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G 8, le pari nécessaire sur le Printemps arabe !
La lettre du jeudi
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 06 - 2011


Par Pr Khalifa Chater
"Nous aiderons à la construction de votre démocratie, nous aiderons vos économies (...) nous vous aiderons par tous les moyens, parce que l'alternative à une démocratie établie c'est encore plus de l'extrémisme venimeux qui a fait tant de dégâts dans notre monde." (David Cameron, Sommet du G 8, 26 mai 2011)
Ce message de David Cameron, le Premier ministre britannique, lors du Sommet du G 8 (Deauville, 27 - 28 mai 2011), à la Tunisie et l'Egypte, qui ont entamé des transitions démocratiques atteste la volonté des grandes puissances d'appuyer le printemps arabe. Est-ce qu'ils font le pari sur le Printemps arabe et les effets de l'onde de choc de la révolution de la Tunisie et de sa réédition en Egypte ? Disons plutôt qu'ils ont tenu à accompagner ces deux révolutions et les mouvements insurrectionnels qui les ont suivies, en Libye, au Yémen et en Syrie, prenant acte de l'ampleur de la contestation populaire et de ses conséquences inéluctables. Rien ne sera plus comme avant dans l'aire arabe. Ce qui induit nécessairement un changement de termes de ses relations avec l'establishment international qui doit composer avec les nouvelles réalités et adapter ses intérêts à la relecture des enjeux de l'aire.
"Un nouveau monde, de nouvelles idées", le slogan du G8 de Deauville annonce la couleur. Ces assises internationales informelles sont certes plus propices à la concertation qu'à la prise de décision. Mais leur agenda international leur permet d'exposer les points de vue et d'esquisser des rapprochements. Décision de consensus, la Tunisie et l'Egypte recevront une aide additionnelle de 40 milliards de dollars sur trois ans pour mener à bon port leur délicate transition démocratique. Le président français Nicolas Sarkozy qui en a fait l'annonce, à l'issue du sommet, confirma la volonté des pays présents de prêter assistance aux deux pays phares du Printemps arabe. Maturation de la situation, la Libye fait désormais l'objet d'un compromis entre les puissances : les participants au sommet du G8 se sont longuement penchés sur la situation de la Libye et ont réitéré leur souhait de voir le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi tirer sa révérence. Fait nouveau, la Russie, qui n'a pas voté la résolution 1973 de l'ONU, autorisant des frappes internationales contre les forces du régime libyen, est désormais disposée à participer à son départ. Le représentant spécial de Moscou pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov a annoncé une prise de contact avec des proches du dirigeant libyen, pour assurer la solution politique, c'est-à-dire l'exil du leader libyen. La mission de médiation du président sud-africain Jacob Zuma à Tripoli, lundi 30 mai 2011, — initiative de dernière chance — n'a pas pu ouvrir l'horizon d'une sortie de crise. La question du départ du pouvoir de Kadhafi, condition préalable à l'arrêt des hostilités, mise en avant par la contestation populaire et l'establishment international, bloqua la mission du leader sud- africain, soucieux d'obtenir une sortie honorable à Mouammar Kadhafi et à ses fils. Désormais en situation de hors jeu, délégitimé par la guerre contre son peuple et isolé au sein de la communauté internationale, l'establishment libyen n'a plus d'alternative. Pouvait-il encore compter redresser la situation par le soutien symbolique de certains pays africains du voisinage ? La défection de ses alliés, à l'intérieur et à l'extérieur, rend sa situation inconfortable. Les grands acteurs espèrent un rapide dénouement, tant ils craignent que la crise libyenne ne provoque une déstabilisation de la région. Fût-il non explicité, ce diagnostic est partagé par les observateurs de la région.
Tout en critiquant Bachar Al-Assad, en dénonçant son usage de la violence, les puissances occidentales n'envisagent pas pour le moment son départ, vu la complexité de la situation géopolitique de la Syrie, la proximité d'Israël, ses alliances dans la région. La Turquie aurait pris, en concertation avec les Etats-Unis, la décision d'engager sa médiation à cet effet (Ach-Charq Al-Awsat, 28 mai). Cette prudence diplomatique est confortée par la volonté de la Russie de ménager un allié historique, un relais opportun avec l'Iran, dans une région d'influence dominante des Etats-Unis. Notons cependant que certains analystes arabes évoquent une sortie de crise par une "révolte du palais", qui sauvegarderait le régime, avec les mutations de la gouvernance et la révision des alliances qu'elle nécessiterait et peut-être le choix d'un laïc, choisi parmi la majorité sunnite (Tarak Al-Hamid, Ach-Charq Al-Awsat, 30 avril 2011). Mais est-ce que l'establishment syrien serait disposé à envisager ce changement de chef d'Etat et est-ce que l'insurrection populaire pourrait s'accommoder d'une permutation qui risquerait d'être formelle ? Est-ce que l'establishment international peut parier sur l'improbable ?
La question du Yémen — la médiation des pays du Golfe étant l'objet d'un consensus — n'a pas requis un grand intérêt. Mais l'escalade actuelle et la conversion de la révolution pacifique à une guerre civile — ultime stratégie du président Saleh — ont remis la question sur les devants de la scène. Les craintes de débordement de la crise aux pays du Golfe préoccupent les pays de la région et les Etats-Unis. Geste significatif, l'Arabie Saoudite, qui a toujours prodigué son soutien au président Saleh, vient de prendre ses distances avec lui, depuis son affrontement avec l'important chef tribal, le cheikh Sadeq Al-Ahmar, son allié (Al-Quds, 28 mai). L'Arabie Saoudite et les Etats-Unis reprochent au président yéménite d'avoir mis en échec leur stratégie de changement dans la continuité, qui permettrait de contenir la révolution.
Fait important, la prospective géopolitique présente des scénarios de mutation d'envergure. Ils remettent en question l'ordre arabe, ou du moins engagent son équilibrage. Les puissances rentières risquent d'être redimensionnées, à plus ou moins brève échéance. Les pays qui ont normalisé leurs relations avec Israël sont condamnés à l'isolement, avec le repositionnement effectif de l'Egypte et ses conséquences sur le terrain. L'entrée en scène de la population arabe, comme acteur géopolitique, mettra fin à la diplomatie de connivence. L'éventualité de l'émergence d'un axe Tunis-Le Caire ne peut être exclue. Il est susceptible d'assurer la mue de la Ligue des Etats arabes et de redéfinir les enjeux d'une renaissance. Les priorités internes actuelles de la Tunisie et de l'Egypte concernent, certes, la définition de leurs institutions républicaines, l'organisation de leurs élections, la restauration de leurs économies et le traitement des urgences sociales. Mais les débats qui auront lieu dans ces circonstances ne manqueront pas d'identifier le nouvel idéaltype des relations internationales, conformément aux attentes et aux vues des citoyens. Peuvent-ils dans ce contexte continuer à admettre les joutes d'éloquence, sans effet, des différentes instances arabes, ou les décisions underground d'une indifférence internationale, constamment respectée, qui a marqué longtemps les comportements de leurs dirigeants.


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