Enfin, les Tunisiens peuvent respirer. Pas moins de deux mois de tractations, traduites en milliers d'heures de discussions ont finalement permis au dialogue national entre les différents partis politiques au pouvoir et dans l'opposition représentés au sein de l'Assemblée Nationale Constituante, de se tenir, sous le parrainage du Quartet l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH) et le Conseil de l'Ordre des Avocats. Un grand suspens a régné, hier au tout début du démarrage du dialogue. il a fallu attendre plus de trois heures pour que la séance inaugurale commence. Pour de nombreux observateurs, l'essentiel est que le dialogue direct entre différents protagonistes de la scène politique a enfin de compte commencé. Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique (PTPD) n'a pas caché sa déception des conditions dans lesquelles le dialogue a commencé. Il affirme au Temps que « les peurs réelles existent. Les gens peuvent ne pas comprendre la situation. Les défis sont grands. Nous avons été surpris par des questions procédurales. Il faut de l'audace politique pour réussir le dialogue ». Mohamed Bennour, porte parole d'Ettakatol, est très satisfait de la séance inaugurale. Il déclare au Temps : « comme nous l'avons toujours répété, le dialogue direct a un effet magique sur toutes les composantes de la scène politique. La séance d'ouverture a tenu toutes ses promesses. Le discours d'ouverture de Houcine Abbassi a atteint un haut degré de responsabilité et de patriotisme. Les autres discours d'ouverture ont répondu aux attentes des Tunisiennes et Tunisiens. A Ettakatol, nous sommes ravis que tous les efforts déployés soit par Dr. Mustapha Ben Jaâfar, soit par les membres de la direction d'Ettakatol ont porté les résultats escomptés. Aujourd'hui tous les partis ont la responsabilité historique de faire aboutir le dialogue et de réaliser l'unité des Tunisiens autour d'un Gouvernement soutenu par tous les partis, un Gouvernement qui aura la charge de mettre la Tunisie sur les rails. La réussite de l'ouverture du dialogue envoi un message fort important à tous les observateurs à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. Il prouve que les Tunisiens sont capables de régler leurs différends pacifiquement, par le dialogue et en réalisant un consensus cher à tous les Tunisiens. Nous sommes optimistes quant à l'aboutissement de ce dialogue à condition que le vainqueur soit la Tunisie». Dr. Faouzi Charfi, dirigeant à Al-Massar, affirme au Temps que « le démarrage du dialogue national a été laborieux. Nous restons très attachés à ce dialogue. C'est la seule solution pacifique. Dans toutes les tentatives de dialogue il y a des difficultés. L'essentiel est que les plus grands partis ont signé la feuille de route. Il faut arriver à l'appliquer intégralement, sans ajouts, sans restrictions et sans nouvelles distorsions. Le Congrès pour la République (CPR) n'a pas signé. Est-ce que ça signifie sa sortie de la Troïka ? Le maintien du gouvernement est surtout dû à la volonté d'Ennahdha. On verra par la suite s'il n'y aura pas encore des manœuvres politiciennes». Salah Zghidi, intellectuel de Gauche a précisé dans une déclaration au Temps qu'on ne peut qu'enregistrer positivement l'ouverture du dialogue national. Il affirme : « Nous craignons après les tentatives de blocage, qu'il y ait d'autres difficultés. Je suis relativement optimiste. Il y aura des problèmes et des blocages en chemin. Je suis désagréablement surpris par l'intervention d'Ali Laârayedh. Mais il a accepté tout ce que décidera le dialogue. J'espère que ça se passera vite. Plus les choses trainent, plus les discussions peuvent achopper sur les détails. J'espère que les deux parties ne s'accrochent pas aux détails. L'avenir immédiat du pays exige des concessions de part et d'autre. On n'est pas à une semaine près. L'intérêt du pays est dans la finition du travail de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) et la formation d'un Gouvernement de compétences, en dehors de tous les partis politiques. L'échéance majeure est celle des prochaines élections. Il faut que tous les Tunisiens choisissent par qui ils vont être gouvernés». Mohamed Kilani, intellectuel modéré, pense qu'on est en train d'évoluer d'une relation de défiance vers la convergence. Il affirme : « il faut avoir un raisonnement dynamique. Le passage de la divergence à la confiance est positif. L'optimisme, je le juge sur les actes concrets. La mise à l'épreuve du concret est essentielle. »