Par Amor NEKHILI L'incendie criminel perpétré par des colons israéliens, survenu le 31 juillet dernier dans le village de Duma, près de Naplouse, avait suscité l'émoi et la condamnation de la communauté internationale. Cette attaque avait causé la mort d'un couple palestinien, Reham et Sa'ad Dawabsha, et de leur fils Ali, âgé d'à peine 18 mois. Le second fils du couple, Ahmed, âgé de quatre ans, avait été blessé et est toujours hospitalisé. La tragédie de la famille Dawabsha est l'exemple horrible de la nature destructrice des extrémistes israéliens. Plus de quatre mois après les faits, les autorités israéliennes disent qu'elles ne disposent pas de preuves suffisantes pour inculper les colons juifs qui ont lancé la bombe incendiaire. Mais par-delà cette tragédie, se pose la question de la protection des civils dans les zones de conflit. La protection des populations, consacrée par l'ensemble des principaux codes moraux, religieux et juridiques, n'est pas propre à une culture ou à une tradition particulière, affirme un rapport de l'ONU, qui précise qu'elle est un impératif humain, politique et juridique qui reconnaît la dignité et la valeur inhérentes à chaque être humain. Soixante-sept ans plus tard, les civils palestiniens continuent à payer un lourd tribut. Certaines victimes se trouvent simplement au mauvais endroit au mauvais moment, d'autres sont délibérément ciblées, les attaques contre des civils étant souvent utilisées comme arme de guerre. Dans l'ensemble des zones des territoires occupés de Palestine, les personnes, les familles vivent dans la menace constante d'être attaquées dans leurs maisons, lorsqu'elles se déplacent pour travailler, aller à l'école ou au marché, risquent d'être tuées, d'être victimes de meurtres, de violences, d'enlèvements, de harcèlements et de discrimination ou privées tout simplement de leurs maisons ou de leur terre. S'en prendre aux civils, c'est fouler aux pieds les principes fondamentaux du droit international, s'insurgent les fonctionnaires de l'ONU sur place. Dans une note du Président, les membres du Conseil de sécurité se disaient gravement préoccupés par le fait que la situation dans les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967, y compris Jérusalem, ne cessait de se détériorer, et plus particulièrement par la gravité de la situation actuelle résultant de l'interdiction d'accéder à certains secteurs et de l'augmentation subséquente du nombre de blessés et de morts. Ils estimaient que la situation dans les territoires occupés portait gravement atteinte aux efforts de paix. Depuis des décennies, le Conseil de sécurité avait adopté de nombreuses déclarations présidentielles. Un certain nombre de mesures dont le Conseil avait pris l'initiative pour assurer la protection et la sécurité des Palestiniens, conformément à la quatrième Convention de Genève, n'ont pas été adoptées faute d'accord entre les membres permanents. Néanmoins, nous sommes aujourd'hui les témoins d'une triste situation qui fait qu'un nombre croissant de civils palestiniens sont victimes de crimes qui restent impunis. Sachant qu'Israël a clairement renoncé à son obligation en tant que puissance occupante d'assurer la sécurité et le bien -être de la population civile qui vit sous son occupation, la communauté internationale a le devoir de garantir la protection des civils dans les territoires palestiniens, et ce au regard des conventions de Genève, l'un des 14 traités internationaux auxquels l'Autorité palestinienne a adhéré en 2014 en vertu du statut d'«Etat non membre» que l'Assemblée générale de l'ONU lui a reconnu en 2012. En octobre dernier, l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, a plaidé devant le Conseil de sécurité que la question de la protection était devenue «plus urgente que jamais auparavant» à cause de ce qu'il appelle l'agression israélienne «contre notre peuple palestinien sans défense». Il a réclamé par ailleurs au Conseil d'appliquer une résolution adoptée en 1994 après qu'un colon juif eut tué 29 musulmans à Hébron. La résolution demande à Israël de «garantir la sécurité et la protection des civils palestiniens à travers les territoires occupés», notamment par «une présence internationale ou étrangère» et par le désarmement des colons. Lesquelles demandes sont restées lettre morte jusqu'à ce jour.