Fondée en 2011, l'association accueille des enfants qui souffrent de ce «mal» Mme Samira El Goulli Abdelmajid, présidente de l'Association, a suivi un cursus de droit puis, interpellé par le monde des arts, elle est devenue animatrice culturelle à Bir Lahjar. Coup du destin, drame de la vie : elle donne naissance à un enfant différent, il est autiste. Aux côtés de son mari, elle a remué ciel et terre pour que Fourat leur fils ne finisse pas ses jours à l'hôpital Errazi. Plein de projets en tête, Mme Goulli et son mari cherchaient à créer une structure censée accueillir ces enfants différents. Mue par le désir d'améliorer la vie de l'autiste, elle reprend du poil de la bête et décide de tendre la main aux parents d'enfants atteints de ce mal incurable... Qu'est-ce que l'autisme ? C'est une maladie difficile à diagnostiquer qui a fait l'objet de recherches de plusieurs psychanalystes du monde entier, dont Françoise Dolto et Kraner. L'autiste vit reclus dans une sorte de bulle. Renfermé, il ne manifeste que rarement des élans affectifs. Il est dans sa tour d'ivoire et voit le monde à sa manière. Il peut indéfiniment reproduire des gestes, toujours les mêmes. Et, parfois, au moment où l'on s'y attend le moins, il peut prendre conscience des choses de la vie, de la réalité, de l'existence de l'autre. Parfois, il refuse même qu'on le touche. Chez l'autiste, le langage est tardif ou, parfois, inexistant. L'autiste n'exprime pas sa douleur. Il peut souffrir d'un mal physique stoïquement. Comme s'il n'avait jamais dépassé le premier âge. Il tait sa douleur. Il est dans sa bulle, coupé du monde extérieur. De ce fait, il a besoin d'une attention particulière... Mme Goulli nous explique que ces enfants passent par une phase où ils sont hyperactifs. Ils ne tiennent pas sur place et ne connaissent pas l'interdit. Un «surmoi» inexistant et un «moi» qui ne peut s'affirmer, d'où l'absence d'interaction avec la réalité. Parmi les autistes, on peut trouver des génies ou de grands peintres, mais d'autres s'automutilent ou sont agressifs avec leur entourage. Certains d'entre eux deviennent autonomes. C'est le cas de Fourat. Pour eux et pour l'amour de son fils, Mme Goulli a bâti l'association. Elle a choisi de planter ses rêves dans la Médina. «Un local en très mauvais état dégoté par une jeune infographiste», explique la présidente de l'association. Il fallait restaurer l'endroit. Tout est réalisé avec de la récup. C'est une petite maisonnette où l'esprit de la Médina est sauvegardé. Margoum, vieille porte, fer forgé, foutas, pouf, mida, un endroit lumineux. «D'ailleurs, explique Mme Goulli, c'est cette luminosité qui m'a attirée». C'est là qu'elle reçoit des parents d'autistes aux prises avec le désarroi, désarçonnés, ne sachant que faire. Fondée en 2011, l'association est un espace ouvert aux autistes de tous âges. Dans le but de créer des ateliers d'expression artistique qui permettraient à l'autiste de se réaliser et de sortir un tant soit peu de sa bulle. Il est actuellement tenu par des bénévoles qui se démènent pour prendre en charge l'autiste mais en présence de ses parents. En réalité, explique Mme Goulli, cet espace permet de prendre en charge des parents en souffrance en les mettant en contact avec d'autres personnes ayant un proche souffrant de ce mal et en leur expliquant les démarches à suivre. L'apport de jeunes musiciens et de plusieurs étudiants en psychologie ou en psychiatrie est d'un grand secours. Mais il reste beaucoup de choses à faire, explique Mme Goulli. Pourquoi ne pas intégrer l'autiste dans une école d'enfants normaux entre 5 et 15 ans. «Le tout est de former les éducateurs pour comprendre ces cas», nous dit la présidente de l'association qui a fait plusieurs démarches auprès des ministères et des ONG à cet effet. Pour le moment, l'association est une cellule d'écoute qui prodigue des conseils. Qui attend un coup de pouce pour prendre son envol. «Pourquoi pas un plus grand local où l'on peut intégrer des stagiaires spécialisés en kinésithérapie, en ergothérapie, en psychologie», nous dit Mme Goulli. Cela permettrait à l'autiste d'avoir une vie plus confortable. Et elle ajoute : «Nous voudrions organiser des échanges avec les réseaux culturel, sportif et écologique. Les autistes seraient ravis de faire des randonnées, des promenades et des sorties, accompagnés de leurs parents». Pour ce faire, «l'association a besoin d'un bus». Entre-temps, Mme Goulli s'investit matériellement, moralement et physiquement pour que ces enfants, «souvent considérés comme des pestiférés», aient une vie plus décente. «Vous savez, nous dit-elle, l'autiste est très fragile. Il a une petite santé. Certains d'entre eux font des dépressions ou des crises d'épilepsie. Ils ont besoin d'être pris en charge par des médecins. Mme Goulli ne baisse pas les bras, elle a contacté le ministère du Travail et a sollicité l'aide d'autres associations, pour éviter à ces enfants différents de finir leur vie à l'hôpital Errazi.