«On ne change pas pour changer, mais pour s'améliorer», disait Ronald Reagan. Mais où est passé le projet de création du conseil sécuritaire des sages? Dans tout département de l'Intérieur, de par le monde, on ne change jamais une équipe (sécuritaire) qui gagne. Comme en sports on maintient les mêmes acteurs lorsqu'on est installé dans une dynamique de victoire. Les dernières nominations opérées dans nos services de sécurité adhèrent sans doute à cette logique, dans la mesure où les cadres évincés auraient pu mieux faire, et s'en vont ainsi avec un goût d'inachevé. Dans d'autres pays, faut-il le rappeler, c'est parfois (souvent ?) le ministre de l'Intérieur lui-même qui paye les frais d'une purge consécutive à une série de déboires policiers. Najem Gharsalli l'a-t-il donc échappé belle ? Fermons la parenthèse pour dire que les nouveaux venus qui ont bénéficié des dernières nominations n'ont pas mis longtemps pour annoncer la couleur. En effet, dès la prise de leurs fonctions, quelques heures seulement après leur «intronisation» au palais de La Kasbah puis au ministère de l'Intérieur, ils se sont mis au travail, en convoquant une première réunion de connaissance avec les équipes des cadres et fonctionnaires qui vont les accompagner dans leur parcours. Mais les sourires protocolaires du premier contact l'ont vite cédé au ton sérieux, du genre «je suis venu pour travailler», «mettons la main dans la main», «je ne badine pas avec la discipline», «on exige de nous l'obligation de résultat». Bref, tout s'est déroulé, apprend-on, dans la pure tradition des discours secs... de bienvenue à laquelle est habitué le personnel du QG du ministère. De toute façon, le message était clair: le terrorisme, qui est allé jusqu'à frapper à deux pas du bureau de l'homme fort de la boîte, ne tolérera pas le moindre faux pas, et gare à la première distraction. Mais, ironie du sort, Abderrahmane Belhadj Ali et Imed Achour, vieux routiers du département, y reviennent dans une conjoncture qui n'a rien à voir avec celle, parfaitement calme, qui prévalait avant la révolution. En effet, ces deux hauts cadres du ministère n'avaient, dans les années 80 et 90, qu'à gérer de routiniers dossiers d'insécurité (banditisme, trafic de drogue, escroquerie...). Cela est surtout valable pour Imed Achour qui a fait ses preuves dans ce domaine, notamment dans les districts sécuritaires de l'Ariana et Ben Arous, tandis que Abderrahman Belhadj Ali a fait mieux, après avoir été ensuite promu patron de la garde présidentielle, avant d'être, comme on le sait, «puni» par Leïla Ben Ali au temps de la fulgurante émergence du clan Trabelsi. Il va sans dire que les deux hommes, forts d'une longue expérience, vont insuffler un sang nouveau à leurs départements respectifs de la direction de la sûreté nationale et de la direction des services spéciaux. Du neuf, il y en aura sûrement, quand on se rappelle que M. Belhadj Ali et Achour avaient longtemps compté sur des hommes de confiance parmi leurs adjoints et indics qui vont très probablement refaire surface, afin de booster le travail de renseignement qu'on sait capital et vital dans la guerre contre le terrorisme. Viendront, viendront pas ? En revanche, c'est toujours le stand-by pour le projet de création d'un conseil sécuritaire des sages devant être formé des anciens poids lourds du ministère de l'Intérieur aujourd'hui à la retraite. Le retardement de l'officialisation de ce projet est, en tout cas, on ne peut plus bizarre. Et cela pour au moins deux raisons, à savoir : - Primo : le financement dudit projet est loin d'être un investissement ruineux, les sages en question ayant confirmé leur entière disposition à y participer bénévolement et sans aucune condition. – Secundo : en rappelant les vétérans du ministère à la rescousse, ils apporteront, à coup sûr, une contribution inestimable, à la faveur de leur riche expérience et de leur profonde connaissance des rouages de l'appareil sécuritaire du pays. Des noms tels que ceux de Mohamed Ali Ganzouï, Ali Seriati, Fraj Gdoura, Béchir Sfar, Jalel Boudriga et autres Touiri et Belhadj Fredj pourraient, par leurs conseils précieux, conférer un plus certain à la gestion de la guerre contre l'hydre terroriste. En Occident et particulièrement aux Etats-Unis, on a eu recours aux vétérans de la sécurité et, pour un coup d'essai ce fut un coup de maître. Pourquoi pas en Tunisie ?