Quinze artistes, des habitués de la galerie et de nouveaux venus, des jeunes et des moins jeunes, des consacrés et des découvertes récentes, le tout dans un melting-pot joyeux, créatif, plein d'humour et de clins d'œil. En général, elle donne le la de la rentrée et...le ton de la saison. Cette année, Aïcha Gorgi s'est fait attendre, et la galerie Ammar-Farhat n'a ouvert ses portes que récemment. Mais il faut avouer que cela méritait de prendre son mal en patience, et admettre que l'exposition de groupe que l'on nous propose est de belle qualité. Quinze artistes, des habitués de la galerie et de nouveaux venus, des jeunes et des moins jeunes, des consacrés et des découvertes récentes, le tout dans un melting-pot joyeux, créatif, plein d'humour et de clins d'œil, débordant de talent, furieusement transgressif, et curieusement homogène. Curieusement, dit-on, car qu'est-ce qui pourrait réunir les élégants origamis épurés de Feryel Lakhdar, qui atteint ainsi la quintessence de la pureté, et les paysages à la Hopper de Wassim Ghozlani ? Qu'est-ce qui peut rapprocher les somptueux «moucharabiehs» or d'Insaf Saada et la « Prise de tête » de Wissem El Abed qui expose pour la première fois, et se place dans une étonnante filiation de l'Ecole de Tunis, avec ses déclinaisons pop de masques « à la manière de... ». En quoi les personnages torturés et désarticulés de Meryem Bouderbala peuvent-ils cohabiter en toute harmonie avec « Ennahak Errasmi », ou « Le Brailleur suprême », de ce mystérieux Ibrahim Maatous, pseudo d'un artiste que personne ne connaît, et dont la galeriste et la galerie n'ont vu que les œuvres. Seuls le talent, la liberté artistique, l'humour souvent, réunissent ces artistes auxquels on n'a pas voulu imposer de thèmes. C'est ainsi que Khaled Ben Slimane et ses céramiques d'inspiration soufie côtoient sereinement les déclinaisons du drapeau tunisien de Fakhri El Ghezal, qui parvient à donner à ce symbole concret de notre tunisianité une esthétique abstraite, et que les photos de Dora Dhouib, évoquant les « territoires occupés » par un char sur le dos nu d'une femme, ne heurtent aucunement la bande dessinée de notre féminité de Aïcha Filali, dont on ne saluera jamais assez l'œil acéré et le talent iconoclaste. Pour n'oublier personne, citons les « Korsi » de Nadia Jelassi, si difficiles à quitter une fois occupés, les dessins affinés et minutieux de Héla Lamine qui devient une habituée de la galerie, le «portrait rongé» de Dalel Tangour et l'hommage à Mohamed Ben Slama dont les fourmis ont mis sens dessus dessous le monde de l'art.