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Derrière l'exil, la complexité de l'éloignement et de la survie
La Ballade du Calame, De ATIQ RAHIMI
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 11 - 2015

Atiq Rahimi compile toutes sortes d'écritures (vers, prose, sourates du Coran...) et même des calligraphies qui évoluent, au fil des pages, de la simple écriture stylisée de lettres arabes à des dessins de plus en plus virtuoses qui évoquent directement le sumi-e pour dépeindre la complexité de l'exil, terre d'éloignement, terre de survie, terre de créativité.
Ce n'est pas un roman puisque Atiq Rahimi n'y entretient pas de narration de alpha à oméga, de personnages constants, de péripéties, de relations de situations et de faits, d'enchaînements... Ce n'est pas un essai dans le pur sens du terme, non plus. En vérité, l'auteur renoue avec une très ancienne tradition, là où le roman était d'abord écrit en vers assonantiques (homophonie de la dernière voyelle) jusqu'au XIIe siècle, que l'on dit «le roman médiéval», avant sa mise en prose au XIIIe siècle ; un passage qui se fit de la lecture orale et collective à la lecture individuelle.
Des états d'âme nimbés de souffrances
C'est au premier modèle que semble, à première vue, revenir Atiq Rahimi ; ce «roman médiéval» que l'on appelle aussi «ballade» et dont les conteurs, qui étaient itinérants, prenaient le nom de ‘baladins'. Mais au second regard, on comprend vite que l'auteur se situe entre les deux. Car si Atiq Rahimi est indéniablement un baladin, il est plus qu'un itinérant, plus qu'un nomade... c'est un exilé !
Et pour cela, La Ballade du Calame renferme toutes sortes d'écritures (vers, prose, sourates du Coran...) et même, comble de l'itération littéraire, des calligraphies qui évoluent, au fil des pages, de la simple écriture stylisée de lettres arabes à des dessins de plus en plus virtuoses qui évoquent directement le sumi-e japonais, entre abstrait et figuratif. Le calame étant tour à tour crayon et pinceau. Autant d'outils littéraires dont il use tour à tour pour dépeindre la complexité de ses états d'âme d'exilé. Des états d'âme que l'on perçoit clairement dès les premières pages de l'ouvrage, nimbés de souffrances permanentes causées par le déracinement et l'éloignement, de résignation en cette nouvelle terre qui lui offre une chance de survie loin du pays chéri en guerre mais aussi de reconnaissance à cette terre de moins en moins étrangère qui laisse libre champ à sa créativité.
Un souffle, aussi bien pour l'écriture que pour la musique
«Il pleut sur mon espoir laissé dehors derrière les fenêtres voilées de buée comme pour le laisser se diluer, se délier... l'exil est une espèce de longue insomnie, disait Victor Hugo. C'est dans ce vide, en pleine nuit blanche que quelque chose vibre en moi», se ronge Atiq Rahimi dans son atelier, lieu d'écriture et de calligraphie exutoire, alors qu'il se remémore les épisodes douloureux de la vie d'avant qui l'a conduit à Paris pour une vie-refuge.
«Je reprends mon calame de roseau. Je le mets d'abord, tel que l'on conseille, derrière mon oreille pour l'écouter parce que le "nay" (flûte) est aussi instrument de musique. Un instrument à vent. C'est le souffle qui le traverse, aussi bien pour l'écriture que pour la musique», se confie-t-il.
En véhiculant ces rites qui le rattachent à ses racines, il s'agrippe à eux pour ne pas perdre cette identité qui, par delà l'appartenance à un lieu ‘national', n'est rien d'autre que le noyau dur qui lui permet de ne pas sombrer dans la dangereuse mélancolie profonde qui transpire quand même çà et là dans tout l'ouvrage, comme une menace de perdre pied et de se retrouver perdu à jamais comme tous ces milliers de souffles que le roseau reçoit ‘aussi bien pour l'écriture que pour la musique' de l'auteur.
Mais il a une parade, il se réfugie dans la citadelle de l'érudit pour lequel la chose apprise et assimilée vaut une autre patrie : «Alors que le calligraphe arabe cherchait ses lettres dans les traces que le cheval avait laissées sur le sable du désert, le calligraphe perse du XVe siècle Mir Ali tabrizi aurait rêvé de l'imam Ali qui lui ordonnait de regarder les oies en vol et de les prendre comme modèles pour innover la calligraphie». L'ouvrage est truffé de ces vastes vues sur le trait telles que collectées pour toute une vie par Atiq Rahimi.
L'ouvrage
‘La Ballade du Calame, 200p., mouture française, Par Atiq Rahimi
Editions de l'Iconoclaste, 2015
Disponible à la Librairie Al Kitab


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