Le film documentaire «Boza» de Walid Fellah, projeté vendredi dernier dans le cadre du cycle de projections-débats «Ciné Diversité», organisé par la Maison du droit et des migrations, en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert à la Maison de l'Image à Mutuelleville Tunisie terre d'asile est une association à caractère humaniste et de bienfaisance, il s'agit de la section tunisienne de l'association France terre d'asile (créée en 1971), elle a pour mission d'accompagner le développement de la société civile tunisienne en matière de questions migratoires et d'asile, dans la perspective d'une saisie progressive de ces questions par les organisations de la société civile. Suite aux événements de 2011 et notamment l'arrivée de milliers de réfugiés en Tunisie fuyant la guerre en Libye, le besoin de renforcement des compétences des associations tunisiennes dans l'accompagnement et la prise en charge des migrants et des réfugiés présents dans le pays s'est révélé important. France terre d'asile, forte de son expérience dans la défense des droits des réfugiés, a alors crée cette section apportant son appui et son expertise à la société civile tunisienne et mettant en place le projet de la Maison du droit et des migrations en 2013, en partenariat avec le Conseil tunisien pour les réfugiés et les migrants, l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie et la représentation tunisienne du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Dans le but de sensibiliser la société civile tunisienne, les étudiants et les journalistes aux questions migratoires, ouvrir des débats de haut niveau sur les enjeux migratoires en Tunisie, la Maison du droit et des migrations organise, en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert, une nouvelle manifestation cinématographique intitulée «Ciné Diversité». Il s'agit d'un cycle de projections-débats autour de films promouvant la diversité et la lutte contre toutes les formes de discriminations. La première séance a eu lieu, donc, vendredi dernier autour du film documentaire «Boza» de Walid Fellah, suivi d'un débat avec le réalisateur, ainsi que des représentants de Terre d'Asile Tunisie, de l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie et de l'Organisation de coopération pour le développement des pays émergents, et l'ensemble des cinéphiles présents. Le film «Boza», produit par Tunistudio Film Production a été présenté par son réalisateur Walid Fellah. Originaire de Zarzis, il a étudié l'architecture. Activiste des droits de l'homme et des migrants, Walid a choisi depuis quelque temps de suivre de près la question des réfugiés et des sans-papiers en Europe, réalisant des films traitant de ces questions. «Boza» est son 2e documentaire dont l'idée majeure est que «la libre circulation des Hommes est un droit universel, de ce fait, pourquoi les frontières entravent-elles la liberté des Hommes ?». Walid Fellah pointe le doigt où ça fait mal, secoue le spectateur en le confrontant à une réalité, tout en se demandant si son travail servirait à changer quelque chose de la situation précaire des immigrants et des réfugiés ! Titrer le film documentaire «Boza» n'est pas neutre : Walid Fellah, rien qu'avec le titre et les premières images de son documentaire installe la problématique de l'immigration. «Boza» est le cri de joie que les immigrants subsahariens lancent lorsqu'ils réussissent à passer illégalement les frontières. C'est le mot qui leur permet d'évacuer tous genres d'émotions et toute la souffrance endurée en silence durant leur périple. Suivant pas à pas les réfugiés du Camp Choucha, les immigrants clandestins au Maroc voulant aller en Espagne et la Marche des réfugiés en Belgique, Walid Fellah a le mérite d'avoir répondu aux deux exigences qui font la réussite d'un véritable documentaire engagé : révéler la réalité, tout en produisant une œuvre dotée d'une valeur esthétique. En effet, le film soulève d'une manière touchante et subtile le problème de la migration qui a pour cause la guerre ou la discrimination. A travers les témoignages émouvants et éclairants des immigrants, les images tournées à chaud, « Boza » a le mérite de faire connaître à un large public les détails acerbes du quotidien des réfugiés sur lesquels les médias ne s'attardent pas. C'est aussi sensibiliser les gens aux malheurs des immigrants et des réfugiés de guerre et tous ceux qui fuient la discrimination et la misère dans leurs pays. En décrivant leur drame durant l'immigration et leur désarroi et déception de l'après-immigration. Un documentaire touchant et abouti qui a suscité l'interaction des spectateurs présents.