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L'itinéraire d'un implacable anticolonialiste
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 04 - 2012


Par Mohamed Larbi SNOUSSI
Le 6 avril 2000, le leader Habib Bourguiba décéda à l'âge de 97 ans. Avant son enterrement, le 8 avril, sa dépouille mortelle fut déposée au siège du Parti, qu'il avait fondé en 1934, afin de permettre aux Tunisiens, hommes et femmes, de rendre un dernier hommage à l'homme qui a incarné à leurs yeux l'implacable lutte contre le colonialisme ; l'homme qui a réalisé le rêve de tous les citoyens, à savoir l'indépendance, l'instauration de la République et l'amorce de l'établissement d'un Etat moderne, capable d'assumer ses responsabilités nationales, régionales et internationales, balisant le chemin à tous les Tunisiens et Tunisiennes, contre vents et marées, pour poursuivre cette action moderniste en toute sérénité et quiétude. Et malgré les tentatives de ceux qui ne veulent pas que Dieu lui accorde Sa Miséricorde et qui s'entêtent à ne pas lui reconnaître ses bienfaits pour la Tunisie moderne, en dépit de quelques erreurs, que seule l'Histoire est apte à juger, Bourguiba demeure l'un des grands hommes du XXe siècle, qui n'ont pas seulement façonné la vie de leurs nationaux, en les engageant dans la modernité, en s'inspirant du Coran pour consacrer les droits de la femme et son égalité avec son partenaire, en démocratisant l'enseignement avec une unification du système éducatif et se penchant surtout sur le problème sanitaire, afin d'éradiquer les maladies contagieuses, comme la tuberculose. Mais il demeure aussi un homme d'une carrure internationale, bravant l'une des plus grandes puissances coloniales, optant avec courage de s'aligner aux Alliés contre les forces de l'Axe, contrairement à plusieurs dirigeants arabes et étant le seul leader arabe à proposer une solution juste à la question palestinienne, en recourant au plan de partage de 1947, plan toujours valable si l'Autorité palestinienne le remet sur la table des négociations. Bref, Bourguiba était et demeure un homme exceptionnel, que l'Histoire n'occultera jamais, contrairement à certains qui tentent de le discréditer, alors qu'ils ne sont en fait qu'une parenthèse de l'Histoire.
Origines modestes
D'une famille modeste, comme l'ensemble des Tunisiens, Habib Bourguiba est né à Monastir le 3 août 1903, quoique certains avancent la date de 1901, puisqu'il avait obtenu son certificat d'études primaires en 1913. Etant donné que chaque élève dont l'âge requis pour l'enseignement est de six ans, il ne pouvait par conséquent être inscrit à l'âge de quatre ans comme le laisserait entendre son acte de naissance.
Toujours est-il, il était le dernier né d'une famille nombreuse, composée de cinq garçons et deux filles. Bien que sa famille ait été un tant soit peu dépouillée de ses biens au moment de la répression du Sahel tunisien par le général Zarrouk, à la suite du soulèvement de Ali Ben Ghedhahem en 1864, il n'en reste pas moins que son père s'était enrôlé pendant 19 ans dans l'armée beylicale pour terminer sa carrière avec le grade de sergent-chef et une pension de onze francs vingt-cinq centimes par mois. En plus de cette pension, il était devenu le cheikh du quartier des Tripolitains, conseiller municipal et expert agricole. Ce qui lui avait permis de conforter sa situation et de pouvoir assurer l'éducation de ses grands enfants.
C'est en 1907 que Habib Bourguiba regagna la capitale pour s'installer chez son frère M'hamed à Tourbet El-Bey et s'inscrire à l'école primaire de Sadiki. A partir de ce moment-là, il va être pris dans la tourmente de la vie politique, comme témoin oculaire, malgré son jeune âge. En effet, c'est à ce moment-là qu'on assiste à la formation en 1907 du groupement des Jeunes Tunisiens, sous la conduite de Ali et Mohamed Bach-Hamba, de Abdeljalil Zaouch et tant d'autres, aux premières sérieuses confrontations de la population avec les autorités coloniales, lors de l'affaire du Jellaz en 1911 et celle des tramways en 1912. Deux affaires qui ont entraîné l'exil de la plupart des Jeunes Tunisiens et l'instauration de l'état de siège sur l'ensemble de la Régence jusqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Entre-temps, Habib Bourguiba poursuivait ses études à l'annexe du Collège Sadiki. Mais d'une constitution fragile, il n'a pu décrocher son brevet d'arabe qu'en 1917 et ne pouvait aspirer à aucune fonction administrative, même subalterne. D'ailleurs, il n'avait pas pu poursuivre sa scolarité, s'étant trouvé dans l'obligation d'être hospitalisé et de rejoindre son frère Mohamed au Kef pour un intermède de convalescence. C'est là qu'il s'est évertué à lire de nombreux ouvrages littéraires et de connaître également les bienfaits du théâtre pour devenir un tribun et avoir de l'assurance devant la foule. En effet, c'est là où il s'est mis sous la direction de son frère à répéter deux fois par semaine la pièce La Patrie de Victorien Sardou, traduite en arabe sous le titre de Martyrs de la liberté (Chouhadaa el Horrya). Certes, cette pièce fut par la suite interdite et Bourguiba n'a pas eu la chance de monter sur les planches, mais les répétitions lui ont permis de découvrir «la magie de la parole, le pouvoir d'un silence, l'importance d'un geste, d'une inflexion de voix ou de l'émotion sur le visage».
De retour à Tunis en 1920, pour poursuivre ses études au Lycée Carnot, il trouve la capitale dans une grande effervescence avec la création du Parti Constitutionnel Libéral (le Destour), fondé par Abdellaziz Thaâlbi et Ahmed Essafi en mars 1920. La préoccupation essentielle de ce parti, sans renier le Protectorat, est de permettre aux Tunisiens de prendre part à la gestion des affaires de leur pays, en instaurant un régime constitutionnel et parlementaire.
Malgré ses aptitudes pour les mathématiques, Habib Bourguiba choisit au Lycée Carnot la section philosophie, ayant, selon ce qu'il avait déclaré à certains de ses amis, un penchant pour la littérature : «J'aime la littérature, je l'adore. Mais j'ai un autre projet : je me propose d'entrer à la faculté de Droit pour lutter contre la France».
Le droit pour lutter contre le colonialisme
Muni du baccalauréat en juin 1924, il part, avec l'aide financière de ses frères, en France pour poursuivre des études juridiques. Ce long séjour parisien, jusqu'en 1927, lui a permis, non seulement de se munir d'une licence en droit, mais d'assister aussi à des cours de sciences politiques, d'avoir des liens avec des anticolonialistes de gauche, et de connaître les rouages de la IVe République. D'ailleurs, pendant la crise de Bizerte dans les années 1960, il semble que le général de Gaulle lui aurait dit : «Vous auriez pu être un bon président du Conseil de la IVe République». C'est cette connaissance qui lui a permis par la suite de mener un long combat contre la France coloniale, pendant plus de vingt ans, aidé en cela par de nombreux compagnons, ainsi que par sa première femme, Mathilde Lefras (feue Moufida Bourguiba).
En s'installant à Tunis en octobre 1927, comme avocat-stagiaire à Bab Souika, le pays vivait dans une situation apparemment calme.
En effet, les revendications du Destour n'ont pas abouti, après les tentatives de ce dernier de se rallier la famille beylicale et de mener une action de sensibilisation de la population. Car le nouveau résident général Lucien Saint est parvenu à diviser ce parti, en promulguant un train de mesures soi-disant réformistes, comme la création d'assemblées régionales, la transformation de la Conférence consultative en Grand conseil et l'institution d'un ministère de Justice tunisien, en nommant à sa tête le fils de Khéreddine Pacha, Tahar Khéreddine. D'autre part, profitant de la décapitation de la première centrale syndicale, la C.G.T.T., créée par Mohamed Ali El Hammi, en décembre 1924 —janvier 1925, le résident général a pu bâillonner le Destour par ses décrets scélérats de février 1926. A partir de ce moment-là, le Destour était entré dans une période d'accalmie. Il n'a d'ailleurs pas profité de l'expérience de Mohamed Ali, qu'il n'a pas foncièrement soutenu, pour mener à bien son combat. D'autant plus que le pays connaissait à l'époque une période de relance économique, où la production était stimulée par la hausse des prix.
Ce n'est qu'au cours des années 1930 et les répercussions de la crise économique mondiale d'octobre 1929, que le Destour sortit de sa léthargie pour reprendre son activité, sous l'impulsion d'éléments plus jeunes, à peine débarqués de France, comme Habib Bourguiba, Tahar Sfar, Bahri Guiga et Mahmoud Materi.
Seulement pendant cette période de calme, le pays avait connu en 1928-1929 un grand débat à caractère social opposant modernistes et traditionnalistes. Il s'agit de la question du voile de la femme. Malgré ses convictions libérales, modernes et laïques, Bourguiba défend le port du voile. «Du fait du régime qui lui est imposé, déclare-t-il, la Tunisie court à la déchéance de sa personnalité... Pour parer à ce danger, les Tunisiens doivent veiller à sauvegarder leurs coutumes qui demeurent les signes distinctifs et, par conséquent, les dernières défenses de l'identité nationale en péril».
Il prend part avec ses amis à renforcer l'équipe du journal La Voix du Tunisien de Chedli Khairallah, mettant à l'index le régime colonial, lors de la célébration de son cinquantenaire et l'organisation du Congrès eucharistique. «Un Etat (la Tunisie), écrit-il, ne peut être à la fois sujet et souverain : tout traité de protectorat, en raison même de son objet, porte en lui son propre germe de mort...» Mais se trouvant avec ses amis en conflit avec Ch. Khairallah, ils lancent en novembre 1932 leur journal l'Action. Aussi furent-ils sollicités à rejoindre les rangs du parti destourien.
La création du Néo-destour
Seulement, au moment de l'affaire de naturalisation pendant l'été 1933 à Monastir, une discorde est apparue entre le Comité exécutif du parti et l'équipe de l'Action, notamment Bourguiba sur les moyens d'action contre le colonialisme. D'où l'appel à un congrès extraordinaire, tenu à Ksar Hellal en mars 1934, ayant entraîné la création du Néo-Destour, qui a trouvé le soutien indéfectible des classes moyennes et pauvres, touchées par la crise économique et par le nouveau discours proposé par Habib Bourguiba et ses compagnons.
Sentant le danger à l'horizon, le résident général Peyrouton, le satrape, réagit avec force, en assignant les Néo-Destouriens, ainsi que des militants de gauche, à résidence dans le sud tunisien à partir de septembre 1934.
Ce n'est qu'avec l'arrivée au pouvoir en France du Front populaire, qu'on assiste à la libération des exilés et l'amorce d'un dialogue avec le Néo-Destour, considéré comme la seule force politique pouvant assumer et assurer un dialogue constructif. Mais très vite, ce dialogue aboutit à un échec, à cause de la riposte des prépondérants français, d'une part et le remplacement du gouvernement de Léon Blum par un autre plus à droite de Daladier, d'autre part. D'où la confrontation inévitable avec les autorités coloniales et les sanglants événements du 9 avril 1938. Malgré sa maladie, Bourguiba est mis sous les verrous, encourant la peine capitale. Le parti est également dissous et c'est l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, qui leur a permis de survivre.
Pendant la guerre, alors en détention à Marseille, puis transféré avec ses compagnons à Rome, Bourguiba, conscient de la défaite allemande, dont les forces commençaient à s'étioler à Stalingrad et à El Alamayne, et de la prochaine victoire des Alliés, n'a jamais pensé à soutenir ni l'Allemagne nazie, ni l'Italie fasciste.
De retour à Tunis en 1943, les autorités coloniales se sont mises à sa recherche pour le juger sur les événements du 9 avril, et ce, malgré l'intervention du consul américain Hooker Doolitle. Sur les conseils de Salah Ben Youssef, alors secrétaire général du parti, il prit le chemin de l'exil pour l'Egypte, en mai 1945, dans l'espoir de soumettre à la Ligue des Etats Arabes la question tunisienne, où il fut rejoint par d'autres militants comme Habib Thameur et Rachid Driss.
De cet exil, il comprit que la France n'est plus ce qu'elle était. Elle n'était plus, comme d'ailleurs l'Angleterre, une véritable puissance coloniale, capable de surclasser les deux nouvelles superpuissances, à savoir les Etats-Unis d'Amérique et l'Union soviétique. Dès lors, étant pour le libéralisme et la démocratie, il choisit son camp et entama dès 1947 un voyage éclair aux Etats-Unis pour établir, avec l'aide de Farhat Hached, des contacts avec les Américains, d'autant plus qu'il n'a trouvé au Caire aucun soutien des Arabes, préoccupés par la question palestinienne.
Au seuil de l'autonomie
De retour à Tunis en 1949, après les déconvenues du congrès de la Nuit du Destin en 1947, dans le but de reprendre en main le parti et retrouver son audience auprès des militants néo-destouriens. Aussi en avril 1950 présente-t-il un programme d'association avec la France, visant à une autonomie administrative, tout en garantissant de bons rapports avec l'Hexagone. Ce programme trouve un écho auprès du résident libéral, Louis Périllier. Ainsi, une nouvelle expérience de dialogue est engagée avec le gouvernement de M'hamed Chénik, où Salah Ben Youssef est appelé à diriger le ministère de la Justice, Bourguiba se contentant de mener ce dialogue dans les coulisses. Toutefois, cette expérience s'est trouvée dans l'impasse, à cause de la déclaration du 15 décembre 1951, proposant la co-souveraineté, refusée par Bourguiba, qui de retour à Tunis, amorça la lutte armée en janvier 1952. Malgré l'exil à Tabarka, dont Charles André-Julien nous a fourni les raisons ayant amené de Hautecloque à cet éloignement, ensuite à l'île de Groix. Avec la défaite de la France à Dien Bien Phu, Mendès-France fut amené à engager des pourparlers avec Bourguiba, poursuivis par Edgar Faure et qui aboutirent à la proclamation de l'autonomie interne le 3 juin 1955. Ce qui n'a pas plu à Salah Ben Youssef, qui a drainé le pays vers presque « une guerre civile », malgré l'acceptation du congrès de Sfax en novembre de la même année de cette autonomie, vite accompagnée par l'indépendance totale le 20 mars 1956, à la suite de nombreuses pressions faites sur la France, qui avait accordé l'indépendance au Maroc, quelques semaines avant la nôtre.
Appelé à devenir Premier ministre en avril 1956, Bourguiba entra en conflit avec la Cour beylicale, entreprenant la déposition du Bey et la proclamation de la République le 25 juillet 1957.
Depuis, le pays s'engagera dans la modernité avec plusieurs initiatives, surtout avec la démocratisation de l'enseignement, l'unification de la justice et la libération de la femme. Certes, au cours de sa mainmise sur les rênes du pays, pendant plus de 30 ans, le pays a été confronté à de nombreux problèmes, comme l'échec de l'expérience coopérative dans les années 1960, la confrontation entre le PSD et la centrale syndicale en 1978, la révolte du pain en 1984, qu'il a su très vite maîtriser. Mais malgré ces déboires, notamment son attachement à un pouvoir personnel, privant le pays d'une démarche démocratique, tout un chacun sait le mérite du leader Bourguiba pour la lutte contre le colonialisme et sa volonté à moderniser le pays. Mais avec sa propension au pouvoir personnel, sa maladie aidant, le pays a failli sombrer dans l'anarchie. Le 7 novembre 1987, Bourguiba fut destitué par un «coup d'Etat sanitaire». Il fut contraint à vivre environ 13 autres années assigné à «une résidence surveillée» à Monastir, sa ville natale, où sa statue ne fut jamais déboulonnée, laissant à son décès, il y a 12 ans, une grande tristesse et amertume parmi l'ensemble des Tunisiens, même chez ses adversaires politiques d'obédience démocratique.


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