Et s'il y a un axe qu'il importe de valoriser, c'est bien celui de trouver une solution pratique à l'insolvabilité de certaines catégories de citoyens et de diversifier les offres de financement bancaire Jusqu'à une époque très récente, la Tunisie offrait l'image d'un chantier permanent de construction de logements, de toutes catégories. Et les chiffres montraient que notre pays occupait une place de choix parmi les pays où on possédait son logement. Grâce précisément aux différents crédits on pouvait accéder pour s'approprier sa maison, le rêve n°1 des Tunisiens et des Tunisiennes. A l'avènement de la révolution, on croyait que la construction des logements allait augmenter et que les conditions d'accès aux crédits allaient s'assouplir. Malheureusement, il n'en fut rien. Et même les 30.000 logements promis par le gouvernement de la Troïka au début de 2012 sont restés une promesse sans lendemain. Aujourd'hui, il semble que les choses sont en train de bouger au niveau du ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire. En effet, une nouvelle stratégie est sur le point d'être finalisée afin de pallier aux lacunes actuelles. Objectifs : améliorer l'accessibilité des ménages aux crédits bancaires, diminuer le coût des logements offerts, réviser les incitations accordées aux promoteurs immobiliers. La nouvelle stratégie nationale de l'habitat sera présentée lundi prochain lors d'une journée d'étude, qui sera organisée par le ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale et arabe de l'habitat. Le débat qui sera animé par des experts et les représentants du ministère sera focalisé sur la maîtrise du foncier, le dispositif réglementaire et institutionnel, le financement du logement, le développement et l'intégration du parc existant et la production de logements, les problématiques et les solutions proposées. Le rapport préliminaire sur la nouvelle stratégie de l'habitat en Tunisie montre que près de 1,4 million de logements ont été construits au cours des 49 dernières années. La cadence en matière de production a connu un essor considérable, passant d'une moyenne de 15 mille logements par an au milieu des années 70 à environ 80 mille unités par an en 2014 pour seulement 58.000 nouveaux ménages. Le secteur a aussi largement contribué à la création de la valeur ajoutée et de l'emploi. Le secteur du BTP (dont fait partie l'habitat) a contribué à l'emploi de 456.000 personnes en 2014, soit 13,6% de l'emploi total. De 2009 à 2012, la contribution du secteur de l'habitat et des activités qui lui sont liées dans le PIB est en moyenne annuelle de 6,6%. La part des investissements réalisés dans le secteur du logement est passée de 13% en 2008 à 17,82% en 2012, soit plus de 2,7 milliards de dinars. Cet investissement a connu un accroissement annuel moyen de 8,5% durant la période 2008-2012. 40% d'informel Par ailleurs, la nouvelle stratégie indique que les prix du logement ont «franchi largement la barrière d'accessibilité sous l'effet d'un foncier plus rare et objet de spéculation. Les ménages les plus démunis rejoignent la filière de l'habitat informel», précisant que le marché de l'informel s'approche des 40% de la production. En effet, quelque 30.000 logements informels se créeraient annuellement, creusant davantage le stock informel, passant d'environ 20.000 unités en 2006 à environ 40.000 unités en 2013. «La politique préventive engagée, très insuffisante, n'a pas su résorber ces tendances et, au contraire, a fragilisé davantage la politique de rattrapage». Sur le plan financier, le rapport montre qu'une partie de la population demeure exclue du crédit de l'habitat pour des raisons de solvabilité, d'une part, et d'informalité et d'irrégularité de revenus, d'autre part. Ainsi, 4,1% des ménages en moyenne ont eu accès à un crédit logement. Aussi, «l'offre de financement bancaire est peu diversifiée — financements à taux variable avec une durée de prêt entre 10 et 15 ans — et les instruments tels que la micro-finance et la finance islamique sont peu développés». La nouvelle stratégie aura ainsi comme objectifs l'amélioration de l'accessibilité des ménages, d'une part, en diminuant le coût de l'offre de logements et en révisant les incitations mises en place pour inciter les promoteurs à produire des logements à bas coûts, et, d'autre part, en élargissant l'accès à un crédit plus abordable. «Cette double approche visant à l'amélioration de l'accessibilité permettra de minimiser la taille des subventions publiques nécessaires». Elle s'est assigné comme objectif, également, de «renforcer le rôle de l'Etat en tant que facilitateur du marché de l'habitat qui devrait faire participer efficacement le secteur privé dans la production de logements, fournir un cadre réglementaire équitable et mettre en œuvre des politiques pour maintenir le système de l'habitat sur la bonne voie».