Le poisson en mer Méditerranée n'est plus aussi abondant qu'il ne l'était. Il s'agit d'un constat général. Outre la pollution qui agit négativement sur l'environnement marin, diverses raisons sont à l'origine de ce manque relatif de ce produit sur le marché. Le rythme soutenu de l'exportation et les besoins de la restauration locale en sont une. En effet, les marins-pêcheurs n'ont d'autre choix que de pêcher toujours davantage pour honorer leurs engagements. Ils utilisent alors des filets invisibles et même traditionnels avec des maillons 22 qui attrapent tous les petits poissons, selon M. Chékib Zouaoui, enseignant né dans une famille bizertine de pêcheurs de père en fils. La conséquence est qu'il n'y a plus de repos biologique. Ensuite, la particularité des côtes de Bizerte est qu'il y a beaucoup de vent venant particulièrement du nord. Nous pensons au norois dit communément «chirch». Comme ce littoral est crêté (Ras El Blat, Ras Angela…), les courants marins sont tourbillonnaires, empêchant ainsi les pêcheurs de poser méticuleusement en permanence leurs filets et leurs lignes («baranglis») pour pêcher le poisson noble (pagres et autres dentés). «La saison des chaleurs est une explication de ce manque persistant. Pendant cette période, le poisson quitte le littoral pour aller chercher la fraîcheur dans les profondeurs. C'est ce qu'on appelle l'équilibre thermique des poissons nobles, poissons suffisamment musclés pour effectuer le trajet», selon M. Zouaoui. Et d'enchaîner avec une quatrième raison : «Le manque relatif du poisson en général est dû également au manque du poisson bleu (surtout la «latcha»), principal appât, pêché en masse dans les eaux internationales». «Quant aux autres catégories de poissons, poursuit-il, par coïncidence, il a fait mauvais temps cette année et la pêche en a pâti. Et paradoxalement quand il a fait beau, il a fait pleine lune, ce qui est défavorable à la pêche du poisson». Des mesures de régulation Toutefois, au niveau national, l'Etat n'est pas resté les bras croisés. Des mesures intéressantes ont été prises pour assurer la production. «Nous constatons qu'il y a une augmentation de près de 8% en quantité par rapport à l'année 2009, dans les derniers six mois de 2010. L'objectif pour 2014 est de faire encore mieux», nous apprend M. Noureddine Ncibi, haut responsable au port de pêche de Bizerte. La politique de l'Etat concernant ce secteur vise à améliorer la situation, bien évidemment. «La pêche anarchique n'est plus permise est désormais organisée suivant des périodes bien définies. Elle est plutôt rationnelle et régie par des lois à respecter. En retour, les autorités et régie par des lois à respecter. En retour, l'autorité de tutelle apportent leur contribution en aidant les marins-pêcheurs en guise d'encouragement», affirme M. Ncibi. Dans un tel contexte, l'aquaculture se développe de plus en plus dans les lagunes de Bizerte. Les bassins et les barrages sont mieux exploités. Ainsi l'élevage de daurades et de loups d'eau douce s'intensifie afin de satisfaire les besoins des consommateurs.