N'eût été le planning familial, la population tunisienne aurait dépassé les 16 millions de personnes. L'Office national de la famille et de la population (Onfp) a organisé, vendredi dernier, la deuxième journée scientifique sur la contraception, ayant pour thème : «L'utilisation des moyens contraceptifs : accès aux prestations, diversité et qualité». Cette rencontre, placée sous le haut patronage du ministre de la Santé, s'inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la contraception. Dans son allocution de bienvenue, M. Ridha Gataâ, p.d.-g. de l'Onfp, a indiqué que la célébration de la Journée mondiale de la contraception constitue une opportunité pour dynamiser davantage l'investissement dans le planning familial, faciliter l'accès aux moyens contraceptifs et concrétiser la liberté de la santé reproductive. La couverture contraceptive a franchi des étapes considérables depuis, notamment, l'instauration du programme national du planning familial. En 2012, elle a atteint 62,5%. Cette évolution favorise la lutte contre la mortalité maternelle. Cette dernière, et selon les chiffres relatifs à 2009, est de 44,8 pour 100 mille naissances. La politique du planning familial a impacté positivement sur la démographie. Aussi, l'indicateur de reproduction a-t-il chuté d'un cran, puisqu'il est passé de 7,15 en 1966, à seulement 2,4 en 2014. La réduction du nombre de naissances a, ainsi, permis de maîtriser le développement démographique. N'eût été le planning familial, la population tunisienne aurait pu dépasser les 16 millions. De nouveaux défis M. Gataâ a souligné les vertus du programme sur la santé et sur le bien-être de la femme. Aujourd'hui, la femme tunisienne consacre sept ans pour la phase de maternité alors qu'elle consacrait 24 ans de sa vie au cycle grossesses-accouchements. Son espérance de vie après l'accouchement a atteint 35 ans alors qu'elle ne dépassait pas 15 ans avant l'instauration du programme national de planning familial. Malgré ces avancées, beaucoup reste à faire pour optimiser les prestations relatives à la santé maternelle et à la contraception, plus particulièrement. Le recensement de 2012 sur la santé de la mère et de l'enfant montre que 7% des besoins en prestations contraceptives restent non comblés. Il conviendrait donc «de lutter davantage contre la disparité régionale en terme de santé sexuelle et reproductive, de préserver le développement démographique pour lutter contre le vieillissement de la population, de continuer l'amélioration des indicateurs de mortalité maternelle. L'objectif étant de réduire le taux à moins de 20 pour 100 mille naissances. Nous devons œuvrer davantage afin de permettre un meilleur accès aux moyens contraceptifs et de tabler sur l'information et la sensibilisation des jeunes sur la santé sexuelle et reproductive», souligne-t-il. Aucune méthode contraceptive n'est non recommandée ! Le Dr David Serfaty, président de la Société francophone de contraception, a parlé des nouvelles et futures méthodes contraceptives. Parmi les contraceptifs susceptibles de révolutionner ce domaine figurent quatre modèles de préservatifs féminins. L'orateur a rappelé que la contraception féminine ne cesse, depuis les années soixante, de suivre une évolution positive grâce à la diversification des méthodes. Ce qui n'est pas le cas, par contre, pour les contraceptifs masculins. «Jusqu'à nos jours, seuls 15 moyens contraceptifs masculins sont disponibles dans le monde», fait-il remarquer. Le Dr Serfaty a évoqué l'un des contraceptifs masculins qui serait révolutionnaire à son avis : un gel à base de testostérone. Il a, par ailleurs, attiré l'attention sur l'importance des contraceptifs féminins, notamment les mini-stérilets, les implants, les anneaux vaginaux et les patchs hebdomadaires. En effet, les études ont finalement écarté l'hypothèse sur les effets néfastes des stérilets sur la fertilité. Pour les implants, le Dr Serfaty trouve qu'ils constituent un excellent moyen contraceptif qui permet une contraception de trois ou de cinq ans. Mais la pilule reste, selon son avis, le moyen le plus facile et le plus pratique. «Il n'existe pas de méthodes contraceptives non-recommandées. Il suffit, seulement, de choisir celle qui conviendrait le mieux, à la femme, au couple», souligne-t-il. Prenant la parole, le Dr Abouda a rappelé la conférence réalisée par le Pr Badis Channoufi, chef de service au centre de maternité la Rabta, et axée sur les nouvelles techniques de stérilisation volontaire. L'orateur a précisé, d'emblée, que la stérilisation volontaire consiste à supprimer d'une manière délibérée et définitive la fécondité. Dans le monde, plus de 150 millions de femmes recourent à la stérilisation volontaire, dont 49% américaines, 60% canadiennes et 11% françaises. Cette technique vient comme une solution ultime pour stopper la fécondité après avoir manifesté des intolérances aux moyens contraceptifs. «En Tunisie, il n'existe pas de cadre juridique réglementant la stérilisation, et ce, pour des raisons éthiques et religieuses. Cependant, bon nombre de femmes âgées entre 36 et 45 ans, ayant deux ou trois enfants, optent pour cette solution radicale», fait remarquer l'orateur. Ce qui est intéressant à connaître, c'est que, outre la stérilisation féminine, les gynécologues procèdent, en cas de consentement par écrit, à la stérilisation masculine. Il s'agit de la ligature des canaux différents dont l'efficacité est estimée à 99%. Cette intervention ne gêne aucunement la vie sexuelle de l'homme.