'est avec amertume que nous fêtons malgré tout notre journée nationale. Ces femmes de la Constituante qui veulent nous réduire au titre de « complémentaire» ne sont même pas descendues dans les rues pour militer et faire la «révolution». Elles n'ont même pas partagé avec nous ces durs moments de peur et de terrorisme que l'on a vécu le lendemain du 14 janvier ! On partait travailler avec la peur au ventre pour nous et notre progéniture et nos conjoints ! NOUS seules sommes capables de parler de nos droits et de nos obligations !»

Karima, 50 ans : «De quel droit ces constituantes nous réduisent au simple statut de complémentaire ?

«J'ai grandi libre et je tiens à ce que ma fille et mes petites-filles le soient aussi ! Ce projet de loi 28 est une honte à l'Histoire tunisienne ! La Révolution n'a pas eu lieu pour remettre en question des acquis mais bien pour instaurer l'équité sociale, lutter contre le chômage et vivre dans la dignité ! Il faut que ces constituants cessent de faire diversion et de créer de faux problèmes ! Mon message : on ne baissera jamais les bras, jeunes et moins jeunes ! C'est maintenant que la vraie bataille commence !»

Amal Boubaker (nouvellement bachelière et habitant à Zaghouan)

A peine 18 ans, elle était venue de sa ville natale pour se joindre aux manifestants à l'avenue Mohamed V.

«Je suis là pour deux raisons : fêter la journée de la femme tunisienne et pour exprimer mon mécontentement quant à cette ingratitude exercée par certains envers la citoyenne tunisienne. A mon avis ce qui est navrant, après une telle révolution faite par les deux parts, femmes et hommes, nous nous sommes trouvées en obligées de militer et de revendiquer nos acquis au lieu de réclamer de nouveaux droits! Néanmoins, l'ambiance de ce soir est magnifique et splendide. La présence des citoyens était comme d'habitude remarquable. Malgré tout, je demeure optimiste et je pense que c'est un nouveau départ pour une Tunisie libérée et moderne et pour une femme tunisienne émancipée !!»

Dalila Oueslati, (professeur d'anglais et doctorante en civilisation anglaise)

On l'a rencontrée enveloppée dans le drapeau de la nation. Scandant l'hymne national. En l'abordant, on apprend qu'elle a fait 60km pour être là pour la fête de la Femme. Elle est originaire de Tunis mais vit depuis plus de 19 ans à Zaghouan où elle est professeur d'anglais. Le 13 août, à midi, elle a pris le louage, accompagnée de sa fille, rien que pour être là toutes les deux et se joindre à la marche organisée pour célébrer la femme tunisienne.

«Ce qui m'a beaucoup touchée, voire émue aux larmes c'était la présence massive des hommes. La journée de la Femme était devenue la journée du citoyen sans aucune considération de genre. On était tous femmes, hommes, jeunes et moins jeune unis dans une symbiose, pour une seule cause : garder toujours une Tunisie moderne civile et à l'abri d'une théocratie rampante. Je suis là avec ma fille fondre dans cette foule et montrer à ce gouvernement qu'il est hors de question que l'on touche aux acquis de la femme et qu'il serait plutôt préférable de se tourner vers les vrais problèmes de la société. Ceux pour lesquels les Tunisiens ont dit Stop à la dictature. Il serait plus judicieux de parler de l'indépendance de l'ISIE sur laquelle on compte mettre le grappin pour falsifier les prochaines élections...»

Paroles d'hommes ou les successeurs de feu Tahar Haddad Femmes ! Je vous aime !

La présence masculine massive a intrigué plus d'un et a épaté la gent féminine et consolé leur égo. Voici les témoignages de quelques-uns d'eux.

Anis 30 ans, «Ce soir je suis là pour la femme et pour ma mère : La Tunisie»

«Je suis venu supporter les femmes tunisiennes et exprimer ma colère contre les agissements d'un gouvernement qui prend les Tunisiens pour des naïfs ou écervelés. Il faut arrêter avec ces faux-problèmes. Trop de complots politiques sont démasqués et beaucoup trop encore sont occultes. Le futur de la Tunisie est dans une situation périlleuse et le rêve de démocratie semble encore inaccessible. Je milite avec mes semblables pour que les vraies revendications soient mises sur la table des projets. Nous nous trouvons désemparés et indignés par ces manigances gouvernementales qui vident le budget de l'Etat et mettent le pays dans le chaos ! Il faut agir !»

Guy, juif tunisien, 65 ans : «Depuis le 14 janvier, je ne voyais que des femmes dans les manifestations !c'est plutôt l'homme qui est le complémentaire de la femme !»

«La Tunisie est mon pays natal et celui des mes parents. Je suis assez content qu'il y autant d'hommes que de femmes ce soir pour célébrer la Journée nationale de la femme ! Si le pays bouge c'est grâce aux femmes. Depuis le 14 janvier, je ne vois que les femmes dans les manifestations et les grands évènements. Pour moi, c'est l'homme qui est le complémentaire de la femme en Tunisie spécialement. Si je suis content de la prise de position des femmes ce soir, je le suis moins quant aux véritables actes.il y a beaucoup trop de paroles sans véritables décisions effectives.si ça continue sur cette lancée, la révolution vous sera volée.»

Bousléma, membre de Massar,

« On est là pour partager cette fête avec la femme tunisienne, d'abord. Mais c'est aussi parce que dans la conjoncture actuelle, il y a de réelles menaces sur les droits et le statut de la femme. Cette marche est aussi une attaque en règles de tous les courants obscurantistes. Nous sommes là pour nous réunir à tous ceux qui croient aux projets d'une Tunisie moderne, prospère et respectueuse des droits universels.»


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