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Service national contre terrorisme
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 09 - 2015


Par Abou FAYÇAL*
Dans quelques semaines, deux questions superimportantes pour l'avenir et le devenir de notre pays feront l'objet de colloques nationaux, l'une sous forme de consultation et l'autre sous forme de congrès. Et, en principe, ce sont les états généraux de toutes les composantes de la société qui participeront aux débats qui seront sinon excitants et passionnés, du moins troublants et émouvants (pouvoirs publics, partis politiques, organisations nationales, associations de la société civile, experts et spécialistes ; ces derniers seront invités si on juge leur présence nécessaire parce que nos politiques semblent disposer de l'autosuffisance dans tous les domaines, y compris ceux se rapportant aux complexes questions de la défense nationale même s'ils n'ont pas effectué le service national et ont, ainsi, raté l'occasion de suivre la formation d'officier de réserve, à l'Académie militaire !).
Mais ce qui est intéressant, à première vue, c'est que les deux thèmes sont totalement interdépendants. L'objectif de ces deux activités est, sans besoin de le rappeler, la mobilisation de toutes les forces vives de la nation en vue de décider de la meilleure stratégie permettant l'élimination du terrorisme d'une part et d'autre part et, à mon avis, la détermination d'une doctrine de défense pour le pays, une doctrine cohérente, applicable et pouvant être matériellement soutenue et surtout de réfléchir sur la meilleure formule pour l'exécution, avec le maximum d'équité, des dispositions de l'article 9 de la Constitution qui stipule que «la préservation de l'unité nationale et la défense de son intégrité constituent un devoir sacré pour tous les citoyens.
Le service national est obligatoire conformément aux formes et conditions prévues par la loi ».
Quelques repères intéressants doivent, cependant, être rappelés :
1- D'abord, que plusieurs partis politiques n'ont pas pris de position ferme et claire vis-à-vis du terrorisme à tel point qu'on croirait que la question de cette nébuleuse terroriste n'est pas prise au sérieux,
2- Ensuite, que le service national a toujours été la cinquième roue de la charrette et que dans le subconscient de l'élite et des cadres du pays, ce sont ceux qui n'ont pas réussi dans leurs études qui sont concernés par le service militaire. D'ailleurs, aucun parti politique n'a, même pas une seule fois depuis la révolution, rappelé à la jeunesse ses devoirs vis-à-vis du service national ou l'a incitée à remplir cette obligation comme si cela ne les concernait en aucune manière. Et pourtant, nous sommes en guerre contre le terrorisme et notre armée, nos forces de sécurité intérieure et notre douane qui sont depuis plus de quatre ans, en situation opérationnelle de guerre, ont certainement un très grand besoin en renforts humains pour mener à bien leurs tâches dans les meilleures conditions, d'une part et, d'autre part, pour avoir la possibilité de se recycler, de s'entraîner, d'effectuer les relèves et de se refaire une santé.
Y a-t-il besoin de signaler, pour mémoire, que le président de l'Egypte, le grand Abdennasseur, a perdu la guerre du 5 juin 1967 contre Israël, guerre communément appelée guerre des six jours, parce que son armée était constituée essentiellement de soldats paysans, sans niveau d'instruction digne d'être signalé. Après avoir analysé les raisons de cet échec cinglant et indépendamment du fait que son aviation ait été détruite au sol, il a compris que l'armée devenant de plus en plus technique et sophistiquée, il a mobilisé sous les drapeaux les étudiants, sans même attendre qu'ils aient terminé leurs études supérieures. Le résultat a été bouleversant puisqu'en octobre 1973, l'armée égyptienne a pu effectuer le franchissement du canal de Suez en ayant perdu seulement quatre cents hommes alors que les experts russes avaient tablé des pertes allant jusqu'à quarante mille hommes. Et s'il n'y a pas eu l'intervention américaine qui, grâce à un pont aérien historique, remplaça les chars de l'armée israélienne détruits au combat dès les premiers jours de la guerre par des chars prélevés sur les unités américaines servant en Allemagne, la situation dans la région aurait été différente aujourd'hui. Et si l'Egypte n'a pas remporté une victoire totale, elle n'a pas perdu entièrement la guerre et cela est dû au fait que l'armée étant composée de troupes instruites donc techniquement bien formées et moralement motivées parce qu'elles défendaient une noble cause et ses hommes, étant donné leur niveau intellectuel, étaient conscients, plus que quiconque, de ce qu'ils faisaient et de ce qu'ils entreprenaient.
Tous les Tunisiens se déclarent, en temps normal et lors des discussions à bâtons rompus entre camarades, parents ou collègues de travail, prêts à se sacrifier pour le pays mais lorsque les choses deviennent sérieuses, le débat est vite éludé. Ce comportement n'est pas nouveau et depuis les années 70 du siècle dernier, la mentalité du Tunisien a évolué dans le mauvais sens car il est bon d'informer nos concitoyens que la génération de l'indépendance a été admirable de patriotisme et de nationalisme et que durant la guerre d'indépendance de l'Algérie, alors que toutes les unités de l'armée nationale étaient implantées sur la frontière tuniso-algérienne pour la défendre, le contingent de la classe 1958/1 a été maintenu pendant deux ans au-delà de la durée légale et il n'y a eu ni réclamation, ni acte d'indiscipline ni désertions alors que les jeunes recrues ont continué à percevoir la solde d'appelé. D'autre part, il faut reconnaître qu'il y a toujours eu une sélection négative lors du déroulement des conseils de sélection des jeunes recrues. Nous constatons amèrement et avec un très grand regret que même à l'ARP, les questions de défense ne sont et ne peuvent être débattues ni avec passion, ni avec ardeur parce qu'il s'agit d'une grande inconnue, et malgré le fait que la majorité des députés soit âgée entre trente et cinquante ans, il n'y a pas beaucoup de représentants du peuple qui ont accompli leur devoir du service national et vu leur niveau intellectuel, ils auraient pu suivre la formation d'officier de réserve et, ainsi, ils auraient pu efficacement intervenir dans les questions de défense. D'autre part, aucun des partis n'a pensé ou n'a voulu, lors des élections législatives, inclure dans ses listes des officiers retraités pour animer, d'une manière positive, les séances se rapportant aux questions de défense et de sécurité.Ces anciens officiers auraient pu, en connaissance de cause, éclairer et expliquer à leurs camarades députés tant de questions complexes se rapportant à ce domaine très particulier car, tôt ou tard, l'ARP devra légiférer sur une multitude de sujets et de points en instance dont les règles d'engagement et de comportement des unités des trois armées et se prononcer sur l'acquisition d'armement aussi diversifié et aussi complexe l'un que l'autre ; c'est pourquoi la présence de pareils experts, au sein de l'ARP, est nécessaire et même indispensable.
Le sérieux et grave problème que nous devons nous poser, en toute clarté, est le suivant : voulons-nous sérieusement défendre notre pays, son indépendance et le modèle de société que les tunisiens ont choisi ? Si oui, que faire pour que tous les Tunisiens aptes et non soutiens de famille accomplissent le service national? C'est la question capitale !!
La grande problématique à laquelle nous devons trouver une solution est certainement l'équité, l'égalité et l'impartialité entre tous les jeunes Tunisiens, médicalement aptes, devant le service national.
Notre pays n'a pas d'autre choix que de se débarrasser, au plus tôt, de cette nébuleuse terroriste et d'être, même après, toujours vigilant quant à un éventuel réveil des cellules dormantes qui existeront durant longtemps encore. Pour ce faire, sept facteurs déterminants sont à prendre au sérieux : la volonté politique, les ressources humaines, les moyens matériels, le renseignement, l'administration publique, la justice fiscale et la trêve sociale, le tout dépendant de la nécessité absolue de la restauration de l'autorité et du prestige de l'Etat.
1- La volonté politique : Celle-ci doit être claire, nette, précise, éclatante et sans aucune réserve. Elle doit être expressément formulée et ne doit induire à aucune interprétaton douteuse ;
2- Les ressources humaines : Aucun Tunisien ne pourrait se dérober du service militaire s'il est certain que ce devoir est effectué, sans hésitation ni murmure et sans aucune exception, par tous les jeunes Tunisiens remplissant les conditions légales. Partant du principe qu'aucun jeune n'en serait dispensé, dérogation faite pour les inaptes, officiellement reconnus comme tels, ou soutiens de famille confirmés, nous disposerons chaque année d'un contingent convenable pour satisfaire tous les besoins de la défense nationale, des renforts pour les forces de sécurité intérieure, pour la douane, pour la protection civile, pour la police municipale, pour les gardiens des prisons et pour les gardes forestiers. Bien sûr, cela nécessitera un certain investissement financier mais au regard de tout ce que cela représente comme formation de la jeunesse et garantie pour la sécurité et la défense nationales, nous aurons, en retour, énormément de points positifs. Nous pouvons aussi avoir la possibilité de constituer des unités destinées au développement agricole de la région du Dahar, la plaine partant de Tataouine et longeant l'est du jebel Dahar jusqu'à Dhehibat, sur une longueur de près de 125 km et une largeur allant de 15 à 40 km ; cette plaine pratiquement vierge utilisant l'eau des nappes sahariennes peut être exploitée dix mois sur douze pour la production de produits agricoles bio en primeurs.
3- Les moyens matériels : Les armées de terre, de l'air et de mer ont été, depuis l'indépendance, les parents pauvres du budget de l'Etat qui était surtout réservé aux questions prioritaires se rapportant au social, à l'éducation, à la santé et au bien être de la population, la colonisation et la Seconde Guerre mondiale ayant laissé le pays dans un piteux état de pauvreté et de précarité. Il y a lieu de rappeler que nous avons vécu, sous le régime du Président Bourguiba qui était respecté aux quatre coins du monde et dont le prestige dépassait les frontières de notre pays, et grâce à la considération dont il jouissait auprès des chefs d'Etat du monde occidental, une période remarquable et remarquée de tranquillité et de progrès. La guerre froide entre les deux blocs, occidental et soviétique, ayant été à son paroxysme, la diplomatie tunisienne, bien qu'ayant choisi l'Occident comme repère, a toujours choisi le non-alignement positif qui nous a bien confortés et servis.
Quant à nos rapports avec nos voisins immédiats, ils ont été fondés sur le respect mutuel et comme nous avons été à égale distance avec la plupart des pays maghrébins, les égards étaient réciproques et l'entente cordiale malgré les quelques nuages passagers qui survenaient de temps à autre. C'est pourquoi notre pays n'avait pas beaucoup investi dans l'armement et les équipements militaires. Les choses ayant changé, et les menaces étant confirmées, il va falloir que le pays se dote de tout ce dont il a besoin pour assurer sa défense, lutter contre les terroristes, et faire face à tous les dangers.
4- Le renseignement : l'ennemi redouté du terrorisme est le renseignement. Celui-ci, bien développé et assuré par un personnel compétent et bien expérimenté, est à même de permettre aux unités combattantes et notamment aux unités spéciales de pouvoir débusquer et détruire cet ennemi avant qu'il n'agisse. Ainsi, elles pourront le mettre hors d'état de nuire et maintenir la pression sur lui. C'est pourquoi une attention toute particulière doit être réservée au renseignement. Celui-ci doit être actif dans toutes les unités de l'armée, des forces de sécurité intérieure, des Douanes et de toutes nos représentations à l'étranger et aboutir, au final, à une agence unique, une agence nationale du renseignement, pour plus d'efficacité, d'efficience, de sûreté et de sécurité. Ceci est d'autant plus important que nous devons, après les deux attentats du Bardo et de Sousse, regagner, sans délai, la confiance de l'Occident. L'intérêt de pareille agence n'étant plus à démontrer, les experts et les spécialistes ne comprennent pas pourquoi l'Etat est toujours réticent à la création de cette entité qui est indispensable à la sécurité nationale et qui existe dans tous les pays sous diverses appellations. Est-ce par crainte de quelques dépenses supplémentaires dues au recrutement, ou plutôt au rappel des cadres et d'agents que la réalisation de cette unité est, à chaque fois, reportée ? D'autre part, la direction de la sûreté de l'Etat, dont la compétence de ses membres était reconnue et appréciée par tous nos partenaires et qui a été supprimée par le premier ministre de l'Intérieur post-révolution et dont les cadres ont, presque tous, été mis à la retraite anticipée, a été une très grave erreur et sa remise sur pied et le rappel de ses personnels ne font plus l'ombre d'aucun doute, car il y va de l'intérêt et de la sécurité nationale.
5- L'administration publique : notre pays a une très vieille tradition administrative et nos cadres administratifs ont toujours brillé de mille feux et bénéficié d'une grande appréciation pour leur capacité et leur compétence dans ce domaine. Nous n'oublierons jamais que, lors de la révolution de la liberté et de la dignité, notre pays a continué à vivre normalement, durant plusieurs mois, alors que le gouvernement, sous l'effet de la surprise des èvènements, était pratiquement inexistant. Et notre pays n'a manqué de rien : les salaires et les pensions de retraite étaient régulièrement payés, les magasins étaient normalement approvisionnés, les services publics étaient ouverts et fonctionnaient correctement. Tout cela était dû à la compétence, au patriotisme et au nationalisme de nos cadres supérieurs, les chefs de l'administration nationale et régionale, les directeurs généraux et les directeurs des ministères ainsi que les PDG des sociétés publiques qui ont veillé à ce que le pays continue, normalement, sa marche et que les services dont a besoin le citoyen lui soient fournis et ils l'ont été beaucoup mieux qu'ils ne le sont maintenant. D'ailleurs, il n'y a eu ni panne d'électricité, ni coupure d'eau, ni sit-in, ni grève dans un hôpital. Cette situation exceptionnellement remarquable dans un pays ayant vécu une révolution dura presque une année jusqu'à l'arrivée du gouvernement de la Troïka. Celui-ci, sans vérifier les besoins du pays en personnels administratifs, sans contrôler que la fonction publique était en surcharge d'effectifs et n'avait besoin d'aucun renfort, sans se soucier de l'existence de fonds permettant l'enrôlement de cadres et d'agents, procéda à l'intégration dans la fonction publique de plusieurs milliers de partisans. C'est ainsi que tous les ministères et les sociétés publiques ont été inondés de responsables et d'agents sans formation ni expérience dans le domaine administratif, les cadres compétents et surtout les chefs ayant été mis au frigo; ceci occasionna un accroissement important des dépenses de l'Etat d'une part et d'autre part réduisit le rendement et l'efficacité de la fonction publique et l'a, bel et bien, handicapée et affaiblie. Mais personne, parmi la classe politique, ne s'inquiéta de cette mesure, ni de ses répercussions budgétaires, ce qui nous oblige, chaque année, à quémander près de 7 à 8 mille milliards pour boucler le budget. C'est pourquoi l'investissement dans les régions de l'intérieur a été négligé par manque de moyens financiers augmentant, par là même, les tensions sociales. Et pourtant, que de promesses faites par les gouvernements post-Troïka concernant la révision de ces nominations mais cela n'a, malheureusement, pas été fait. Il est de l'intérêt national que cette question soit définitivement réglée pour que la fonction publique recouvre sa sérénité, son efficacité, son aura et son prestige d'antan et pour que les dépenses de l'Etat retrouvent leur niveau normal. Le personnel à débaucher peut percevoir une aide sociale à définir.
6- La justice fiscale : l'injustice, dans tous les domaines, est à proscrire parce qu'elle est mère de l'arbitraire, de l'absolutisme, de la tyrannie et de l'iniquité. Il n'est pas juste que de nombreux hommes d'affaires, des médecins de grande réputation, de brillants avocats, de propriétaires de soi-disant modestes kiosques de fruits secs ou de casse-croûte ou de pizzas qui gagnent des milliers de dinars par mois continuent à bénéficier du régime d'impôt forfaitaire annuel de quelques centaines de dinars. L'Etat a les moyens, si la volonté politique existe, de les contrôler en vue de réviser leur assiette fiscale. D'autre part, il existe une caste de sportifs qui gagne beaucoup d'argent et qui ne mérite pas d'être dispensée de payer les impôts. En effet, les footballeurs de la 1ère Division, dont certains ne sont pas loin de soixante dix mille dinars par mois et même plus mais dont la très grande majorité tourne autour de cinq à dix mille dinars/mois, sont près de quatre cents joueurs au moins. Bénéficiant d'importants salaires pour un rendement nul à l'échelle nationale, ils ne méritent point cette faveur parce que, 37 ans plus tôt, après l'épopée de l'équipe de Tunisie qui participa à la Coupe du monde en Argentine en 1978, nos joueurs de 2015 qui ont des salaires 20 à 50 fois plus importants que leurs aînés ne les ont même pas égalés. Aussi, il n'y a aucune raison de les en exempter, surtout dans cette période de vaches maigres. De même, des fermes et des villas de maître appartenant au domaine public auraient été cédées, après la révolution, à des partisans et cela nous rappelle d'anciennes et très mauvaises pratiques que nous avons crues, à jamais, révolues. Dans un cas comme dans l'autre, ces situations qui ne peuvent subsister, ni être admises, doivent être révisées car ce sont pareils excès qui ont été parmi les motifs de la révolte des jeunes et ont causé, entre autres, la révolution.
Par ailleurs, les barons de la contrebande ne doivent pas être oubliés et il faut, au moins et en attendant la suite qui sera donnée à leurs activités, qu'ils renflouent les caisses de l'Etat.
7- La trêve sociale : les syndicats ont, excessivement et avec beaucoup d'agressivité, profité de la situation révolutionnaire du pays et la faiblesse des gouvernants pour présenter des revendications salariales exagérées en exploitant certaines situations : a-l'inexistence d'un pouvoir fort parce que les gouvernants étaient, durant trois ans, tous provisoires. Tout responsable, syndical ou non, ne devrait pas abuser de pareille situation pour prendre le pays en otage. b-Sachant que la tenue du congrès de la doyenne des centrales syndicales serait prévu pour 2016, les syndicats de base ont fait de la surenchère, estimant que le Directoire, dans un objectif électoral, ne ferait rien pour contrôler leurs ardeurs. Ils doivent, connaissant les moyens et les difficultés du pays, faire preuve de plus de nationalisme et moins d'égoïsme.
Cependant, notre pays traverse l'une des plus inquiétantes périodes de son histoire que ce soit dans le domaine économique, social ou sécuritaire. Dans ce dernier domaine, il mène une véritable lutte acharnée contre les terroristes qui n'apprécient ni notre modèle de vie ni notre système politique. Compte tenu des difficultés financières que nous traversons, notre pays a besoin d'une trêve sociale de quelques années pour remonter la pente, venir à bout de ces obscurantistes et coller aux pays développés. Toutes les forces vives de la nation doivent considérer l'essentiel avant l'important et ne doivent pas oublier que ceux qui disposent d'un métier sont déjà mieux lotis que les chômeurs qui, armés de patience, ont le mérite de ne pas désespérer.
Pour conclure, notre pays a besoin de justice et d'équité dans tous les domaines. Que ce soit dans l'application de la loi relative au service national en vue de renforcer nos forces armées et nos forces paramilitaires et donner à la jeunesse, qui en a tant besoin, cette formation civique, patriotique et nationaliste ainsi que le sens de la discipline et du drapeau qui lui manque. Le paiement de l'impôt est un devoir sacré pour tous les Tunisiens. Le favoritisme doit être banni et la complaisance proscrite. Nous devons bâtir une société solidaire d'où l'égoïsme doit être banni et dont la force doit être basée sur la concorde, la solidarité, l'unité, le patriotisme et le nationalisme. Nous devons nous conformer aux hautes valeurs morales qui nous ont caractérisés par le passé pour recoller au monde développé, au monde civilisé et cela dans le but d'atteindre tous nos objectifs dont le premier est l'éradication du terrorisme et le bien-être de la population. Cette guerre est à notre portée tant que nous demeurons unis, solidaires, et patriotes, et si nous soutenons notre armée et nos forces de sécurité intérieure et notre douane en étant leurs yeux et leurs oreilles. Nous devons veiller à demeurer sérieux pour augmenter notre rendement et la rentabilité de nos services et de nos entreprises et surtout en évitant toutes les tensions sociales qui affaiblissent notre pays.
C'est à ce prix que non seulement nous vaincrons le terrorisme mais encore celui-ci ne trouvera plus de candidats parce que ses causes profondes, explicites ou implicites, auront disparu.
Tout cela ne pourrait jamais être accompli si l'Etat ne restaurait pas, au plus tôt, son autorité et son prestige et s'il n'agissait pas de telle sorte qu'il soit respecté et même craint par ceux qui tiennent à enfreindre la loi car tout autre slogan n'est que pur populisme, forfaiture et démagogie. Que Dieu protège la Tunisie éternelle.
* (Ancien cadre supérieur, ancien gouverneur)


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