C'est un paradoxe que le Club Africain entretient depuis quelque temps. Le club brasse large, ne lésine pas sur les moyens, mais pèche par des choix incohérents et une passivité d'ordre administratif. Vu de l'extérieur, l'exécutif donne l'impression d'être une «organisation» à «poigne» via une gestion de type pyramidale où chacun maîtrise son sujet et assure, en liaison étroite avec ses collaborateurs, le suivi technique et logistique. La gestion des ressources humaines, le non-empiétement sur les prérogatives des autres, l'anticipation du marché, la mise à jour des «fiches-joueurs», la création de postes sensibles (responsable de la cellule recrutement, plateau technique, directeur exécutif), toute cette panoplie organisationnelle semble tenir la route en donnant l'impression que le CA a enfin épousé l'aire du temps. Ça, c'est le côté jardin, car côté cour, ce n'est pas encore un modèle de gestion qui nous est proposé par le champion sortant. Des investissements, le CA en a fait depuis 2012 et à tous les niveaux (pari sur l'avenir, infrastructure, logistique). Sauf que pour apprécier la portée de ses dépenses, des plans d'amortissement doivent être prévus, surtout volet rapport qualité-prix des emplettes réalisées et des retours sur investissement y afférents. Quel bénéfice tirer de tous ces achats onéreux jusque- là ? Les exemples de gâchis foisonnent à ce niveau. Ils ont pour noms Maher Hadded, Ezechiel Ndouassel, Hatten Baratli, Zouheir Dhaouadi, Khaled Korbi, Lamouchia, Gustavo Campbell, Matt Moussilou, Bedi Mbenza, Derrick Mensah, Francis Narh, Jodel, Prince Tagoe, Ali Mathlouthi, Ahmed Saâd, Wajdi Jebbari... La liste comprend plusieurs éléments qui n'ont pas renfloué les caisses du CA à terme, et ce, en raison de rupture unilatérale ou abusive de contrat, voire une simple fugue ou une fin de non-recevoir adressée par le club employeur. Des amendes comme s'il en pleuvait Jusqu'à quand cette «saignée» du CA va-t-elle se poursuivre? Il y a forcément un grain de sable qui bloque les rouages, un engrenage défaillant à identifier. Car le club de Bab Jedid est devenu une sorte de «vache à lait» pour joueurs (en préretraite) désireux de dénicher une belle planque (les cas de Nouioui, Ali Mathlouthi, Moussilou et Mikari). Une pompe à «fric» pour la caisse enregistreuse que représente la Ligue nationale de football, un client régulier de la commission de litiges. Non, tout n'est pour le mieux dans les meilleurs des mondes au CA. Le discours doit changer autant que les méthodes. Quant aux pratiques d'outre-tombe, elles doivent disparaître au profit d'une approche qui cadre avec l'héritage culturel du club. Pour la petite histoire, ces derniers jours, une fois de plus, une fois encore, le champion sortant est à l'amende et non à l'honneur. Un agent de joueur disposant d'un mandat daté de 2012 (pour recruter au nom du CA) a porté plainte et exige un montant faramineux pour engagements non tenus. Quant à l'ex-technicien Daniel Sanchez, ses émoluments non payés (en plus de l'indemnité de licenciement) s'élèveraient à un demi-milliard, le jackpot pour le désormais «sans chaise». Enfin, même le buteur tchadien Ezechiel Ndouassel semble nostalgique de son passé clubiste, puisqu'il serait lui aussi en passe d'être indemnisé. Des amendes comme s'il en pleuvait. C'est une pathologie typiquement clubiste. « Le CA reste le CA... » Le microcosme clubiste n'a pas encore digéré la dernière déconvenue à Gafsa que la Ligue en remet déjà une couche. C'est qu'après l'arbitrage inqualifiable de Amir Loussif, les sorties de route du trident Oussama Sellami-Faouzi Rouissi-Sami Touati, ainsi que la levée de boucliers qui s'en est suivie, les ronds-de-cuir de la FTF ont tout simplement sanctionné les «agitateurs» clubistes, coupables d'avoir expliquer à l'arbitre leur façon de voir les choses, et ce, après un match extrêmement tendu. Le verdict est sans appel, soit 5 matches de suspension assortis d'amendes aux dirigeants précités ci-haut. Rappelons à ce propos que le referee en question a, quant à lui, été blanchi après audition par la commission de suivi. Des nouvelles qui restent en travers de la gorge et qui ne manqueront pas d'accentuer le malaise. Qu'à cela ne tienne. Les responsables clubistes font actuellement contre mauvaise fortune bon cœur: « Le CA reste le CA. Nous nous relèverons plus forts qu'avant», avait affirmé Oussama Sellami, en marge du dernier déplacement de Gafsa. Sauf que pour le staff technique en place, après trois journées, le bilan saute aux yeux : une défaite et deux nuls. Un constat alarmant bien que le fond de jeu ne soit pas défaillant. Nabil Kouki a, d'entrée, grillé tous ses jokers même s'il ne devrait pas encore rendre les clefs de son casier dans les prochains jours. Enfin, pour clore notre livraison clubiste du jour, quelques bonnes nouvelles volet reprise. Le Club Africain a ainsi récupéré cinq joueurs antérieurement blessés. Il s'agit de Oussema Haddedi, Hamza Agrebi, Walid Dhaouadi, Wissem Ben Yahia et Mourad Hedhli. Quant à l'Algérien, Abdelmoumen Djabou, et Saber Khlifa, ils vont bientôt réintégrer le groupe.