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Nida Tounès : qu'en dirait Monsieur Freud ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 11 - 2015


Par Azza Filali
La crise traversée par le parti au pouvoir recèle bien des facettes. On a longuement évoqué l'absence de congrès constitutif, absence qui fragilise les structures existantes et ouvre la voie à toutes les dérives. On a aussi parlé du conflit de personnes allant même jusqu'à diviser le parti en deux clans ennemis : les fidèles de Mohsen Marzouk et ceux de Hafedh Caïd Essebsi. On a aussi déploré l'inexcusable violence de la réunion de Hammamet où, par le biais de milices grassement payées, certains membres éminents du parti ont agi à découvert, dévoilant l'agressivité, habituellement bien cachée et qui alimente tout un chacun lorsqu'il s'agit d'accaparer le pouvoir. Tout est dit et on attend l'incertaine intervention de l'ancien président du parti pour espérer le replâtrage d'une structure gravement amochée.
Il y aurait pourtant d'autres lectures de ces regrettables événements. La première, la plus féroce, est l'appétit de pouvoir qui anime les individus. Dominer, commander, voilà un ineffable nectar : qu'on y goûte une fois et il devient indispensable. Enraciné dans l'âme, présenté sous couvert d'honorables motifs, tel l'intérêt du pays et de ses citoyens. Quand, donc, comprendra-t-on que le bien des autres passe avant tout par le bien qu'on se fait à soi-même ? L'ère des âmes pures est, depuis longtemps, révolue, si tant est qu'elle ait existé un jour.
Une autre lecture serait que le parti Nida Tounès a grandi trop vite, tels ces enfants qui poussent en longueur et abordent l'adolescence alors qu'on les croyait encore bambins. C'est que ce parti, né en 2012, a juste eu le temps d'ouvrir ses bureaux et de mener de front deux campagnes électorales. Encore trop peu de travail sur terrain, de programme, appliqué et suivi, de participation effective aux affaires du pays. Dans la vie des partis, Nida Tounès est encore adolescent. Or l'adolescence est l'âge des crises et des mutations, lequel est marqué par ce que certains sociologues appellent les rites de passage. Assistons-nous actuellement à un rite de passage, indiquant que ce parti, encore jeune, aborde son virage vers la maturité au travers de crises et d'incidents aussi violents que conflictuels. C'est que, contrairement aux idées reçues, le chemin vers la maturité (qu'il s'agisse d'un être ou d'un parti), loin d'être un long fleuve tranquille, est le plus souvent semé d'embûches, émaillé d'incertitudes et de déchirements.
En vérité, la crise de Nida Tounès a été (assez grossièrement) simplifiée dans l'opinion publique par la scission opérée au sein du parti entre Hafedh Caïd Essebsi et Mohsen Marzouk. Tous deux fils d'un même père. L'un étant fils biologique, l'autre spirituel, selon le cœur et les affinités. Or, point n'est besoin de se plonger dans un manuel de psychanalyse pour savoir que la révolte du fils contre le père constitue le premier acte de maturation d'un être. Révolte qui recèle, tout au fond, le désir inconscient du meurtre du père, pour prendre sa place. Ce désir, par lequel passeraient tous les individus, est, dans le cas présent, aiguisé par le fait qu'il ya deux fils. Une telle situation ne peut que générer des animosités allant croissant entre l'un et l'autre et un égal acharnement à occuper la première place.
Ah, elle a bon dos la démocratie ! Invention intellectuelle, faite par des hommes qui rêvaient d'une société idéale, elle demeure impuissante face aux archaïsmes qui structurent l'âme humaine depuis toujours. Parmi ceux-ci, un schéma revient et se perpétue : le fils, s'étant débarrassé du père (aidé parfois par l'âge avancé de celui-ci), prend sa place et hérite de ses prérogatives. Or, plus la place est valorisante, plus avide sera le désir de l'acquérir. Nous continuons encore à voir des générations se succéder au pouvoir : le fils de Hafedh Al-Assad, celui de Hussein de Jordanie, celui du dictateur de la Corée du nord.. Et si la succession n'est pas ouvertement politique, il y a néanmoins une transmission de pouvoir que le père octroie, souvent de manière tacite et sans mots, à sa progéniture. Que l'on songe un instant aux frasques des fils Kadhafi, lorsque leur père était aux commandes de la Libye, ou aux ambitions avérées du fils de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était président ! Plus près de nous, que penser du fils de notre actuel président, venu à la politique sur le tard, et qui, arguant de son nom, s'érige en fin politicien et en donneur de leçons ? De plus, est-ce un hasard si tous les exemples que nous venons de donner, évoquent des pères à la forte personnalité, aux tendances « dictatoriales », tantôt ouvertement affichées, tantôt évidentes dans leur manière de gouverner ? En vérité, plus l'image du père est forte et omniprésente, plus la lutte pour « prendre sa place » se fera acharnée, vorace, impitoyable parfois ! Ne nous voilons pas la face : ce qui se passe à Nida Tounès peut donner lieu aux analyses politiques les plus sophistiquées. Il n'empêche que la crise demeure sous-tendue par des archétypes aussi vieux que le monde : soif du pouvoir, rites de passage, profond désir d'occulter le père et de prendre sa place. Tout cela a des relents de fin de règne, de luttes intestines au sein d'un sérail qui a pris de l'âge. Est-ce cela que la Tunisie, jeune et bouillonnante, mérite comme futurs leaders politiques ?


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