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La gestion du succès pour les jeunes entrepreneurs
SEMAINE MONDIALE DE L'ENTREPRISE — Conférence
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 11 - 2015

Tour d'horizon des problèmes et des recommandations aux étudiants qui s'apprêtent à se lancer dans l'aventure d'un nouveau projet
Dans le cadre de la Semaine mondiale de l'entrepreneuriat dans son édition 2015, l'Ecole supérieure de commerce de Tunis (ESC Tunis) a organisé, le jeudi 19 novembre, une conférence-débat intitulée : «Maximiser les chances de succès de la nouvelle entreprise». Cette manifestation, qui ciblait essentiellement les étudiants, se voulait l'occasion de rendre plus lisibles les différentes étapes, approches et démarches de structuration du projet entrepreneurial. Au programme des interventions, figuraient les questions des nouveaux modèles d'entrepreneuriat sur Internet, la présentation du Réseau Entreprendre Tunisie, la démarche du futur entrepreneur pour réunir les ressources dont il a besoin, les modes de financement disponibles, l'accomplissement des formalités administratives, ainsi que les facteurs de pérennisation de la nouvelle entreprise.
L'accent a donc été mis sur des facteurs se situant en aval du désir d'entreprendre et de l'intention entrepreneuriale, avec le questionnement suivant : comment canaliser efficacement les efforts de l'entrepreneur potentiel lors des phases de structuration de son projet entrepreneurial pour qu'il ne rate pas les opportunités et passe rapidement à l'acte en mettant toutes les chances de son côté pour la pérennisation de la future entreprise ?
Vision de développement régional
Les conférenciers étaient pour la plupart des enseignants — académiques ou experts professionnels — du mastère professionnel Entrepreneuriat et Développement d'activités innovantes (EDAIR), dispensé à l'ESC Tunis en deux parcours : Entrepreneuriat et Développement d'activités innovantes (EDAI) et Conseil en Développement régional (CDR). Ce mastère vise à former des compétences capables de lancer et de gérer leurs propres entreprises ou d'opérationnaliser une vision du développement régional basée sur l'entrepreneuriat innovant.
Le premier intervenant, M. Hatem Chanoufi, a présenté les nouveaux modèles d'affaires sur Internet. Montrant les évolutions successives du web (du web 1.0 au web 5.0), il a mis en évidence, exemples à l'appui puisés dans les différents domaines de la finance, du transport, du tourisme, du commerce et du marketing, les tendances actuelles du web, à savoir l' «Intelligent Value» et le web émotif, basées sur l'ingénierie d'offres créatives, reposant sur le bon sens, l'innovation utile, la satisfaction de besoins effectifs, l'expérimentation de sensations on et off-line, ainsi que la réactivité et la rapidité d'action des e-entrepreneurs.
Il a également souligné qu'en matière de e-Business Models, la tendance mondiale actuelle, vivement encouragée par la Sillicon Valley et les bailleurs de fonds, était à l'association d'une couche de services axée sur une nouvelle technologie à un métier, plutôt qu'à la mise en œuvre et l'exploitation d'une nouvelle technologie purement TIC. Pourquoi ces modèles ne se développent-ils pas en Tunisie ? En réponse à cette frustration exprimée par plusieurs membres de l'assistance, le conférencier a estimé qu'il y a un grand manque d'information sur le type d'initiatives lancées en Tunisie, et non pas l'absence en soi de ces initiatives. Mais il a également expliqué la modestie de l'essor de ce type d'activités par le problème de la mentalité des investisseurs dans notre pays : d'un côté, des activités qui nécessitent souvent des montants colossaux pour leur lancement rapide et leur expansion à l'international et, de l'autre, des investisseurs frileux.
Mlle Mariam Belkhiria, chargée d'étude de projets du Réseau Entreprendre Tunis, a ensuite énuméré, études et statistiques à l'appui, les principales difficultés auxquelles sont souvent confrontés les créateurs d'entreprises, parmi lesquelles les contraintes administratives et l'accès rapide à l'information et au financement. Elle a présenté le Réseau Entreprendre Tunisie, structure qui a une importante couverture des régions du pays, dont la mission est d'accompagner jeunes et moins jeunes de différents niveaux d'instruction dans tous types de projets, sans conditions particulières outre celle de la nécessité pour les porteurs de projets de partager les valeurs humaines fondatrices de la structure, à savoir ne pas être dans une posture de quête sauvage du gain et avoir une vision de développement social et de création d'emploi pour les autres.
Cette vision transparaît d'ailleurs dans les conditions d'octroi des fonds d'amorçage par la structure à un taux zéro sur des montants certes modestes mais qui viennent renforcer les fonds propres du porteur de projet et accentuent donc ses chances de prétendre à d'autres types de financements. Le Réseau a été lancé par un homme d'affaires chevronné et l'accompagnement offert est dispensé par des entrepreneurs établis. Structure hybride offrant plusieurs types de services dont le coaching, l'appui à la finalisation des projets, le financement et la visibilité, le Réseau présente un schéma d'accompagnement clair et rodé. La présentation a fortement interpellé la jeune assistance assoiffée de points d'ancrage et d'appui concrets.
L'accompagnement
comme solution
Prenant ensuite la parole, Mme Mariem Ben Mami a présenté deux approches dominantes dans la négociation et la structuration du projet entrepreneurial : l'approche causale ou normative (« ce que l'on doit théoriquement faire ») et l'approche effectuale (« faire avec ce que l'on a et ce à quoi on peut accéder comme ressources »). La première approche, certes plus structurante, peut retarder le porteur de projet et l'empêcher de se frotter au plus vite aux réalités de l'activité dans laquelle il compte entreprendre. La deuxième, plus réaliste, permet à l'entrepreneur potentiel de ne pas rater les opportunités et d'entamer rapidement la réalisation de son projet. L'exposé a permis de comprendre que les entrepreneurs devaient probablement se situer dans un consensus entre les deux approches, causale et effectuale, qui sont souvent présentées comme mutuellement concurrentes. En effet, la première apporte une vision et une direction et la seconde permet la réactivité et l'apprentissage rapide.
Mme Souad Chouk a enchaîné sur cette présentation avec une intervention restituant les résultats d'études mettant en évidence les facteurs de survie des entreprises en création. Rebondissant sur le clivage causation/ effectuation, elle a suggéré que l'accompagnement pouvait être la solution permettant de faire le lien entre ces deux approches.
Plus de droit à l'erreur
Mme Chouk a d'abord tenu à opérer la distinction — importante à ses yeux — entre le succès de la nouvelle entreprise et le succès de l'entrepreneur novice : l'échec de l'entreprise ne devrait pas signifier l'échec de son initiateur, car l'expérience en elle-même est source de riches apprentissages et notre culture devrait tolérer davantage de droit à l'erreur. La conférencière a également souligné que l'expérience (professionnelle, dans la direction, la connaissance d'une activité spécifique), l'âge, le genre, le capital humain mais également l'accompagnement étaient des facteurs importants, voire décisifs, de la survie de la jeune entreprise lors des premières années où elle est encore très fragile.
Dit autrement, ceux qui partent en affaires en étant de sexe masculin, jeunes, avec une certaine expérience et le capital humain adéquat, en étant bien accompagnés (et en faisant donc les bons choix) créent des entreprises plus pérennes que ceux qui ne partent pas avec ces atouts. L'accès au financement ne semble intervenir qu'en second lieu et après la satisfaction de ces conditions. L'oratrice a étayé sa thèse par une étude de cas dont les résultats abondent dans le sens de l'importance des facteurs soulignés.
M. Larbi Ben Youssef a ensuite rapidement exposé les modes de financement en fonds propres et en crédits auxquels les porteurs de projets peuvent prétendre, en pointant les insuffisances et dysfonctionnements de l'accompagnement entrepreneurial en Tunisie, d'où la nécessité — selon lui — de privatiser ces services. Il a également déploré l'incomplétude de la chaîne de financement de la création d'entreprise dans notre pays, la frilosité des banques pour ce qui est du financement de l'innovation, la lenteur au niveau de l'étude des dossiers et la difficulté de mobilisation effective des fonds. Le conférencier a donc mis en évidence le décalage entre le discours et la réalité en matière d'accompagnement et de financement de la création d'entreprise, ainsi que l'urgence d'y remédier.
Validation et financement
des projets
M. Zouhair Toujani, Chef du Bureau régional de la Bfpme à La Manouba, a évoqué la présentation des mécanismes et conditions d'octroi des financements par sa structure. Répondant aux sollicitations de l'assistance quant à la compréhension des critères effectifs d'acceptation des dossiers et de mobilisation des financements, l'intervenant a concédé que le traitement des dossiers pouvait prendre du temps en raison de la multiplicité des parties et structures impliquées dans la validation et approbation des projets, d'autant plus que la Bfpme intervient souvent en cofinancement avec des banques commerciales.
Il a néanmoins souligné que la validation des projets en mode cofinancement présentait pour le porteur de projet au moins l'avantage de lui permettre de prétendre plus facilement à l'accès aux crédits d'exploitation auprès de ces mêmes banques impliquées dans son financement en capital. Il a également argué que les dossiers refusés ou à perfectionner bénéficiaient de services d'accompagnement offerts par sa structure, ce qui permet à l'entrepreneur de revoir son dossier en termes d'opportunité, de marché, de réalisme de l'étude, etc.
Monsieur Toujani a enfin souligné l'importance — de son point de vue — que les porteurs de projets soient bien accompagnés en amont de la soumission de leurs dossiers, et ce, pour leur permettre de gagner du temps et de ne pas rater les opportunités. Il a vivement encouragé le recours à des bureaux privés, arguant que le coût de ces services pouvait être couvert par un dispositif qui permet le remboursement de 1% du coût du projet par le ministère de l'Industrie.
Le dernier conférencier, M. Belgacem Ismaili, a énuméré en sa qualité d'expert en finances publiques et conseiller au Premier ministère, les efforts et les projets de réforme en cours pour améliorer le climat des affaires dans notre pays, qui portent sur les axes de l'assouplissement et d'une meilleure visibilité des formalités administratives pour les investisseurs, de l'instauration d'une bonne gouvernance et de l'amélioration de l'infrastructure, surtout dans les régions intérieures.
En ce qui concerne le fléau de la corruption, certes le volontarisme politique d'y mettre un terme est là, mais il s'agit surtout de changer toute une culture, d'où l'importance du rôle que la société civile et les associations ont à jouer en la matière. Le débat que cette présentation a permis d'engager a été l'occasion de pointer du doigt la tension qui existe entre, d'une part, la revendication de simplifier, alléger et donc libéraliser et, d'autre part, l'attente sociale forte pour que la loi réglemente de plus en plus d'aspects liés aux activités entrepreneuriales. Il faudra du temps pour que notre société aboutisse à un équilibre entre régulation et auto-régulation.
Au final, les thématiques abordées et le riche débat qui s'en est suivi ont permis de sortir de la manifestation avec un ensemble de constats et de recommandations interpellant à la fois les mondes académique et professionnel.
En ce qui concerne les constats, la problématique pour les étudiants est qu'ils accèdent à une quantité importante d'informations relatives à la création mais qu'ils ont du mal à mettre de l'ordre et de la suite dans ces informations afin qu'elles leur soient vraiment utiles. Il s'agit donc là d'un des défis majeurs de la formation, outre celui de la nécessité de sortir de la théorie et du normatif. En outre, il existe un grand problème de communication avec les intéressés : communication des enseignants avec les étudiants pour faire passer le message et l'information, communication des structures institutionnelles (structures d'appui, d'accompagnement, de financement...) pour faciliter les choses aux entrepreneurs potentiels. Enfin, et dans la même mouvance, on peut cerner un manque et une soif de professionnalisation chez l'étudiant, c'est-à-dire un souci majeur de rapprochement des réalités socioéconomiques de notre pays.
D'où l'ensemble de recommandations issues de la conférence-débat et qui peuvent être synthétisées dans les points suivants :
Pour maximiser leurs chances, les diplômés, jeunes porteurs de projets, doivent présenter des dossiers bien traités, ce qu'ils ne peuvent pas faire seuls. D'où l'importance de l'accompagnement. De façon plus concrète, a été suggérée l'idée de la création à l'ESC Tunis d'un laboratoire appliqué pour accompagner à l'élaboration de projets, ce qui permettrait de mobiliser pertinemment les compétences disponibles dans l'institution en matière d'entrepreneuriat avec un groupe de travail restreint et permanent qui assurerait l'orientation, le coaching et le suivi des étudiants porteurs de projets, de rendre plus effective et utile la formation à l'entrepreneuriat et d'entretenir la proximité requise pour une meilleure connaissance des étudiants et de leurs besoins individuels.
D'ailleurs, une formule de coopération permanente pourrait être trouvée et convenue entre cette structure et la Bfpme pour faire gagner du temps aux porteurs de projets ; il est nécessaire, par ailleurs, de multiplier les rencontres permettant d'approfondir des thématiques pointues telles que la prospective au service de l'entrepreneur, les formalités administratives, l'accompagnement..., afin de permettre la vulgarisation des concepts et l'accessibilité de l'information ;
Pour l'institution universitaire qui se positionne en tant que levier de formation à l'entrepreneuriat, il est important de multiplier/ élargir les partenariats avec le monde socioéconomique et institutionnel, national et régional, de même que les séances pratiques, les visites d'entreprises et d'institutions, les témoignages d'entrepreneurs..., de façon à « étendre la classe » et à permettre aux apprenants d'accéder au monde professionnel.
Reste que le plus important, c'est que les étudiants ne s'en tiennent pas à une posture passive et attentiste. C'est en effet à eux — les principaux concernés — de s'impliquer, réclamer, signaler voire dénoncer pour faire bouger les choses.


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