«Ce qui s'est passé dans le monde arabe, y compris en Tunisie, n'était pas une révolution, ni un printemps arabe. Mais plutôt un soulèvement populaire qui a visé le changement des régimes en place», a lancé hier l'ex-bâtonnier Maître Béchir Essid, lors d'une conférence de presse intitulée «Terrorisme et guerre en Syrie et en Libye : impacts sur la Tunisie et le monde arabe» Cette rencontre, tenue hier au siège du Snjt à Tunis, a été organisée à l'initiative de trois organisations de la société civile, à savoir le mouvement Mourabitoun, Jeunesse arabe et l'Association des résistants et leurs fils. A l'ouverture, une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs. Ensuite, Me Essid, en sa qualité de président du mouvement Mourabitoun, a commencé par réitérer son soutien indéfectible au régime d'Al-Assad, ainsi qu'à tout le peuple syrien frère matyrisé. Il a, de même, loué la résistance dont fait preuve Bachar Al-Assad et sa détermination à braver l'acharnement des Etats-Unis et de tout l'Occident, les qualifiant de l'axe du «mal» aux visées terroristes. Pour lui, parler d'un certain «printemps arabe» n'est qu'une fausse illusion qui relève d'allégations mensongères. Et d'ajouter : «La vérité c'est qu'on était, et on l'est encore, la cible d'une ingérence étrangère à tendance hégémonique visant la reconfiguration du Moyen-Orient». Un dessein géopolitique malsain qui, prétend-il, voudrait fragmenter les pays de la région pour les réduire à des fractions géographiques placées sous la tutelle des USA et ses alliés dont certains pays du Golfe et la Turquie. A l'opposé, il y a l'autre front de guerre antiterroriste dirigé en Syrie par la Russie et que Me Essid défend sans condition. Cet axe du «bien», comme il l'a qualifié, regroupe en son sein l'Iran et la Chine. Silence des dirigeants arabes «Face à cette donne géopolitique dangereuse, nos dirigeants arabes ne bougent pas malheureusement le petit doigt ni ne font montre d'une volonté de coopération commune...», s'étonne-t-il. Car, dit-il, aucun pays arabe n'est capable de lutter tout seul contre la nébuleuse terroriste. Comme, poursuit-il, il n'y a pas eu, jusque-là, un seul chef d'Etat arabe qui a osé déclarer son soutien à la Libye ou à la Syrie. D'autant plus, à l'en croire, qu'ils sont divisés en deux camps antagoniques : l'un adhérant au clan des ennemis d'Al-Assad, l'autre restant confiné dans son silence en position de repli. De même, les médias arabes n'ont pas été, de son point de vue, à la hauteur des attentes, n'ayant pas joué leur rôle de locomotive auprès de l'opinion publique de la région. Et qu'en est-il des solutions ? D'après lui, la résolution est bien politique. Pour vaincre le terrorisme, il faudrait commencer par trouver une issue aux crises syrienne et libyenne. Même avis pour Mme Olfa Tebben de l'association Jeunesse arabe, qui a relevé que le terrorisme ne se réduit pas uniquement aux organisations jihadistes, mais il y a aussi des pays terroristes inféodés à l'impérialisme occidental. Et d'ajouter que ce qui est communément appelé «Etat islamique ou Daech» n'est, en fait, qu'un «produit» américain. Pour la Tunisie, il n'existe pas d'autres choix que d'opter pour l'adhésion à son voisinage maghrébin. L'union fait la force, comme on dit. Le but étant de se protéger contre la mort qui vient de l'Orient. «Qu'on tire la leçon de ce qui se passe en Syrie, où une guérilla s'est déclarée contre des organisations terroristes... Pas de dialogue avec le terrorisme», a-t-elle martelé. La solution est politique. Cela consiste, à son avis, à rétablir les relations diplomatiques avec la Syrie et la Libye, engager des négociations consensuelles à ce niveau et réfléchir à la question des six mille Tunisiens de retour du jihad en Syrie. Même topo pour son collègue Rachid Laâbidi, de l'association «les résistants et leurs fils». Comme solution, il s'est focalisé sur la traque des cellules dormantes, notamment celles trouvant refuge au sein des zones populaires pauvres et marginalisées. Autre question, et non des moindres, la sécurité parallèle. Pour en venir à bout, il faut remettre de l'ordre dans la maison sécuritaire et assurer la protection des magistrats chargés des affaires de terrorisme, conclut-il.