Avec une équipe sensiblement dégarnie et face à un adversaire rompu aux grands événements et soutenu, honteusement, par la CAF, l'Espérance ne pouvait, logiquement, décrocher son visa pour la demi-finale ! L'Espérance ne pouvait sortir indemne de ce quart de finale de la Ligue des champions car les difficultés rencontrées étaient insurmontables. D'ailleurs, les signes d'une nouvelle chute après celles de la coupe arabe et de la supercoupe étaient nettement visibles depuis quelque temps. Et si on ajoute à ces signes, qui étaient purement footballistiques, la macabre machination de la CAF, on ne pouvait que se rendre à l'évidence que tous les objectifs internationaux du club de Bab Souika fixés au titre de cette saison allaient tomber à l'eau sans l'ombre d'un doute. Avant-hier, les camarades de Hamdou El-Houni étaient manifestement animés par une grande volonté de renverser la table devant leur bourreau de l'aller (1-3). Mais ils n'étaient pas suffisamment armés pour y parvenir. L'adversaire, grâce à son entraîneur chevronné, en l'occurrence Patrice Carteron, avait beaucoup plus d'arguments pour avoir le dernier mot et décrocher son visa pour les demi-finales. Certes, l'Espérance a gagné sur un but orphelin de Bilel Ben Saha sur penalty, mais presque à aucun moment de la rencontre on n'a vu venir la consolidation de cet acquis pourtant survenu dès la 3'. Ezzamalek bien cadenassé Dans ce match où tout pouvait arriver, l'adversaire de l'Espérance a donné une grande leçon de verrouillage défensif trop difficile à défoncer. Pour preuve, aucune vraie opération offensive n'a été réussie par l'équipe «sang et or». Il n'y avait aucune synchronisation entre El Houni, Ben Choug, Bensaha et Ouattara qui ont buté sur une défense hermétiquement constituée de deux rideaux infranchissables, dont le premier était magistralement assuré au milieu du terrain par la paire Ferjani Sassi-Tarek Hamed. Ces deux grands joueurs ont supporté avec succès tout le poids du match. Une Espérance décimée Il faut dire aussi que l'équipe égyptienne a joué avec beaucoup d'intelligence et de métier. Outre le fait que ses joueurs ont remporté physiquement tous les duels, ils ont fait montre d'une lucidité et d'un flegme exemplaires. Ils étaient aidés en cela par l'absence totale d'inspiration et de créativité chez leur hôte. En effet, l'Espérance était l'ombre d'elle-même. Ses joueurs couraient dans tous les sens, sans le moindre repère, tel un navire en perdition. Ses trois compartiments erraient sans guide. Et c'est cela même le but des sournoises sanctions de la CAF : frapper les animateurs de chaque compartiment avec la suspension de Chammam pour la défense et Abderraouf Benguith pour l'attaque ajoutée à la grande estocade portée au milieu de terrain par l'expulsion injustifiée de Mohamed Ali Ben Romdhane au match aller et qui n'a pas été corrigée lors du visionnage des faits par la CAF. Du coup, tout a été chamboulé et l'abject tour fut bien joué. Au fait, les maux de l'Espérance ne se limitent pas qu'aux éléments ci-haut mentionnés. Il faut avouer en plus que l'équipe a été fortement dégarnie après le départ massif de plusieurs joueurs de haut niveau. Surtout Anice Badri et Youssef Blaïli. Ces deux grands noms ont été à l'origine des deux derniers titres africains remportés par l'Espérance. Celui qui veut s'approprier ce mérite à leur place n'est qu'un arrogant prétentieux qui prend les vessies pour des lanternes. A. BACCAR