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Une expression en devenir
«L'Artiste citoyen et l'espace public maghrébin»
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000

Vingt jeunes artistes tunisiens et seize européens prennent part, à Tunis, à une formation de trois semaines, sur le thème : «Conflits et résistances : l'artiste citoyen et l'espace public tunisien».
A travers leurs corps-artistes, ils cherchent à établir un dialogue avec l'espace public dans toutes ses composantes, essentiellement les gens qui l'occupent, d'une manière permanente, itinérante ou temporaire. Dans le cadre de cette formation pratique, les organisateurs, à savoir l'association l'Art rue et la FAI-AR (Formation Avancée et Itinérante des Arts de la Rue), ont tenu un salon de recherche sur le thème de « L'Artiste citoyen et l'espace public maghrébin». «Nous voulions apporter des outils pratiques dans une formation jusque-là théorique», nous explique Béatrice Dunoyer, chef de projet à Art rue.
Ce salon de recherche a eu lieu jeudi dernier, à Dar Saida, un centre culturel rattaché à l'Institut arabe des droits de l'Homme, actif auprès des enfants et jeunes du quartier Essaida El Manoubia. D'emblée, la difficulté d'accéder à ce faubourg dissimulé derrière une rue principale de Montfleury, — avec les taxis qui refusent de vous y emmener une fois la nuit tombée et les regards de travers qui accompagnent vos pas rapides essayant de retrouver ses repères dans les lieux —, indique à quel point ce quartier a besoin d'un dialogue avec l'autre et d'un art citoyen, seul capable de faire tomber quelques rigides barrières qui se sont installées au fil des années.
Art citoyen, dites-vous ?
Quand nous arrivons à Dar Saïda, le metteur en scène Fadhel Jaïbi est au micro. Il parlait de ses débuts où lui et sa troupe faisaient du théâtre dans la rue, dans les régions de l'intérieur, où les gens demandaient à ce qu'on parle avec eux et non pas d'eux. Sa manière de faire un art citoyen est, dit-il, se questionner sans cesse sur les raisons d'être du théâtre. «Nous sommes allés là où les gens ne vont pas au théâtre. Petit à petit, nous avons fidélisé un public qui nous a suivi jusqu'à Carthage». La parole est ensuite donnée au sociologue Mohamed Kerrou qui s'est intéressé dans son intervention au projet de Street art Djerbahood. Ce chercheur considère que son rôle est de questionner Djerbahood, «dans ce qu'il rend visible et ce qu'il rend invisible dans la vie de ce quartier», explique-t-il. Kerrou attire l'attention du public sur le message diffusé dans le teaser du projet, contenant des phrases comme « ils ne comprennent pas... ils ne connaissent pas le Street art... », de quoi s'interroger sur la vision de ce projet du point de vue de sa citoyenneté.
Mohamed Kerrou n'a pas manqué d'épingler les médias et de les renvoyer à leur rôle, ayant tous repris les mêmes informations et surtout le point de vue de Djerbahood comme «musée du Street art à ciel ouvert ». Après un rappel de l'historique et des spécificités culturelles du quartier de la « Hara sghira », dit Erriadh, le sociologue ajoute : «Ce quartier est parfait, il n'a pas besoin de Djerbahood, il a été dénaturé par Djerbahood !». Il n'empêche que les habitants du quartier ont interagi avec ces œuvres et avec les artistes. Ils ont pris des photos avec les graffiti et même détruit une œuvre d'une maman tenant son enfant pour l'allaiter, parce qu'elle dérangait.
Premiers pas d'artistes dans l'espace public
Et c'est au tour de Dream city, projet de l'Art de rue de s'exprimer. Sofiane Ouissi, cofondateur avec sa sœur Selma de ce festival urbain, commence par définir ce projet comme une œuvre artistique collective. «Les artistes tunisiens étaient chassés de leur territoire, on leur a confisqué l'espace public et le droit de cohabiter avec leurs concitoyens», décrit-il. Cela a entravé l'installation d'un projet commun de société. Dream city est donc venu comme tentative de réappropriation de l'espace public, en 2007. «Nous rêvions d'être un citoyen nouveau et un nouvel habitant de cette Médina, la question qui nous habitait était comment faire corps avec la Médina», résume-t-il.
Le groupe de jeunes artistes fut formé en plusieurs disciplines : en corps et mouvement dans l'espace public par Selma et Sofiane Ouissi, en images et visuels en espace public par Héla Ammar, en matières, société et espace public par Sonia Kallel, en voix et sons par Alia Sellami, et en écriture dramaturgique, théâtre et espace public par Souad Ben Slimane. Pendant trois jours, ils ont effectué des sorties à la rencontre du public. Ils sont revenus avec des histoires enrichissantes et émouvantes qu'ils ont partagées avec les présents au salon de recherche. L'un a fièrement raconté comment le groupe a amené le chef de la jeune bande d'un quartier à parler de sa tentative d'immigration clandestine. Expérience qu'il a racontée d'une manière très théâtrale, en créant un décor et une scène délimités par les gens qui l'écoutaient. Capter les sons de la rue a aussi été un exercice important et un moyen d'entrer en communication avec les gens.
Quant à la danse, il faut avouer que ce n'était pas une expérience facile à intégrer dans ce quartier. Une jeune du collectif «Danseur citoyen» a raconté les premières réactions des gens, une réaction souvent physiquement ou verbalement violente mais qui se transforme très vite en un jeu auquel le public prend part. C'est ce que l'artiste Alia Sellami définit comme «une mise en miroir, mise en jeu et mise en valeur, avec les gens».
Intervenants et participants à ce salon de recherche étaient tous d'accord du bien-fondé de leur démarche. Un appel à l'invasion de l'espace citoyen, un appel auquel une jeune artiste espagnole répond : «Il faut agir maintenant, mais il faut être à l'écoute de la temporalité de la ville et laisser le temps aux gens de digérer ces expériences». La rencontre se termine sur une annonce que «les taxis nous ont laissé tomber et qu'il faut s'organiser et compter sur du covoiturage pour ramener les participants au centre-ville. Ces derniers auront également appris que trouver un taxi à Tunis relève parfois de l'art citoyen !»


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