Héla Lamine a commencé par choisir au hasard une personne sur Facebook qui offrait généreusement et sans le savoir une partie de ses données numériques qu'elle désignait de publiques sur le réseau. Durant un an et demi, elle a pu accéder à une quantité importante d'informations de tout genre : statuts, publications, commentaires, photos, identifications, informations GPS, like... de cela est née toute une démarche plastique insolite. «The unsecret life of Samantha.C» est un projet visuel composé d'un peu plus de cent œuvres graphiques de formats et de techniques variés et d'un livre se situant entre le catalogue d'exposition, le roman graphique et le livre d'artiste (travail collaboratif entre cinq intervenants), ce dernier étant pensé et traité comme pièce à part entière de l'exposition. «The unsecret life of Samantha.C» est l'intitulé de cette exposition personnelle de la plasticienne Héla Lamine où elle a commencé par choisir au hasard une personne sur Facebook qui offrait généreusement et sans le savoir une partie de ses données numériques qu'elle désignait de publiques sur le réseau. «Durant un an et demi, j'ai pu accéder à une quantité importante d'informations de tout genre : statuts, publications, commentaires, photos, identifications, informations GPS, like... Je voulais certes avoir plus de données et connaître surtout ce qui m'était caché, ce qui était considéré par Samantha.C comme «privé» et qu'elle refusait de montrer. Etait-il plus intime que ce que je voyais déjà ? Au fil des mois, j'avais pourtant L'impression de bien la connaître : je connaissais ses hobbies, ses amis intimes, les membres de sa famille, le nom de son chien, l'endroit où elle travaillait, le moment où elle a commencé à sortir avec son petit copain, celui où ils ont rompu, celui où elle a arrêté de fumer.... Je résistais tout de même à l'envie de lui envoyer une demande d'amie, car je tenais à ne travailler que sur ses «données publiques», ce qu'elle a choisi de dévoiler aux autres». L'intention de la plasticienne était de dresser son portrait «visuel» subjectif certes, car imaginé et composé à partir des informations visuelles qu'elle a pu collecter, archiver et réinterpréter à chaque fois dans une proposition graphique différente... et ce, jusqu'au mois d'avril 2014 où Samantha.C décida de restreindre la confidentialité de ses publications et la priver définitivement de tout accès au mois d'août 2015. Héla Lamine dispose néanmoins de 333 photographies «prises par Samantha.C» qu'elle avait eu le temps d'enregistrer, et qui étaient réparties sur 34 mois : de janvier 2012 jusqu'en août 2015. «Je me demandais alors, à travers cette petite expérience d'«espionnage», si nous sommes réellement conscients du degré d'intimité des données que nous classons publiques et que nous n'hésitons pas à partager avec le reste du monde. Que sommes-nous devenus avec les réseaux sociaux ? Quelle «image» renvoyons-nous à l'autre ? Pouvons-nous manipuler l'autre en contrôlant le flux d'informations que nous décidons de partager avec lui ?». Cette nouvelle identité «visuelle» toute fabriquée témoigne selon l'artiste d'un «échange» entre deux profils virtuels «absents», dans une sorte de « voyeurisme artistique». De cette interaction est née une nouvelle entité physique, palpable (sous forme de dessin, collage, peinture, photographie rehaussée...), qui est la trame même du personnage présenté à son tour au public, et ce, lors de l'exposition et à travers le livre, et qui reste ouverte elle aussi à l'échange et à l'interprétation. «J'étais, en fait, fascinée par les procédés combinatoires que ce soit dans le domaine de l'art ou de la poésie, tel un collage qui consiste à réunir ou associer des éléments qui étaient au départ détachés et les mettre en cohabitation afin d'y faire émerger un sens. Toujours obsédée par cette envie de créer par la narration et la figuration différentes possibilités de lectures et d'interprétations». Quatre grandes sections sont proposées dans ce projet dénotant quatre pistes techniques entamées dans tout le processus de fabrication d'une entité visuelle différente de Samantha.C, et qu'on retrouve d'une manière distincte dans ce volume : 1. Technique mixte sur papier Canson. 2. Technique mixte sur gravure rehaussée sur papier Arches. 3. Technique mixte sur papier Kraft. 4. Technique mixte sur impression numérique sur papier Canson. Samantha.C a été prévenue, deux semaines avant l'exposition, que sa vie «non cachée» sur Facebook a fait l'objet d'une exposition. «The unsecret life of Samantha.C», une exposition hors du commun à visiter ce week-end à la galerie Gorgi.