Il a fait la différence au moment où le match allait se terminer par un nul. Il y a moins d'une semaine, il était l'homme du derby. Avant-hier, Saâd Bguir a encore fait parler de lui. Il fait partie de cette rare race de joueurs qui font la différence au moment où on a besoin d'eux. Face à une formation libyenne, qui a joué le bloc bas, créant le surnombre en phase défensive, les attaquants tunisiens ont eu un mal fou à percer sa défense. Sans être trop brillants, les Libyens ont su fermer toutes les issues qui mènent à leur cage, au grand désarroi de Saber Khelifa et compagnie. Sous le regard inquiet d'Henri Kasperczak, nos joueurs ont déroulé la balle en longueur et en largeur, une mi-temps durant. En vain. Il a fallu attendre la pause et le pressing haut qui a suivi pour que la donne change. Technique raffinée Jouer dans le dos des défenseurs est sa spécialité. C'est peut-être ce penchant qui explique qu'il s'entend très bien avec Saber Khelifa. Le jeune régisseur de 21 ans a joué plutôt en profondeur, profitant surtout des accélérations de Khelifa sur le couloir gauche afin de pousser les défenseurs libyens à sortir de leur coquille. Le plus qu'a apporté Bguir est de se faire oublier et de se trouver là où les défenseurs adversaires s'y attendent le moins. Il a également la faculté de jouer collectif et de réutiliser la balle à bon escient quand son coéquipier se trouve dans l'obligation de s'en débarrasser. Et c'est à l'image du but qu'il a marqué à un quart-d'heure de la fin du temps réglementaire. Bguir s'infiltre en pleine surface de réparation, sert Mohamed Amine Ben Amor parti ouvrir une brèche sur la gauche avant de se trouver coincé sur la dernière ligne et de réexpédier la balle en retrait. Bguir a fini le travail d'un joli tir croisé, logeant la balle dans les filets du portier libyen Abdallah, resté impuissant. Contrairement aux autres avants, Bguir a su se montrer efficace au moment opportun. Il ne restait qu'une quinzaine de minutes à jouer et les Libyens avaient bien ficelé leur jeu, mettant les attaquants tunisiens dans le désarroi. Si Ben Youssef, Khelifa et Khenissi ont cherché l'exploit individuel, tirant sur la transversale ou tout simplement à côté, Bguir a, quant à lui, varié son jeu multipliant ainsi les solutions individuelles et collectives. Bref, Saâd Bguir est incontestablement la nouvelle étoile montante du football tunisien. Qu'il continue à travailler sérieusement et, surtout, à garder les pieds sur terre. Le chemin est encore long devant lui.