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Tribune - Datation de la transaction bourguibo-française du dauphinat
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 09 - 2015


Par Khaled EL MANOUBI (*)
Dans nos articles relatifs à la datation de la transaction du dauphinat publiés par le journal La Presse du 1 et du 2 juillet 2013, nous avons situé la conclusion de cette transaction en 1929 ou en 1930 au plus tard. Que faisait donc Habib Bourguiba à cette époque? Dans des commentaires publiés par Mohamed Sayah dans l'ouvrage intitulé «Le nouvel Etat» (Editions Dar El Amal, tome 1, Tunis, 1982) Sayah signale: «Rentré de Paris en 1927, il choisit de militer dans le Destour» notamment à «écrire des articles de presse(...) dans les hebdomadaires nationalistes existants, «L'Etendard tunisien» et «La voix du Tunisien»(...) dès 1928» (p.185). Au plan professionnel, il devint avocat stagiaire successivement «chez Me Cirier dont il se sépara à la demande de ce dernier un mois après. Puis à l'étude de Mes Pietra et Scemama. Là aussi, il ne devait pas rester longtemps: le succès de ses plaidoiries devant le tribunal lui amenait une nombreuse clientèle dont ses maîtres de stage et, surtout, l'un des clercs prirent ombrage. Enfin, et pour une courte période, l'été 1928, chez Me Salah Farhat (...) avant d'être sollicité par Me Sebaut auprès duquel il continuera son stage au-delà même de la durée réglementaire, quatre ans au lieu de trois. Il n'y met fin, en 1931, qu'à la demande de Me Sebaut (...) sans doute pour son engagement politique» (pp.186-187). Récapitulons: l'avocat stagiaire a été remercié par quatre cabinets de stage mais, dans le même temps, Sayah présente cette infortune comme la conséquence de deux qualités, celles d'un défenseur à la fois convaincant pour les tribunaux et nationaliste. Mais un avocat débutant peut-il éviter de compromettre sa carrière en s'affichant d'emblée comme nationaliste ? Dans cette série du nomadisme de notre stagiaire, la quatrième étape est en fait singulière. En effet, si l'on exclut le premier stage de seulement un mois chez un Français, Me Sebaut, français de souche (à la différence de Me Scemama et de Me Farhat), est le seul à avoir couvé Bourguiba au-delà même de la durée réglementaire. Au total, le stagiaire Bourguiba a été choyé et par les tribunaux en partie français et par un maître français. Or, que sait-on de Bourguiba deux ans avant la fin, en 1931, de son stage? Nous savons, en particulier, ce qui suit. Mahmoud El Materi (dans son ouvrage «Itinéraire d'un militant», Cérès production, Tunis, 1992) écrit : «Pendant les quelques mois qu'il avait passés comme Bey de camp (Ahmed Bey) n'avait pas manqué d'abuser quelques personnes, dont mon ami Habib Bourguiba à qui il avait promis de le nommer ministre de la Justice dès qu'il accéderait au trône» (p.38). Ici, Materi présente son ami comme une victime trompée par le Bey de camp Ahmed. Mais cet ami n'est qu'un avocat débutant qui fait ses premiers pas en politique de sorte qu'on est logiquement plus proche de quelqu'un qui se vend au premier offrant. Il est nécessaire de préciser à cet égard que, dès avant le protectorat, la France était au courant de tous les détails de la vie de la Cour beylicale. Au mieux, la France a laissé le bey de camp faire sa promesse ministérielle à Bourguiba et, au pire, la même promesse est soufflée par la France. Toujours est-il, comme on le verra, que Bourguiba y a consenti par ses actes. Au préalable, précisons que le ministre tunisien de la Justice ne décide de rien dans son propre ministère puisque c'est le délégué français à la justice qui signe jusqu'aux décisions de nomination des commis auprès des tribunaux tunisiens. Ce désir ardent de Bourguiba de devenir un dignitaire du protectorat est proprement antinomique par rapport à sa prétendue ferveur nationaliste qui lui aurait valu d'être remercié en apparence du moins-par trois de ses quatre maîtres successifs de stage. Ce même désir est corroboré par un fait tout à fait parlant, rapporté par un ami par lui passablement abusé, Mahmoud El Materi. Celui-ci écrit: «Le jour de la cérémonie d'investiture du nouveau Bey, je rencontrais avec étonnement (mais Materi aurait dû ne pas se contenter d'en être étonné! KEM) Bourguiba revenant (en février 1929) du Bardo, coiffé d'une chéchia tunisienne d'où pendait un gland de soie noire lui arrivant jusqu'au milieu du dos, à la manière des dignitaires beylicaux.» Alors, lui dis-je, te voilà faisant partie de la cour beylicale?». Mi-gêné, mi-souriant, Bourguiba exprimera sa confiance et son espoir dans le nouveau souverain. Mais ce dernier se tarda pas à prendre ses distances avec le jeune avocat stagiaire en train de devenir compromettant et Bourguiba rangea sa coiffure de cérémonie pour reprendre le fez turc, coiffure adoptée par les Tunisiens évolués depuis la génération de Béchir Sfar» (p.38). Ainsi, le prétendu nationalisme du jeune stagiaire ne lui servait qu'à se faire adopter par le bey du camp, lequel-volontairement ou obéissant aux injonctions françaises le lâcha sitôt monté sur le trône. Comme rien de tel à la Cour n'échappe aux Français, ces derniers savent alors qu'ils ont affaire à quelqu'un qui est bon à prendre. A moins, encore une fois, que ce soit eux-mêmes qui l'ont déjà chargé de jouer ces rôles plutôt appuyés. Depuis quand? Depuis qu'il était étudiant en France? Depuis son retour à Tunis? Depuis son entrée au cabinet de Me Sebaut ? Toujours est-il qu'en février 1929, au plus tard, les Français savent que Bourguiba est de ceux qui sont tout indiqués pour se soumettre à leur jeu. Bourguiba enrôlé dès ses années d'études à Paris ? Hypothèse qu'on ne peut rejeter puisqu'il a été le seul chef «nationaliste» à avoir adhéré comme étudiant à la franc-maçonnerie (voir l'article de Salwa Zangar-Khaddar dans les actes du troisième séminaire sur l'histoire du Mouvement nationale de mai 1985 publiés en 1987, p.82), ce réseau si attaché au secret et aux intérêts de la Métropole. Et si bon nombre des «gouverneurs noirs» installés en 1960 comme chefs d'Etat de la France-Afrique n'ont été francs-maçons que dans les années cinquante, la France-Ifriquya était ainsi en marche dès les années vingt. Mais la transaction du dauphinat implique une autre décision fondamentale prise par la France, celle de renoncer pour la Tunisie à l'administration directe. Cette décision elle-même doit avoir deux motifs. Le premier, déjà constaté, est que le peuple tunisien, souverain et élite destourienne et syndicale inclus, est clairement monté contre la France. Le second est l'éclatement de la grande crise en 1929, celle-ci ayant rendu l'administration directe fort coûteuse par rapport aux ressources taillables du pays. Il en découle que la conclusion formelle de la transaction aurait pu attendre fin 1930 puisqu'au début de 1931 «la résidence générale prit la décision de faire prononcer par le tribunal le renvoi de l'affaire (de la Voix du Tunisien) sine die» (p.43), faisant de Bourguiba et de ses compagnons de la rédaction des héros du nationalisme dans l'opinion tunisienne. La première qualité — celle d'être un vrai nationaliste — du stagiaire est ainsi clairement sujette à caution. Le déroulement de la crise courant 1929 et 1930 serait bien l'argument supplémentaire qui aurait décidé la France à admettre le renoncement ultérieur à l'administration directe et donc à conclure dans cette perspective le dauphinat. Sauf que, dès le 8 février 1929, Bourguiba exprimera une «position favorable au voile, affirmée lors d'une réunion-débat» (voir Mustapha Kraiem, «Etat et société dans la Tunisie bourguibienne», tome 2, Editions Phenomena, France, 2003, p.54). Position intégriste en parfait accord avec sa compagne, à partir de 1933, contre l'inhumation des naturalisés dans les cimetières musulmans. Or l'on sait que cette campagne a été orchestrée par la résidence afin de permettre à Bourguiba à apparaître comme le champion de l'islam (voir nos articles de 2013 ainsi que les mémoires de Materi de 1988). En effet, il y a une différence entre l'expression d'une opinion personnelle relative au voile et l'opposition à l'inhumation, laquelle est, par définition, un rassemblement sur des lieux publics. Mais en février 1929 la France sait à quoi s'en tenir quant à la sincérité de Bourguiba: le nationalisme et l'islamisme de ce dernier sont incompatibles avec son statut de courtisan aux côtés du bey de camp, même si celui-là joue au nationaliste auprès de celui-ci. Au surplus, la conclusion du dauphinat est conditionnée par la décision de l'abandon(en temps opportun) de l'administration directe. Il est fort probable que la France a déjà plus que l'œil sur Bourguiba début 1929 au plus tard comme le suggère la disgrâce qui a été son lot dès l'investiture en février de Ahmed Bey: la France aurait mieux à faire de Bourguiba que le Bey. Mais quoi? Un agent simple ou un dauphin? Agent simple début 1929? Sûrement. Dauphin? pas avant fin 1930? Fort possible. Reste la seconde qualité, celle d'être un brillant défenseur. Mohamed Sayah rapporte à cet égard que, en 1931, une fois «installé à son compte» Bourguiba fut requis pour la défense d'un client (...) impliqué dans une affaire de meurtre. Le prévenu avait à son avantage le témoignage de la victime qui, avant de rendre le dernier souffle, avait expressément désigné un autre coupable» (...) Bourguiba apprit que la déclaration du défunt était destinée à cacher le mobile du crime et le véritable assassin. Ce dernier n'était autre que son client. Bourguiba le sommera d'avouer (...). L'assassin présumé fut relâché(Le client) passe aux aveux (...) Au procès, Bourguiba plaida avec un talent tel que la Cour condamna son client à minima: cinq ans de prison» (p.187). Cet épisode renvoie à deux lectures. Lecture au premier degré: le client de l'avocat Bourguiba, innocenté par un témoignage, écope d'une condamnation de cinq ans de prison. Seconde lecture, le témoignage de la victime a été nécessairement rapporté par un second témoignage puisque la victime a rendu l'âme. Et si le second témoin a été manipulé? Hypothèse d'autant plus plausible que Bourguiba a su que ce témoignage est faux. Qui lui a donné
la puce à l'oreille? Enfin, Bourguiba a été «requis» dans cette affaire? Par qui? Et le verdict clément prononcé par le tribunal présidé par Laroussi Haddad comme le fait que le «condamné n'accomplira que la moitié de la peine» (p.188), par décision de l'administration française par conséquent, montrent que tout concourt à une réputation surfaite du défenseur. Autre paradoxe: si dans cette affaire le président «Laroussi Haddad ne manquera pas d'ajouter: si le code pénal l'avait permis, le jugement aurait été plus indulgent encore» (p.188), à l'occasion d'une réunion dans le cadre du mouvement de l'indépendance-suggéré par la France dès 1944, tout comme la fondation par Hached des Syndicats autonomes du sud, le même juge a prononcé la condamnation à mort de la France. Bourguiba, qui l'a rappelé dans l'un de ses discours, et qui a toujours prôné la libre coopération avec la France, aurait dû relever le caractère excessif de cet entrain en mal d'attendu. Il est vrai que Bourguiba était l'un des rares à savoir, dès avant le premier jugement prononcé par Laroussi Haddad, que les années de l'administration directe française étaient comptées. Hamouda Haddad, parent du président Laroussi Haddad, a été finalement l'un des tout premiers Tunisiens à résider dans la ville française de Mégrine-Coteaux. Au lendemain de l'indépendance, Hamouda, «élu» président de la Municipalité de Mégrine, baptisa du nom de Laroussi Haddad la rue de sa villa. Hamouda est l'époux de Radhia Haddad, née Ben Ammar, sœur de Hassib et proche de Wassila, laquelle, femme mariée, était, en 1955, «la concubine du président du Néo-Destour» (Mustapha Kraïem, tome 2, p.53) lequel étant en même temps l'époux de Mathilde. Le fils de Hamouda et de Radhia sera, par la suite, «élu» président de la municipalité de Carthage ainsi que de l'association Mégrine Sports. Et en janvier 1956, Radhia Haddad se joignit notamment à deux femmes également inconditionnelles de Habib Bourguiba, à savoir le prétendu mauvais génie Saïda Sassi et la prétendue égérie Wassila, et ce, pour fonder l'Union nationale des femmes tunisiennes (Unft) dans le propre domicile parental de celle-ci et de Neïla sa sœur. De L'utilité des proches en «politique»... Pour mémoire, la même année 1955 vit, en décembre à Kairouan, la création d'une Union des agriculteurs, acquise à Bourguiba après la défection yousséfiste de l'Union existante. Un dernier point, Bourguiba avait bien les qualités intellectuelles pour devenir un bon avocat. Sauf que la France, dès 1930, voulait faire vite: engager, dès l'année suivante, les coups d'éclat couronnés par l'affaire des naturalisations et pousser Bourguiba à créer, dès le début de 1934, un substitut au Destour, ce parti clairement anti-français...
*(Ancien doyen et professeur émérite d'économie politique)


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