Le bras de fer entre les deux institutions risque de se prolonger encore, avec le ministère des Sports qui est, lui aussi, partie prenante... La polémique, née de la dernière assemblée de la FTF qui a délimité et réduit le champ d'intervention du Cnas dans les affaires du football, nous paraît normale dans un football où les intérêts ne convergent pas souvent. Mieux, cette polémique, ce bras de fer comme aiment l'appeler certains, est un bon indice pour notre football. Même si ça prend un côté personnel, même si ça peut perturber la vue à court terme, cela ne peut que pousser tout le monde à trouver la meilleure formule qui défend ses intérêts (pas en tant que personnes), et normalement par conséquent celle du football tunisien. Ce qui inquiète par contre, c'est que l'on verse trop dans un discours légal et de juridique qui n'a rien à voir avec l'urgence du moment. Notre football souffre de maux «managériaux» à tous les niveaux, l'un d'eux sur le plan fédéral. Pas seulement dans ce domaine, puisque l'intervention du Cnas et des structures de juridiction sportive peut allonger les délais et «alourdir» la compétition. Nous avons besoin certes d'une juridiction, mais il faut que cela soit souple, efficace. La question qui se pose : où allons-nous surtout que la FTF, et le Cnot tiennent à leurs positions? Quel avenir au Cnas et son champ d'intervention? Entre une FTF qui, au nom du vote des clubs affiliés, retrécit le champ du Cnas, et un Cnot qui défend son institution, on risque d'avoir d'autres rebondissements et d'autres acteurs dans cette affaire. Le ministre des Sports s'en mêle Maher Ben Dhia est intervenu dernièrement sur les ondes de «Shems FM» pour parler de cette affaire. Le ministre des Sports a appelé la FTF à se concerter avec le ministère des Sports, son bailleur de fonds public, dans l'élaboration des textes et des règlements avant de passer aux travaux de l'Assemblée. Le ministre des Sports nous a interpelés en parlant d'un minimum de discipline, de la FTF et des clubs. Cela veut dire que les clubs, et par delà la FTF, sont tenus de se concerter et de coordonner leurs actions ensemble. Cela fait renaître l'éternel dilemme de l'intervention de la tutelle dans les affaires du football. Chose bannie par la Fifa. En se prononçant ainsi, M. Ben Dhia risque de faire mal au football tunisien. C'est vrai que la FTF doit se conformer à une certaine ligne de conduite et être efficiente, c'est vrai que le ministère des Sports, qui représente l'Etat, ne peut pas financer sans être au moins impliqué d'une manière ou d'une autre, mais en même temps, il n'a pas le droit d'interférer et d'orienter les décisions des clubs dans l'assemblée. C'est une ligne rouge à notre avis. C'est un principe sacré à la Fifa qu'on ne peut pas ignorer. Les prochaines semaines vont réserver des rebondissements dans cette affaire, avec surtout l'assemblée extraordinaire de la FTF qui peut constituer un tournant clef.