L'Etat de droit, tel qu'il a été revendiqué un certain 14 janvier 2011, a-t-il, presque neuf ans après, des défenseurs suffisamment qualifiés ? Quelle corrélation entre Etat et droit, démocratie et développement en Tunisie ? Faut-il un développement et une démocratie spécifiques pour notre pays ? Un vaste effort a été entrepris pour ramener l'Etat de droit dans les discours et en faire usage dans les différents débats. Mais dans la pratique, rien de concret n'a été jusque-là réalisé. L'Etat de droit et le développement sont fortement interdépendants et se renforcent mutuellement. La consécration de l'Etat de droit est indispensable à la croissance économique, au développement durable, à l'éradication de la pauvreté et à la réalisation des libertés fondamentales. Sans l'instauration d'un Etat de droit, aucun développement économique n'est possible. La rhétorique de l'Etat de droit s'est notamment affirmée durant la crise de confiance qui a marqué, et qui marque encore, la relation entre les différents partis politiques. Neuf ans de liberté et de conciliation n'ont pas donné la légitimité nécessaire aux uns comme aux autres. Cela a conduit au contraire à une régression à tous les niveaux. Nous demeurons convaincus que la stratégie de sortie de crise que connaît encore la Tunisie passe par l'éducation, la promotion du droit, la bonne gouvernance, l'intégration régionale. La politique n'est pas forcément immorale. Elle a ses valeurs et sa diversité est un signe de bonne santé. Mais les Tunisiens attendent encore des résultats concrets et le changement de leur quotidien. Déçus, c'est peu dire. Désillusionnés, le mot est faible. L'indice des prix et son impact sur le pouvoir d'achat ne rassurent pas. C'est une vérité désagréable pour ceux qui sont touchés par ce terrible désappointement, qui ne croient plus aux promesses, encore moins aux belles paroles. Des promesses et des discours qui s'oublient aussi vite qu'ils sont prononcés. Quand les promesses ne sont pas tenues, on connaît le résultat. Les dernières élections montrent que le degré de confiance que les Tunisiens accordent aux partis politiques a nettement baissé. Elles traduisent un niveau de défiance envers les politiques et les institutions jamais atteint. La base électorale de la plupart des partis n'est plus la même. Le baromètre de la confiance politique n'a plus aussi la même signification. Cette perte de confiance illustre le fossé qui se creuse de plus en plus entre les élites politiques et les Tunisiens. Les perceptions de l'avenir sont articulées entre optimisme personnel et pessimisme collectif. Et dans l'intérêt d'une pensée claire sur la gouvernance et le rôle des partis politiques, un peu de scepticisme ne fait sans doute pas de mal. L'exploration des liens entre Etat de droit et réalité socioéconomique dans une perspective de développement reste un domaine encore largement sous-investigué !…