Les vendeurs légaux exerçant à l'intérieur du marché municipal de la ville des roses ont profité de la disparition des étals anarchiques pour s'adonner à la pratique de la hausse illicite des prix... Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les commerçants exerçant légalement à l'intérieur du marché municipal de la ville de l'Ariana sont-ils en train de... prendre leur revanche sur le sort ? Question loin d'être banale ou déplacée, quand on sait que ces derniers, jusqu'ici aux abois, ont tôt fait de profiter de la disparition de leur bête noire qu'était le commerce parallèle, pour s'adonner à la pourtant regrettable pratique de la hausse illicite des prix. En effet, après l'euphorie qui s'est emparée d'eux au lendemain de l'éradication du phénomène des étals anarchiques qui leur avait rendu la vie dure, ils ont préféré arroser le «great-event» à leur manière, et cela par une envolée spectaculaire des prix des denrées alimentaires. Au point que des prix ont presque doublé pour certains produits tels que la pomme de terre et le céleri. Bref, la hausse vertigineuse et tout à fait surprenante a été pratiquement généralisée à toutes les marchandises exposées à la vente ! Evidemment, cette pratique déloyale est d'autant plus impopulaire qu'elle a provoqué le courroux des clients qui n'en reviennent pas. «Rendez-nous les étals anarchiques», s'écrie l'un d'eux qui, visiblement révolté et «nostalgique», rappelle qu'«avec ces étals, l'offre répondait à la demande et les prix étaient accessibles à toutes les bourses, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui». Pour un autre client non moins indigné et râleur, «on dirait que les commerçants exerçant à l'intérieur du marché veulent prendre leur revanche sur les citoyens qui les boudaient durant la longue période des vaches maigres qu'ils avaient traversée, ce qui constitue le comble des injustices; leur répliquant à sa manière, un vieux marchand de vente de légumes et fruits audit marché précise : «la hausse des prix n'est pas spécifique à notre périmètre, mais elle est pratiquée un peu partout dans les marchés municipaux et autres centres commerciaux du pays». Et d'ajouter, toujours sur la défensive : «Au lieu de nous soumettre à un harcèlement acharné, les plaignants feraient mieux de voir du côté des dépôts d'approvisionnement et des circuits de distribution où tous les maux et irrégularités sont monnaie courante». M. Salah Ben Ali, un Arianais de vieille souche et accro du couffin de la ménagère, a trouvé la formule idoine, à savoir aller faire ses emplettes, une fois par semaine, dans les souks hebdomadaires des gouvernorats de Bizerte et Nabeul où, assure-t-il, «les denrées alimentaires les plus prisées par le consommateur sont abondantes, fraîches et vendues à bas prix». Au chat et à la souris Entre-temps, la vague de contestation populaire provoquée par cette nouvelle situation n'a pas tardé à toucher les Q.G. du gouvenrorat et de la municipalité de l'Ariana, dont la réaction a été heureusement prompte et efficace. En ce sens que les brigades de contrôle des prix et de l'hygiène ont tôt fait de prendre d'assaut le marché municipal de la ville, carnets de P.V. en main et les yeux grands ouverts. En attendant un premier bilan de la liste des contrevenants, et tout en prenant acte de ces descentes, il est à espérer que celles-ci ne demeureront pas conjoncturelles et sans lendemain, et cela pour éviter qu'un nouveau phénomène, celui de la hausse illicite des prix, ne succède au défunt phénomène des étals anarchiques qui n'est plus qu'un (mauvais) souvenir.