Face à la persistance de l'énigme qui s'apparente, à leurs yeux, à un règlement de comptes politique, les supporters «sang et or» intensifient leur offensive de solidarité avec leur ex-président et promettent d'aller encore plus loin dans leur campagne Que les temps sont durs, très durs pour Slim Chiboub qui, depuis son retour de sa retraite dorée à Dubaï, ne compte plus les jours de cafard dans sa cellule de la prison de Mornaguia. Là où les réserves de sa patience, assure-t-on dans son entourage, commencent progressivement à s'amenuiser. Lui qui ne cesse de marteler à ses juges ainsi qu'à ses avocats qu'il est innocent dans les 14 affaires où il est impliqué. Son exaspération a été telle qu'il a accepté, au cours de l'une de ses dernières séances d'interrogatoire, de se passer de la bagatelle de 10 millions de dinars de sa fortune placée en Suisse, en contrepartie de sa libération conditionnelle. Peine perdue, la justice en a décidé autrement, soit parce qu'elle est persuadée, soutiennent des juristes, que le présumé accusé n'a pas tout dit sur le nombre réel des zéros garnissant ses comptes bancaires à l'étranger, soit parce que l'affaire a été tout simplement politisée, comme l'affirment les avocats du gendre de l'ex-président. Argument qu'une source bien informée du ministère de la Justice s'est empressée de démentir, en assurant que «l'affaire n'a aucune connotation politique» et qu'«elle se caractérise par ses nombreuses zones d'ombre et par la complexité de ses ramifications». Tout en réfutant l'existence d'une quelconque lenteur préméditée, la même source promet que «ce dossier sera traité dans la transparence totale, conformément aux lois en vigueur». Dans la douleur En attendant le verdict prévu le 18 janvier prochain, Slim Chiboub continue de faire de la résistance et de prendre son mal en patience. Et il le fait dans la douleur. Douleur d'autant plus implacable que, outre le régime du transfert d'une cellule à une autre qu'il est en train de subir, il s'inquiète de plus en plus de l'état de santé sans cesse dégradant de son épouse qu'il n'a plus revue depuis sa rentrée spectaculaire de Dubaï. Manifestation de soutien Cependant, heureusement pour lui que de «bonnes nouvelles» lui parviennent de temps à autre pour atténuer l'ampleur de son cauchemar. La dernière en date remonte à la semaine écoulée, lorsque des supporters de l'Espérance Sportive de Tunis, son club de toujours, ont brandi dans les gradins une banderole géante intitulée : «Nous sommes tous derrière Slim Chiboub». De quoi lui remonter le moral. Lui qui était adulé, 20 ans durant, par les fans «sang et or», qui promettent, d'ailleurs, d'intensifier leur campagne de solidarité avec l'ex-tigre, quitte à mobiliser d'autres avocats et à convoquer un sit-in devant le siège du ministère de la Justice. Pourvu que justice soit faite.