Trains, métros et bus ne suffisent plus à transporter, à eux seuls, les voyageurs dont le nombre est en augmentation. Pour pallier le manque de moyens de transport, les taxis collectifs sont venus renforcer le parc, mais sans créer des soucis aux citoyens, notamment en créant l'anarchie au centre-ville de Tunis, déjà saturé. La municipalité de Tunis a réaménagé récemment les stations de taxis collectifs pour décongestionner le centre-ville encombré par la circulation, notamment aux heures de pointe. Pour les lignes des zones nord, la station du Passage a été transférée à la rue Mohamed Chahmi, située à proximité du Parc A. Pour les lignes du nord-ouest, la station de Bab El Khadhra transposée à la rue Ahmed Bayrem, près du terminus des bus Ali Balhouane. Selon le communiqué de la municipalité de Tunis, ces changements visent à faciliter les entrées et sorties des taxis collectifs et à alléger la circulation. Utiles mais dangereux Plus disponible que les autres moyens de transport public qui sont régis par des horaires stricts, le taxi collectif est plus pratique et surtout plus rapide et permet de se rendre dans des zones d'habitation non desservies par le bus ou le métro. Il est donc apprécié par une grande partie des Tunisiens mais s'il rend bien des services, il n'a pas beaucoup amélioré la qualité du transport. Nombreux usagers se plaignent notamment du comportement des conducteurs et les désignent les « fous de l'asphalte ». « Heureusement qu'il existe ce genre de transport rapide et efficace, sinon je souffrirais le martyre pour arriver jusque chez moi », indique Ghassen qui travaille dans une agence immobilière à Sidi Amor (Raoued) et habite à Sidi Thabet. Sa collègue Samia est d'accord avec lui. « J'habite Hammam-Lif, je dois emprunter le train, puis le bus et enfin le taxi collectif pour arriver à mon travail. Sans ce moyen de transport, il aurait été difficile pour moi de travailler dans cette zone ». S'ils estiment le taxi collectif indispensable, il n'en demeure pas moins qu'ils reprochent aux chauffeurs de mettre parfois en danger les passagers en ne respectant pas le code de la route. «Je suis toujours angoissée, avec la main sur le cœur, comme si je montais dans un toboggan. Certains chauffeurs nous donnent la peur au ventre. Il dribble à gauche et à droite tentant par tous les moyens de dépasser les voitures devant eux », se plaint Samia. Des usagers excédés Outre la vitesse excessive que déplorent les conducteurs de voitures particulières, le langage ordurier pratiqué par des chauffeurs de taxis collectifs est aussi mis en cause. « Ils ne respectent ni femmes, ni hommes, ni vieux non plus. J'ai parfois eu des sueurs froides en étant obligée d'entendre les insultes et les gros mots proférés par des conducteurs mal éduqués » enchaîne-t-elle. Créant la pagaille dans le district de Tunis, en particulier en plein milieu du centre urbain, exposant les passants ainsi que les passagers à tous les écarts de langage et ce, en raison de leur implantation dans des lieux de passage très empruntés en heures de pointe. « Il était temps qu'ils soient dégagés du centre-ville » commente un chauffeur de taxi individuel qui déplore la baisse de ses recettes à cause de la présence de ce transport collectif dans le Grand-Tunis. Les animosités entre les deux corps de métier existent bel et bien. Les uns pensent qu'ils sont lésés, surtout à cause de leur transfert dans des zones limitrophes du centre-ville et les autres parce qu'ils estiment qu'ils les gênent dans leur travail en lorgnant vers leur clientèle.