Du 4 au 8 novembre, «Art et lien social» se décline en 21 œuvres, 21 artistes et 24 lieux à la Médina, pour ses habitants et pour tous. Biennale pluridisciplinaire d'art contemporain en espace public, Dream city se renouvelle dans la Médina, avec ses habitants, à chaque édition. La 5e édition aura lieu du 4 au 8 novembre entre les ruelles, maisons et boutiques de la vieille ville. Lors d'une conférence de presse tenue à Dar Bach Hamba — QG du projet pour vingt ans — les directeurs artistiques, Salma et Sofiane Ouissi et la chef de projet, Béatrice Dunoyer, ont révélé les détails et le programme de Dream city 2015, placé sous le thème «Art et lien social». L'association l'Art Rue, responsable de projets comme «Laaroussa» et «Change ta classe», organise Dream city depuis 2007. Le même principe prévaut, cette année, avec des œuvres artistiques inédites, coconstruites avec les habitants de la Médina. Un travail en communauté, que Salma Ouissi qualifie de «pratiques culturelles habitantes», où tout le monde a sa place, grands et petits. Il y a aussi du nouveau. «Pas de parcours cette année. Les visiteurs de Dream city auront accès à toutes les œuvres», annoncent les organisateurs. Les parcours étaient un prétexte pour que les gens découvrent plusieurs disciplines. «Au bout de cinq ans de vie, il est temps pour le public de choisir», ajoute Salma Ouissi. C'est également la première édition où le ministère de la Culture participe au financement, à raison de 40%, nous a-t-on appris pendant la conférence de presse. Plusieurs moments forts Béatrice Dunoyer annonce plusieurs moments forts lors de cette édition. En plus des œuvres des artistes de Dream city, il y aura des Dream-concerts, assurés par des groupes tunisiens comme Denya okhra, accueillis par Dar Bach Hamba. Durant toute l'année qui a précédé Dream city, les artistes ont développé leurs projets au sein de la communauté de la Médina. La manifestation tente, cette année, de conquérir de nouveaux espaces et élargir son champ pour toucher le faubourg sud de la Médina, ou faubourg Bab el Jazira. Ainsi, l'artiste syrien Omar Abusaada a travaillé sur la performance théâtrale Alors que je m'envole loin avec les enfants de l'école primaire Kouttab Louzir. Le texte de Souad Ben Slimane (Tunisie) et la mise en scène de Jean Paul Delore (France) ont donné le jour à la pièce Les hommes de Sabra, où jouent des non-acteurs, habitants de la Médina, et qui sera donnée à Dar Abdelwahab. Au programme, également, une rétrospective à la place du Tribunal intitulée «Tunis 1959», autour du projet de l'architecte français Yona Friedman commandé par Bourguiba après l'indépendance. Du cinéma au théâtre El Hamra et à Tourbet el Bey, de la danse à la Kherba, de la photographie à Souk el Asr, café el Enba et au palais Khereddine et de l'art vidéo à Beit el Bennani et la caserne Sidi El Morjani, Dream city, c'est en tout, 21 œuvres, 21 artistes et 24 lieux. Mettre la main au balai L'ouverture de Dream city aux espaces du faubourg sud s'accompagne d'un grand travail de rapprochement avec les habitants. «Pendant toute l'année, nous leurs parlons pour expliquer le but de notre travail, afin de rendre la transformation sociale par l'art effective», explique Béatrice Dunoyer. «Il y a encore de la réticence de leur part mais nous continuons notre action», ajoute Salma Ouissi. Au moment où se tenait la conférence, des invitations étaient distribuées aux habitants et commerçants de la Médina afin de prendre part à une action citoyenne prévue pour le dimanche 1er novembre à 7h00, à partir de la place du gouvernement à la Kasbah. «L'Art Rue et la municipalité de Tunis vous convient à participer au grand nettoyage de la Médina de Tunis... La Médina vous appartient. Nous vous invitons à la nettoyer, à mettre la main au balai», peut-on y lire. La Médina le vaut bien et en a vraiment besoin. Il suffit d'y faire un tour pour s'en apercevoir.