Depuis la révolution, l'attitude des Tunisiens exerçant dans les administrations a radicalement changé. En effet, ces derniers ont adopté une attitude contraire à la bonne marche du travail. Il faut dire que ce comportement n'est pas nouveau. Absentéisme, laxisme, travail bâclé et bien d'autres défauts ont toujours été l'apanage de nombre de Tunisiens travaillant au sein de l'administration, et ce, bien avant la révolution. L'année dernière, une étude réalisée par l'Association tunisienne de lutte contre la corruption a révélé que les Tunisiens travaillaient huit minutes par jour. Quant à l'absentéisme dans les entreprises publiques, il n' a cessé d'augmenter en flèche ces dernières années. Au lendemain de la révolution, alors qu'on s'attendait à ce que les agents des entreprises publiques et privées fassent preuve de patriotisme en se mettant à la tâche et en faisant preuve de beaucoup d'ardeur au travail afin de contribuer à relancer une économie chancelante, on a assisté au phénomène contraire. Des agents se laissent aller, s'absentent lorsqu'ils le veulent, bâclent leur travail et surtout se montrent revêches avec les clients. A commencer par les agents de nettoyage de la municipalité. Avant la révolution, étant donné leur situation précaire, beaucoup, de crainte de perdre leur emploi, évitaient de rechigner à la tâche. Les villes étaient relativement propres car ces derniers étaient obligés d'enlever périodiquement les ordures. Aujourd'hui, la situation est différente. Rassurés parce qu'ils ont été titularisés à leur poste, ils se permettent de faire valoir, quand ils le veulent, leur droit de faire grève et de laisser les ordures pourrir la vie des habitants au prétexte qu'ils ne touchent pas des salaires suffisants. Tous ces agents qui travaillent dans les administrations et rechignent au travail feignent d'ignorer qu'avant d'exiger une augmentation salariale, il faudrait déjà fournir le travail journalier exigé d'eux par leur administration et qui justifie leur salaire. Certaines photos qui circulent sur les réseaux sociaux parlent d'elles-mêmes : on peut voir sur l'une d'elle, une femme assise derrière jouant à un jeu de cartes sur son ordinateur, face à une longue file d'attente. Le comble de l'irrespect! Il faut dire que la relation agent/usager n'a jamais été au beau fixe. A l'hôpital, à la gare, à la poste, à la recette des finances, l'accueil des citoyens n'a jamais été vraiment chaleureux. Non seulement les agents arrivent en retard ou sont absents mais ils n'hésitent pas quand ils veulent faire une pause à interrompre leur service et vont jusqu'à rabrouer les clients mécontents de cette attitude. Des citoyens interrogés ont exprimé ouvertement leur mécontentement dans le dernier sondage effectué par Sigma Conseil sur la qualité du service dans les administrations. 29% des citoyens questionnés ne sont pas du tout satisfaits des services dans les municipalités, 67% sont mécontents de l'accueil et du service dans les établissements hospitaliers et 52,4% déplorent le retard et le non-respect des horaires causés par les agents travaillant dans les sociétés de transport public. Ces chiffres sont révélateurs des grands défauts, tels que le fainéantisme, l'absentéisme et surtout la médiocrité du service et qui affectent grandement le rendement dans les administrations publiques.