Hormis quelques éclairs dans la grisaille, les sportifs tunisiens ont raté leur copie. Tout un système à réinventer Une année s'éteint, une autre commence pour le sport et les sportifs tunisiens. Pour aller de l'avant et réussir, il faut partir de ce qu'on a fait l'année dernière. Notamment les échecs et les blocages (qu'ils sont nombreux !) d'un sport mal dirigé et qui souffre de la précarité des moyens. Ce n'est pas tout, le sport tunisien nécessite, en urgence, une autre approche. Approche plus rationnelle avec des politiques étudiées et des hommes compétents. Le problème, c'est qu'après 3 ans de révolution, le sport est resté pratiquement le même qu'avant. Il traîne les défaillances et surtout les dirigeants incompétents et faillibles qui se sont fait des CV et des fortunes sur le dos du sport et des sportifs. Ajouter à cela la conjoncture économique et la liberté qu'on a et qui permettent à tous de dire n'importe quoi pour comprendre pourquoi notre sport traîne. Notre plus gros problème, c'est qu'on continue à croire le gros mensonge hérité de l'ancien système. On croit que nous sommes les meilleurs, les plus intelligents, les plus honnêtes avec la meilleure infrastructure. En même temps, nous n'avons pas de joueurs qui évoluent dans les championnats forts (pratiquement tous sports collectifs à part quelques exceptions), nous n'avons pas les moyens de ramener les meilleurs athlètes et techniciens, nous avons des stades et des salles mal bâtis et aux défauts flagrants (parquets bas de gamme, mauvaise aération...). Bref, nous croyons encore en cette illusion. Trois ans qu'on attend, et ce qui a été fait n'a rien changé. L'année 2013 n'a pas été radieuse pour nos sportifs en général. On retient également quelques heureux événements. CSS : année inoubliable Le CSS a sauvé le football et le sport tunisien avec la coupe de la CAF gagnée dans la douleur contre TPMazembe. Peu importe, c'est un titre très bon à prendre qui récompense le CSS et Ruud Krol qui a métamorphosé ce club. La consécration du CSS vient récompenser cette génération de joueurs doués. Maintenant, le départ de Krol a laissé un vide, mais les repères sont là. Qualité de jeu, individualités et personnalité. Le CSS a tout pour réussir en Ligue des champions et dominer le football tunisien. Sélection : Nul ! Notre équipe nationale rate le second Mondial de suite. Cette année aura été complètement ratée pour notre sélection : trois entraîneurs se sont succédé : Trabelsi, Maâloul et Krol. Le premier poussé à la sortie après la CAN, cède sa place à Nabil Maâloul au terme d'une mise en scène qui permet à ce monsieur de réaliser son second rêve après l'Espérance. Incompétent, dit-on, subjectif et mauvais lecteur des matches, il finit par enfoncer la sélection : il prend une équipe avec 6 points en deux matches, il finit par une défaite humiliante face au Cap-vert, et par une élimination honteuse au CHAN face au Maroc. Rescapés par la Fifa, nous jouons le match décisif contre le Cameroun sous la houlette de Krol. Ce dernier «réussit» le match aller et craque, avec ses joueurs, au match retour. Le naufrage de la sélection vous en dit long sur l'état des lieux du football tunisien. Sports collectifs : ça cale 2013 n'a pas été heureuse pour nos sports collectifs. En basket, par exemple, notre sélection s'est effondrée au dernier championnat d'Afrique, contre toute attente. Adel Tlatli et ses joueurs se sont classés à la 9e place après être surpris par l'Egypte. Parti pour être favori, le cinq national fait un crash surprenant. La fin du cycle a déjà sonné pour ce groupe. En volley-ball, le Six tunisien confirme ses difficultés face à son adversaire égyptien. On organise le championnat d'Afrique mais nous ne gagnons pas contre une Egypte tout simplement meilleure. Au niveau des clubs, le CSS remporte haut la main le championnat d'Afrique des clubs de volley-ball, alors que l'ESS (handball) décroche la Supercoupe d'Afrique face à Al Ahly alors que l'EST ramène le championnat arabe du Maroc. C'est une moisson honnête comparée aux échecs des footballeurs. Mellouli, Jaballah et Jabeur : c'est OK! Le premier a gagné le Mondial 5km nage libre en eau libre, le second, la médaille de bronze au Mondial du Brésil, alors que la troisième a gagné un tournoi doté de 50.000 dollars au Japon et le «Nana Trophy» au TCT. Ces champions montrent bien que nos politiques basées sur les sports collectifs ont été un très mauvais choix. CNOT : du nouveau L'élection du nouveau Bureau exécutif du Cnot rentrera dans l'histoire : beaucoup de tractations, d'alliances et de contre-alliances et un duel ouvert entre Mehrez Boussayène et Mahmoud Hammami pour le poste de président. Le premier l'emporte sur le fil 9-8 au dernier suffrage. Le Cnot vire à 180 degrés avec une nouvelle composition et une envie de sortir de l'ombre. 17 membres dont des nouveaux (Skander Hachicha, Maha Zaoui, Anis Lounifi, etc.), des anciens (Mahmoud Hammami et Meryem Mizouni), le tout ne forme pas un ensemble homogène avec des bras de fer de temps en temps. Le Cnot va-t-il réussir à faire du poids en sport? En tout cas, 2013 a vu un long conflit avec le ministère du sport. L'affaire Malek Jaziri Le tennisman tunisien ne joue pas contre un joueur israélien et c'est une affaire qui prend une tournure grave. L'ITF, qui fait tout pour protéger les intérêts israéliens, saisit un mail où l'on demande à Jaziri d'éviter de jouer contre ce joueur. Sanction immédiate de la part de l'ITF et une polémique qui montre encore une fois que l'ITF fait du deux poids deux mesures et qu'elle n'a pas donné le droit de se défendre à la FTF. Une année de suspension à la Coupe Davis, c'est une lourde sanction, mais le problème n'est pas résolu : que vont faire désormais nos athlètes face à des Israéliens? Pris entre deux feux, vont-ils satisfaire leur conscience ou... leur devoir d'athlètes? Médias sportifs : mêmes rengaines! Le discours des médias en sport n'a pas changé : c'est la même approche avec surtout des émissions télévisées et des plateaux qui se ressemblent jusqu'à la monotonie. Un présentateur, quatre chroniqueurs, beaucoup de parlotte, de littérature, d'insultes même et des analyses techniques superficielles. Notre paysage médiatique sportif reste encore à ses débuts et à la recherche d'identité. Pas de magazines spécialisés, même genre et même produit présenté à la radio et à la télé, et surtout des consultants qui nous cassent la tête avec leurs clichés. Rares sont ceux qui émergent du lot.