Autant l'entraîneur «sang et or» a optimisé ses moyens, autant le Français était passif et sans empreinte de jeu. Revenir sur ce chaud derby tunisois entre le CA et l'EST demande énormément de lucidité et de sens de relativisation. Il ne faut surtout pas tomber dans le «sensationnel» ou dans le «populisme». C'est que ce derby CA-EST n'est pas un simple match et ne peut pas être réduit dans les commentaires émotifs et dans les images «débilisantes» sur les réseaux sociaux. Ce derby à l'enjeu important, mais pas décisif du tout, a été riche en leçons et approches tactiques, mais également en détails inaperçus mais qui ont fait la différence. Au bout de ce derby, gagné méritoirement par l'EST, les «Sang et Or» surmontent cette période difficile qui aura duré des mois, mais cela il faudra le confirmer. Rien n'est encore gagné, le plus important sera de se remettre en confiance. Quant au CA, c'est une défaite qui met l'équipe devant sa réalité : mauvaise préparation, improvisation dans les recrutements et manque de personnalité. Il faudra relativiser là aussi pour le CA qui a besoin de revoir la manière de gérer l'équipe et surtout ces joueurs très cher payés. Ce derby a été aussi celui des deux entraîneurs Ammar Souayah et Daniel Sanchez. Le premier s'en est bien sorti, le deuxième a confirmé pour la énième fois ses limites et son incapacité à lire le jeu. Les choix des joueurs Pour ce premier critère, Souayah a été de loin meilleur. Il a aligné la meilleure composition, hormis le choix de Sissoko, choix qu'il a corrigé à la pause. En 5 matches de championnat, Souayah a réussi à stabiliser une ossature assez complémentaire. Dans le camp clubiste, Sanchez a continué ses expérimentations. Après plus d'un an d'exercice, Sanchez n'a pas encore trouvé le onze idéal. Lancer Touzghar, un joueur qui n'a joué qu'une seule mi-temps à l'intersaison, est un exemple de l'incapacité du Français. Ecarter des joueurs comme Nater, Belaïd, et avant eux, Dhaouadi, en dit long sur l'attitude de Sanchez qui a dû également gérer beaucoup d'absences (Agrebi, Haddadi, Belkaroui, Chenihi...). Côté changements, Souayah a nettement mieux lu le match surtout après l'expulsion de Mikari. Possession de la balle, élévation du rythme, placement, tout a changé après ce carton rouge. Si Souayah a réussi à porter ses joueurs devant, Sanchez a choisi de chambarder sa charnière centrale et de jouer la carte offensive dans un premier temps. Puis il a vu que ses joueurs, émoussés de faire le pressing et mal préparés physiquement, ont reculé pour un bloc bas fragmenté et peu efficace. Les plans du jeu EST et CA ne nous ont pas offert un duel tactique haut de gamme. C'était un derby sans qualité technique et tactique. Souayah a continué avec son 4-2-3-1 où Ragued et Coulibaly font la récupération et la relance, et où surtout Bguir, électron libre, fait le régisseur à l'ancienne. C'est lui qui a fait le différence grâce à un pied gauche souple et des gestes techniques imprévisibles. Ben Youssef et Khenissi ont beaucoup profité des «assists» de Bguir. Dans le camp clubiste, Sanchez n'a trouvé aucune solution pour contenir Bguir. Ouedherfi, Khelil et Ben Yahia n'ont pas eu de consignes pour limiter les espaces devant le régisseur «sang et or». Le CA a opté pour le 4-3-3, mais sans être si percutant surtout en seconde mi-temps. pas de profondeur en attaque, Khelifa a excellé juste 30', alors que Meniaoui était «out». Sanchez, contrairement à Souayah, a très mal géré l'après-carton rouge de Mikari. Ses joueurs ont continué de mal presser les défenseurs de l'EST, puis ont reculé et cédé des espaces énormes. On sentait Sanchez incapable de faire passer le message dans le dernier quart d'heure fatal. Aucune réaction exactement comme ce fut le cas en coupe de Tunisie, à l'Unaf ou face à OS Bouzid. L'après-derby Ammar Souayah, pas bien accepté par une grande partie du public de l'EST, peut respirer. Il gagne le match le plus important en ce moment pour son équipe et retrouve la dynamique des victoires. Le Tunisien a bien géré son match surtout à la pause où il a remis son équipe sur les rails, et, par la suite, en profitant de sa supériorité numérique. Il peut travailler avec moins de pression qu'avant. Pour Sanchez, il n'arrive plus à bien gérer un match clef surtout devant un concurrent direct. Le derby de l'aller, la saison dernière, le derby au retour bien que gagné (le CA était en supériorité numérique pendant 25' mais s'est contenté de gérer cette avance), et ce derby d'avant-hier, Daniel Sanchez montre bien qu'il n'est pas le bon patron. Ce n'est pas seulement de sa faute, il faut le reconnaître, avec un encadrement absent, des vestiaires tendus et des recrutements faits sur mesure et à la tête des agents des joueurs. Sanchez devrait quitter, mais ce n'est pas lui le seul responsable. C'est en premier lieu l'intenable président du CA qui a tout fait pour bouleverser et perturber son groupe.