Impliqué, du coup, dans pas moins de quatorze affaires (au lieu des deux qui ont expliqué son retour en Tunisie), Slim Chiboub a-t-il été victime de mauvais calculs, ou de... piège politique? Dossier à suivre... Finalement, Slim Chiboub a dû passer la nuit de mardi à la prison de la Mornaguia, alors que tout, ou presque, le prédestinait à un retour «triomphal» à la maison. Venu au tribunal pour ce qui s'apparente à une simple formalité qu'il a fini d'ailleurs par régler le plus normalement du monde, et au moment où lui et son entourage (famille, avocats et supporters de l'EST) s'apprêtaient à fêter la «victoire» ce soir-là, après avoir bénéficié de la liberté, tout en promettant de se présenter à l'audience qu'on lui a fixée pour le 10 décembre prochain, voilà qu'une surprise de taille, que presque personne n'attendait, surgit: il fallait passer, dare dare, au Pôle judiciaire de l'avenue Mohamed-V, pour être audionné dans quelque sept autres affaires! Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi cette surprenante virée au Pôle judiciaire? Et l'anxiété de devenir désarroi, lorsque le juge d'instruction dudit pôle ordonna, tard dans la soirée, un mandat d'arrêt dans le cadre d'une affaire d'abus de pouvoir portée contre Chiboub. Avalanche de procès Mais ce n'est pas fini, puisque Chiboub aura à témoigner dans six autres procès dans lesquels son nom a été cité, et qui vont des menaces proférées contre un agent de la Garde présidentielle à l'abus de pouvoir, en passant par les transactions financières louches. Certes, il a bénéficié de la liberté dans ces six procès dont des verdicts seront prononcés à partir du mois prochain. Mais c'est son incarcération dans l'affaire d'abus de pouvoir qui donne plutôt matière à réflexion, sur fond de zones d'ombre dont la plus mystérieuse est d'ordre juridique. En effet, s'interrogent plus d'un avocat, au nom de quelle loi emprisonne-t-on un présumé accusé, sans l'avoir auparavant convoqué à se présenter au tribunal, sans avoir, non plus, prononcé une sentence contre lui ? Or, les interrogations persistantes ne s'arrêtent pas là. Elles sont doublées d'autres, à savoir: Slim Chiboub savait-il réellement qu'il serait poursuivi dans toutes ces affaires? Ses calculs se sont-ils avérés faux ? A-t-il été mal conseillé ? Qui l'a trompé ? Ou alors s'est-il résolu, de plein gré, à effectuer ce saut dans l'inconnu pour affronter courageusement son destin, quitte à mettre fin à son exil doré à Dubaï ? Entre-temps, on mijote déjà, dans les milieux judiciaires, que «l'incarcération de Slim Chiboub porte une connotation politique, dans la mesure où innocenter un homme qui appartenait à l'ancien régime dans des affaires aussi nombreuses assénerait un coup dur à la crédibilité de l'appareil judiciaire et constituerait une démarche impopulaire». En attendant, les six avocats de Slim Chiboub, en l'occurrence maîtres Faïçal Ben Jaâfar, Farouk Gharbi, Mortadha Al Orfi, Wicem Saïdi, Mounir Ben Salha et Noômane Fekih, ne désarment pas, en promettant, assure-t-on dans leur entourage, de se battre jusqu'au bout pour obtenir gain de cause. Un défi d'autant plus audacieux que le risque de voir d'autres procès éventés contre leur client n'est pas à écarter, chuchote-t-on tant au Palais de Justice à Bab Bnet qu'au Pôle judiciaire à l'avenue Mohamed-V. Voilà une bataille judiciaire qui promet d'être longue et sensationnelle.