En parfaite conformité avec son tempérament de gagneur insatiable, l'emblématique directeur sportif étoilé insiste sur l'obligation de tourner la page de la coupe de la CAF et viser plus haut. C'est un Zied Jaziri toujours fidèle à ses convictions et ses valeurs humaines et footballistiques, une personne humble et surtout entière qui se donne à fond et n'attend point de retour ni récompenses quand il s'agit de défendre les intérêts de l'Etoile et du pays, deux valeurs essentiellement nobles pour lui. Il a la lucidité et la grandeur d'esprit pour passer au second plan derrière le mérite des joueurs et du staff technique dans le sacre africain obtenu haut la main dimanche dernier. Et pourtant, tout le monde est unanimement convaincu qu'il a été l'instigateur principal du nouvel élan de l'Etoile depuis trois ans malgré une situation financière qui a frôlé à un certain moment le gouffre, par ses qualités de grand connaisseur et de véritable expert en matière de profil de joueur recherché, réussissant au passage de véritables coups d'éclat sur fond de rapport qualité-prix totalement réussi dans son casting en matière de recrutement. Les fins connaisseurs n'hésitent pas à avouer que Zied Jaziri, par son grand impact sur les performances de son club, se profile comme le meilleur directeur sportif du pays au point de donner à cette fonction sa véritable dimension professionnelle valorisante et pertinente. Que retenez-vous le plus de ce titre de la coupe de la CAF ? C'est un titre très spécial et chargé de significations à plus d'un titre : à commencer par le timing de ce titre avec les circonstances sécuritaires et géo-politiques malheureusement pesantes qu'endure notre cher pays en ce moment. Un contexte qui a rendu notre mission nettement plus délicate et grandement chargée de significations pour notre club et notre pays. De ce fait, joueurs, staff technique et encadrement administratif, nous étions fortement déterminés à redonner de la joie à notre peuple, la motivation a été multipliée par mille et nous ne voulions en aucune manière décevoir les attentes de nos supporters et de notre peuple. Les joueurs se sont mis dans la peau de véritables soldats du pays. Sur le plan sportif, ce titre nous le voulions ardemment pour couronner notre parcours remarquable dans cette compétition qui a été la plus relevée de l'histoire de la coupe de la CAF pour reprendre l'avis de Z. Baya. Mais aussi pour prouver à tout le monde que nous méritions réellement de remporter le titre local. Ce n'est que justice rendue et mérite récompensé. Comment allez-vous gérer l'euphorie de l'après-sacre ? Mon message était clair lors de toutes mes interventions à l'adresse des joueurs. On est dans l'obligation de tourner la page de cette coupe de la CAF au plus vite. Pour un grand compétiteur, le mérite n'a de sens que s'il s'inscrit dans la durée et renvoie à un cumul de confirmations lors des prochaines échéances, à commencer par la Champions League africaine en passant par l'octroi du titre national, deux consécrations qui nous fuient depuis 2007. J'ai dit aussi aux joueurs que la Ligue des champions africaine est réellement le palier supérieur à franchir pour eux et pour le club, et il va falloir travailler là-dessus dès à présent. D'autant qu'on sera à n'en point douter l'équipe à battre et on sera extrêmement exigeant à notre égard. Beaucoup disent que votre rôle a été prépondérant dans le montage de cette équipe et l'octroi de ce titre ? Tout le mérite revient aux joueurs, au staff technique et médical, ce sont eux les véritables acteurs de ce sacre. Moi, j'ai tout simplement fait mon boulot; en collaboration avec tout le management du club : le président, H. Jenayeh, J. Krifa... en essayant de leur offrir les meilleures conditions de travail possibles. En bref, les stars sont les joueurs et le staff technique. Quel est votre objectif personnel dans ce que vous êtes en train de faire ? Au risque de vous étonner, je n'ai aucun objectif personnel. Ce qui m'importe le plus, c'est de voir mon club remporter le plus de titres possibles. Vous devez savoir une chose capitale, c'est que l'Etoile représente pour moi une valeur d'appartenance extrêmement noble, elle est vraiment le socle de toute la région. En parlant de ce palier supérieur, quels sont vos objectifs en matière de recrutements ? Tout d'abord, je tiens à attirer votre attention sur le fait qu'on a été les premiers à faire revenir au club des joueurs tunisiens confirmés qui évoluaient en Europe, à savoir Silva Dos Santos et Adel Chedly. De plus, notre option de cibler des joueurs éprouvant le besoin de rebondir a été particulièrement bénéfique et payante pour nous, les exemples de Mouihbi, Tej, Slama sont édifiants. Pour le moment, on a un besoin touchant à trois profils : un attaquant, un arrière gauche (la filière étrangère est privilégiée) et un inter gauche. Point de vue départ, il n'y aura pas beaucoup de mouvements, deux ou trois éléments seront priés de trouver preneurs. Justement, à propos de cette approche de casting, est-ce que vous vous concertez avec l'entraîneur, et est-ce que vous vous appuyez sur l'avis d'autres personnes ? Au risque de vous étonner, je ne me concerte pas avec le coach à propos des recrutements à réaliser, ma mission est de mettre à la disposition de ce dernier les meilleurs éléments possibles répondant au profil escompté. Pour ce faire, je me concerte avec H. Jenayeh qui se chargera de la concrétisation de ces opérations. Je dois avouer que ce dernier qui est réellement mon alter ego est très habile et grandement persévérant dans la finalisation de ces tractations. C'est quelqu'un qui ne lâche pas sa cible et va jusqu'au bout de ses intentions pour parachever les opérations de recrutement : il a dû se déplacer à Bruxelles pour convaincre Lemerre de venir à Sousse ; et à Doha pour finaliser le transfert de Bounedjeh au profit d'Al Sadd. Venons-en au volet de l'EN, qu'est-ce qui manque à notre team national pour rééditer l'exploit de 2004 ? Deux choses essentielles : l'absence de planification méthodique et claire, sans oublier ce constat fortement désolant, à savoir ce déficit récurrent et inexpliqué en matière de qualité d'encadrement. Sinon comment expliquer l'absence totale des anciens joueurs autour de l'équipe dont le charisme, le vécu et la clairvoyance sont extrêmement importants pour la vie du groupe. On a l'impression que les dirigeants se sentent gênés de la présence de ces figures emblématiques qui pourraient leur voler cette espèce de notoriété et de médiatisation. Le mot de la fin ? Je tiens à offrir cette coupe de la CAF à tous les fans de l'Etoile et à tout le peuple tunisien, car il faut préciser que l'ESS qui a toujours ancré les valeurs patriotiques dans leur sens le plus noble a joué au nom de toute la Tunisie et a fait plaisir à tous les Tunisiens. De plus, je dois renouveler encore une fois ma conviction que ce titre de la coupe de la CAF attend confirmation lors des futures compétitions. En outre, je réitère mon appel incessant à l'adresse de tous les anciens joueurs de l'Etoile afin qu'ils soutiennent leur club chacun à sa façon. On a besoin de tout le monde, et c'est ce qui fait la marque de fabrique des grandes familles.