Paris, à nous deux, auraient pu s'exclamer les Tunisiennes parties à la conquête du monde le plus difficile qui soit, celui des arts. Deux plasticiennes, et deux artisanes, joignant leur audace, leur talent, leurs réseaux et leur savoir-faire, se sont installées au cœur du vieux Paris, celui des initiés, des happy fews, la galerie Vivienne. Une des plus anciennes galeries de Paris, un univers à elle seule, où se côtoient librairies anciennes, fleuristes, espaces de décoration, créateurs de jouets à l'ancienne. Là, dans cet univers hors du temps et de l'espace, Feryel Lakhdar, Alya Belkhoja, Nadia Gribâa et Meryem Besbès étaient reçues par leur amie Nathalie Garçon, une des stylistes les plus pointues de la place, celle qui , la première, a créé des ponts avec l'Inde et la Chine. Fabricant depuis de longues années ses collections dans des ateliers indiens, elle est également conseillère d'industriels chinois pour lancer une ligne de mode internationale. Chez Nathalie Garçon, amie de longue date de la Tunisie, fidèle adhérente du réseau Femmes de Méditerranée qui se réunit chaque année à Zarzis, l'heure était donc tunisienne. Feryel Lakhdar présentait ses sculptures sur tissu, étonnants reliefs de patchworks, tableaux en trois D qui jaillissent impunément de la toile. Alya Belkhoja exposait ses Carthaginoises intemporelles et immémoriales, dont la matière rappelle les fresques d'antan. Nadia Gribâa, ancienne designer de Balenciaga, exposait ses pochettes de paille brodée, et ses couffins pailletés, étonnamment intégrés dans ce lieu atypique. Cependant que Meryem Besbès déclinait ses tissages aériens aux tons sourds de tabac, safran, terre de sienne... Un public de journalistes, gens de télévision, artistes , stylistes, tunisiens et amis de la Tunisie, était venu rendre hommage aux artistes. C'était convivial, art, élégant et chaleureux. Une belle rencontre à renouveler si possible.